Nous ne disposons que de peu de discours entièrement consacrés à la paysanneries, et celui-ci acquiert immédiatement une importance particulière.
Ce discours a été retrouvé aux archives nationales du Burkina à Ouagadougou. A part une indication très imprécise de la date, octobre 1986, aucune indication ne nous permet de savoir à quelle occasion ce discours a été prononcé. Le document comprend quelques rares corrections manuscrites dont quelques sous-titres entièrement réécrits.
L’importance de discours tient à l’analyse de la situation sociale de la paysannerie, ses évolutions au cours de l’histoire, ses formes d’exploitations. Puis après avoir dressé un état des lieux, le président fixe les objectifs pour une “révolutionnarisation” du mode de vie des paysans, par la changement de mentalité et pour l’amélioration des techniques de production.
Aucun discours de Thomas Sankara, à part celui-ci, parmi ceux que nous avons retrouvés, ne vas aussi loin dans sa refléxion politique sur la paysannerie. Celui-ci est sans doute le fruit d’une réflexion en vue de la création de l’Union Nationale des Paysans n’interviendra qu’à la fin du premier semestre 1987, et un symposium sur la paysannerie se tiendra du 28 avril au 2 mai 1987.
Les organisations soupçonnent alors les dirigeants révolutionnaires d’avoir choisi ces dates qui englobent la date traditionnelle du 1er, jour de la fête du travail, pour perturber leur réunion.
La retranscription a été réalisée Guillaume Launay.
La rédaction
DISCOURS SUR LA PAYSANNERIE PRONONCE PAR LE CAMARADE PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉVOLUTION, PRÉSIDENT DU FASO, CHEF DU GOUVERNEMENT.
Octobre 1986
Peuple du Burkina Faso,
Camarades militantes et militants de la révolution Démocratique et Populaire,
Depuis la nuit, devenue désormais historique du 4 Août, le Conseil National de la Révolution s’est fixé pour objectif, d’édifier au Burkina Faso, une société nouvelle, libre indépendante et prospère, une société débarrassée de la domination de l’exploitation séculaire de l’impérialisme international.
Dans le cadre de cette option le Conseil National de la Révolution a retenu, comme seule alternative devant permettre la réalisation rapide de cet objectif (…), la révolutionnarisation de tous les secteurs de la vie de la nation entière.
Dès lors, les différentes transformations qualitatives opérées dans les domaines politique, économique, social, administratif, militaire, ont permis à notre peuple de remporter d’importantes victoires, confirment ainsi la pertinence de notre analyse et la justesse de notre vision politique.
Il me plait alors de saluer ici , Camarade militantes et militants de la Révolution Démocratique et Populaire l’esprit d’abnégation et de sacrifices, d’engagement et de détermination individuel et collectif dont chacun de nous fait montré tout au long de ces trois dernières années de révolution pour remporter ces victoires éclatantes.
Les réels motifs de satisfaction existent vraiment, après seulement trois ans de lutte révolutionnaire.
Cependant, les sentiments légitimes de fierté et de satisfaction qui animent tout un chacun actuellement devant 1e travail appréciable déjà abattu, ne devraient pas nous faire perdre de vue, l’immensité des tâches qui nous attendent encore dans cette œuvre d’édification de la société nouvelle burkinabè.
C’est pourquoi, je te convie à nouveau, peuple militant du Burkina Faso, à engager et poursuivre une folie de plus avec moi, un nouveau combat, une réflexion commune et profonde autour de la question Paysanne qui constitue, à l’étape actuelle de notre lutte, une préoccupation majeure du Conseil National de la Révolution.
La paysannerie burkinabè représente plus de 90% de la population total du pays. Bien que composante majoritaire de notre peuple, et source des richesses nationales par son courage et son ardeur au travail, la paysannerie a pourtant été laissée pour compte, exploitée, et tenue à 1′ écart des bienfaits de 1a modernisation et du progrès technique et social.
Ces “damnés de la terre”, les paysans, ont toujours fait 1’objet d’exploitation et de domination, opérés tour à tour par des forces exploiteuses aussi bien au niveau intérieur qu’extérieur : Les structures traditionnelles de type féodal, les régimes coloniaux et néocoloniaux qui se sont succédé dans notre pays durant 23 années, les commerçante les intellectuels malhonnêtes et cupides, les forces religieuses etc…
Pour se convaincre de la situation de désolation de domination et d’exploitation dans laquelle la paysannerie burkinabè a toujours vécu, je vous invite, avec moi à jeter un regard rétrospectif sur cette situation. Cette analyse rétrospective devra susciter, en chacun de nous, une prise de conscience plus aigüe du sort fort peu enviable du paysan burkinabé et nous inciter à chercher les voies et moyens pour bâtir une véritable stratégie en vue, d’une transformation révolutionnaire profonde et radicale du mode de vie de nos paysans.
QUELLE EST LA SITUATION ACTUELLE DE LA PAYSANNERIE BURKINABÈ ?
Le bas niveau technique, des paysans l’inexistence d’une unité socio-politique et idéologique au sein de la paysannerie, l’analphabétisme, 1’absence d’organisation capable de promouvoir une productivité continue, constituent les constantes dominantes de la situation paysanne actuelle au Burkina Faso. Cette situation, qui se traduit en termes d’arriération technique, économique, politique et culturelle de domination et d’exploitation, résulte de la conjonction de plusieurs forces exploiteuses nationales et étrangères.
RESPONSABILITÉ HISTORIQUE DES STRUCTURES TRADITIONNELLES DE TYPE FÉODAL DANS LA SOUMISSION ET L’EXPLOITATION DE LA PAYSANNERIE
L’organisation sociale, économique et culturelle de la société traditionnelle fait de la paysannerie une couche sociale inférieure, handicapé par de multiples entraves sociales et sociologiques qui favorisent l’exploitation de la force de travail du paysan et suppriment en lui toute ambition ou possibilité de progrès et d’épanouissement réel.
– Sur le plan social et sociologique, le poids des traditions et 1e système de castes avec ses nombreux interdits et tabous, reproduisent, à travers les âges, le même type d’homme sans perfectionnement aucun.
– Sur le plan technique il en résulte une arriération permanente du niveau et du degré d’évolution technologique des paysans. Les méthodes et moyens de production n’ont subi aucune transformation notable au cours du temps et demeurent jusque-là archaïques.
– Au plan économique, l’accaparement des terres riches du terroir villageois, par les forces féodales et quelques familles, grands propriétaires terriens, ne laisse, à la grande majorité des paysans que la possibilité d’exploiter des propriétés individuelles et parcellaires qui perpétuent la paupérisation de la paysannerie et instituent par voie de conséquence, une économie nationale de subsistance.
– Sur le plan politique, 1’oppression sociale exercée par les structures traditionnelles de type féodal, établit et entretient des rapports de maître/esclave entre les forces féodales et la paysannerie.
L’absence d’un niveau élevé de conscience politique et idéologique, 1’analphabétisme chronique et généralisé pèsent alors lourdement dans tout le mode de vie des paysans, expliquent et consolident 1a domination séculaire de la paysannerie par les forces féodales. Face à l’ensemble des contraintes sociales, politiques et économiques de domination imposent les forces sociales réactionnaires, la paysannerie a su développer une certaine forme de libération dans l’organisation de ses activités de production et de ses rapports d’échanges.
Ainsi, l’esprit communautaire, le travail collectif, 1’entre-aide, la solidarité de classe, les échanges économiques non monétarisés se développent et constituent autant de valeurs sociales, économiques, politique et culturelles qui sont de nos jours foulées aux pieds et perdent toute considération sous les influences conjuguées de la colonisation et de la néo colonisation.
RÔLE DE LA COLONISATION ET DES RÉGIMES NÉOCOLONIAUX DANS L’INTENSIFICATION DE LA DOMINATION DE L’EXPLOITATION ET DE LA SPOLIATION DE LA PAYSANNERIE
La période coloniale, a été pour nos paysans, faut-il le rappeler, une période traumatisante à plus d’un titre.
Elle a été marquée par la désorganisation des structures sociales paysannes, la désagrégation de leur mode de vie et des modes de production, la destruction de leur système économique et de leur système de valeur.
L’exploitation de 1a force de travail de l’homme par 1’homme connaît une phase accrue, jamais égalée. C’est encore le paysan qui a payé le plus lourd tribut au fait colonial.
La pratique des travaux forcés rend le paysan taillable et corvéable à merci, à qui il ne reste plus que le seul souci de s’affranchir de cet odieux système de spoliation.
Le courage et 1’ardeur au travail légendaires de nos paysans sont mis à profit par le colon et des millions de bras valides sont exportés de nos campagnes vers les grandes plantations agro-industrielles des métropoles et des pays côtiers.
Le développement des cultures de rente et des monopoles impérialistes, l’imposition des faibles prix d’achat aux paysans parachèvent la domination et 1’exploitation coloniales de la paysannerie. L’échelle des valeurs du paysan se trouve renversée. Il est réduit à adopter tant bien que mal celle de ses maîtres impérialistes et renie à sa propre culture.
Dans les faits, la paysannerie reste marginalisée :
Les techniques de production demeurent archaïques ; seulement 8 à 9% des exploitations agricoles sont aujourd’hui équipées en traction animale pour une culture attelée introduite dans notre pays depuis les années 1950.
L’obscurantisme et l’analphabétisme atteignent des proportions sans bornes, hypothéquant ainsi tout progrès et toute innovation en milieu rural. Là encore, se sont eux, les paysans qui sont les plus frappés.
Dans les campagnes, l’organisation de la paysannerie, sa formation technique, politique et idéologique pour permettre une libération réelle des énergies en vue de promouvoir un développement participatif véritable, font cruellement défaut.
Le déficit alimentaire, de conjoncturel, devient rapidement structurel et chronique, éloignant ainsi le pays de 1’objectif d’autosuffisance alimentaire.
Les couches paysannes se trouvent alors exposées aux offres des famines successives.
L’aide alimentaire, cet autre outil d’ingérence et de domination de 1’impérialisme est i.e. en place et utilisé à des fins politiques et idéologiques. Elle trouve un terrain de prédilection dans
Notre pays pour développer au sein de la paysannerie une mentalité d’assisté et empêcher l’auto-organisation et la prise en charge par les paysans de leur développement.
L’ÈRE NÉOCOLONIAL ET L’AGGRAVATION DU SORT DU PAYSAN
L’ère néocoloniale n’apportera guère une amélioration quelconque aux conditions de vie de nos laborieux paysans.
Elle contribua plutôt à l’aggravation du sort du paysan avec l’apparition des nouvelles classes exploiteuses que constituent les gouvernements néocoloniaux successifs, les nouveaux riches des villes (commerçants et intellectuels petit bourgeois) et les forces religieuses réactionnaires.
RAPPORT ENTRE L’ADMINISTRATION NÉOCOLONIALE ET LA PAYSANNERIE
Les gouvernements néocoloniaux qui se sont succédé à la tête du pays durant 23 années portent devant l’histoire, une 1ourde responsabilité face à l’exploitation et à 1’aggravation du sort des paysans. Plutôt que s’attaquer aux problèmes fondamentaux des masses paysannes qui sont : 1’inorganisation, 1’éveil des consciences politique et idéologique, 1’analphabétisme, et le retard technologique, ces gouvernements de démissions ont tenu la paysannerie dans une situation de réservoir à partir duquel ils se livraient à des surenchères électoralistes et ne se souciaient guère de 1’évolution du sort du paysan et de sa libération véritable.
L’analphabétisme absolu au sein de la paysannerie ne lui permet pas d’accéder aux formes supérieures d’organisation de se forme de production ou de libérer réellement toute ses forces créatrices. Elle est également tenue dans une myopie politique qui ne lui permet pas de participer activement à 1a direction des affaires du pays.
Celles-ci restent alors l’affaire d’une poignée d’individus.
RAPPORTS COMMERÇANTS PAYSANNERIE
La paysannerie a toujours représenté, pour les commerçants cupides et véreux 1a poule aux œufs d’or d’où ils tirent impunément et sans vergogne tous les profits inimaginables.
Ils n’hésitent cependant pas un instant à l’affamer, en retirant de la circulation aux périodes de crise, les vivres à des fins de spéculation.
RAPPORT ENTRE PAYSANS, INTELLECTUELS ET FORCES RELIGIEUSES
Les intellectuels petits bourgeois en général et les fonctionnaires de nos campagnes en particulier ont toujours affiché une attitude de dédain vis à vis de la paysannerie, à qui ils doivent cependant respect reconnaissance et dévouement. L’ignorance et l’analphabétisme des paysans sont mis à profit par ces « marchands du savoir » pour accentuer les disparités sociales, 1’accumulation de profits sur le dos du paysan, la corruption et les détournements divers. Pour accroître leur prestige social et assouvir leurs instincts féodaux, ces intellectuels malhonnêtes s’attribuent de grandes propriétés agricoles qu’ils exploitent d’ailleurs en appoint et dans lesquelles la force de travail du paysan est abusivement utilisée.
Les forces religieuses ne sont pas en reste dans le processus de la domination, de l’exploitation et de la spoliation du paysan burkinabè. Elles ont savamment utilisé l’obscurantisme et 1a crédulité des paysans pour endormir les consciences et préparer les esprits à la résignation et au fatalisme.
Tout sentiment de révolte contre un ordre établi même émaillé d’injustices sociale est perçu comme un crime de lèse-majesté. Profitant alors d’un tel état d’esprit, les diverses forces sociales rétrogrades et exploiteuses n’ont pas hésité à utiliser souvent les moyens d’influence des religions au détriment des intérêts de la société en générale et de la paysannerie en particulier.
Durant toute la période néocoloniale, la paysannerie assiste, impuissante, à de grands bouleversements socio-économiques et culturels de ses conditions de vie :
Le processus de monétarisation de nos économies traditionnelles s’accélère. Les rapports marchands se développent, dissolvent de plus en plus les lieux communautaires de 1a société traditionnelle et instaurent à leur place la propriété privée des moyens de production.
L’esprit petit bourgeois, gagne petit à petit le paysan qui aspire désormais à 1a propriété individuelle, oubliant ainsi les grandes vertus du travail collectif et du mouvement coopératif.
La politique économique de façon générale et agricole de façon spécifique, reste extravertie. Il ne pouvait en être autrement car elle se trouve confiée à des sociétés d’intervention de l’ancienne puissance coloniale : CFDT, BDPA, SATEC,… qui n’avaient pour seul souci que l’exploitation à outrance de 1a force de travail du paysan et de nos ressources naturelles à des fins d’accumulation de profits égoïstes.
Le développement des cultures pluviales reste très limité : seul le coton fait 1’objet de soins attentifs et de progrès constants.
La promotion des cultures irriguées, seules capables d’assurer une sécurité alimentaire à nos masses populaires demeure timide : à peine 6% du potentiel existant sur le territoire national sont aujourd’hui exploités.
Telle se présente aujourd’hui de la manière la plus succincte la situation de la paysannerie burkinabè. Traumatisée, bafouée et spoliée dans sa dignité d’homme, dominée et exploitée par divers forces sociales réactionnaires et exploiteuses de l’intérieur et de 1’extérieur, la paysannerie reste :
– inorganisée pour exécuter avec satisfaction ses tâches de production de richesses nationales et pour jouer pleinement son rôle d’opérateur économique puissant, capable de s’opposer aux diverses formes de domination et d’exploitation dont elle fait l’objet.
– analphabète et incapable, par voie de conséquence, à libérer toutes ses forces créatrices.
– non préparée politiquement et idéologiquement pour prendre une part active dans 1a direction et la gestion des affaires du pays, malgré sa majorité numérique écrasante.
La paysannerie constitue, en résumé un poids mort en marge des transformations révolutionnaires en cours depuis le 4 Août 1983 au BURKINA FAS0.
Face à une telle situation, que faire ?
C’est là une question de responsabilité historique qui existe du Conseil National de la Révolution une réponse sans équivoque aucune, si nous voulons que la Révolution Démocratique et Populaire continue à remporter de plus grandes et de plus éclatantes victoires dans la construction de la société nouvelle burkinabè.
III – LES OBJECTIFS DE LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE, POUR LA TRANSFORMATION RADICALE DE LA PAYSANNERIE
– donner une impulsion nouvelle à la paysannerie en procédant à la révolutionnarisation de tout son mode de vie.
– imprimer un caractère organisé, planifié et dûment orienté de 1’ensemble des activités paysannes à l’appui des programmes et objectifs de lutte pour le triomphe de la Révolution Démocratique et Populaire.
Deux objectifs majeurs sont à atteindre dans le cadre de ces transformations :
Faire un paysan un agent économique puissant par l’élévation de 1’efficacité de la production, la stimulation de la croissance continue de la productivité du travail, 1’amélioration du pouvoir d’achat et de la qualité de son alimentation quotidienne en vue d’accélérer le développement économique, social et culturel du pays.
Dans le cadre de cet objectif primordial, plusieurs domaines d’activités du paysan ainsi que son mode de vie devront prendre les orientations suivantes :
Dans le domaine de la transformation des systèmes et méthodes de production du paysan : la Révolution Démocratique et Populaire se fixe pour objectif de faire du paysan un (bon) producteur organisé, techniquement préparé et en un consommateur avisé. A cet effet, la liquidation totale de l’analphabétisme devra permettre un saut qualitatif de la paysannerie dans une ère technologique avancée.
Une signification particulière sera également donnée au travail coopératif. Les fermes coopératives connaîtront un développement et une extension à l’ensemble du pays. Le développement de 1’économie coopérative dans le domaine agricole devra permettre la diminution graduelle de la différence de niveau de la campagne et des villes.
Avec la mise en œuvre et l’encouragement continu de la politique agricole de coopérativisation, le travail agricole deviendra une forme de travail industriel capable d’assurer un accroissement rapide de la production nationale.
En vue de 1a revalorisation du travail manuel, il sera recherché une association de plus en plus étroite du travail intellectuel et du travail manuel.
Dans le domaine du changement radical du mode de vie du paysan : garantir au paysan, un niveau qualitativement nouveau de bienêtre économique, social et culturel. Améliorer le pouvoir d’achat du paysan en vue de lui faciliter 1’accès aux biens de consommation de la société moderne en lui assurant 1’enlèvement régulier et à des prix rémunérateur de 1’ensemble de ses productions. Déployer des efforts constants visant la transformation qualitative des habitudes alimentaires et vestimentaires du paysan. A ce titre, 1a politique de consommer burkinabé sera résolument engagée et poursuivie.
En tout état de cause, l’amélioration de la qualité de vie du paysan se fera grâce à son effort personnel dans le cadre d’une politique de développement réellement participatif.
Dans le domaine culturel : il s’agira de redonner confiance au paysan que son patrimoine culturel est une source inépuisable de richesses culturelles qu’il convient d’exploiter.
L’ensemble des valeurs culturelles de chaque terroir devront faire l’objet d’inventaire, de recherche et d’initiation active des masses paysannes à la création artistique afin que la culture burkinabé puisse s’exprimer dans un cadre multi-ethnique et réellement populaire.
Dans le cadre de la révolutionnarisation de la classe paysanne, la Révolution Démocratique Populaire fixe pour autre objectif majeur de faire de la paysannerie une force politique apte à soutenir les transformations révolutionnaires en cours.
Il s’agira de créer, sur le plan national, une unité socio-politique et idéologique au sein de la paysannerie, capable de faire d’elle une force avec laquelle il faut désormais compter pour la mise en œuvre des activités édificatrices de la société nouvelle. L’intensification des programmes de formation politique idéologique et technique aboutira à l’éveil et à l’élévation constante du niveau des consciences paysannes, il faut développer par ailleurs les compétences d’autogestion des paysans en vue de les permettre de prendre une part de plus en plus active la gestion des affaires de 1’Etat et de la société, à la mise en place démocratique des structures et organes dirigeants de 1’exécutif révolutionnaire au Burkina Faso.
La réalisation complète ces deux objectifs fondamentaux de la transformation qualitative à opérer dans 1a classe paysanne requiert la mise en œuvre d’une stratégie nationale adéquate tenant compte de notre option politique.
IV – OBJECTIFS STRATÉGIQUE POUR LA TRANSFORMATION RÉVOLUTIONNAIRE DE LA PAYSANNERIE
Les objectifs stratégiques de mise en œuvre de notre politique de révolutionnarisation de la paysannerie, viseront essentiellement à la transformation de la mentalité de paysan et de son mode de vie. Pour se faire l’approche stratégique se déroulera en trois étapes :
Une première étape d’information, de sensibilisation de propagande et d’agitation politique visera à conscientiser les couches paysannes sur les problèmes relatifs
– à leur situation d’exploité et à la nécessité de s’organiser pour s’affranchir
– à l’absence en leur sein d’une unité sociopolitique et idéologique apte à soutenir les transformations révolutionnaires en cours
– à l’arriération technique, économique et culturelle de la campagne au respect profond pour le travail consciencieux tant manuel qu’intellectuel.
– à la supériorité du travail collectif et l’importance des coopératives dans l’accroissement de la production agricole.
Cette première étape visera également à mobiliser les paysans autour de mots d’ordre précis, aptes à susciter 1’intérêt et à répondre à un besoin ressenti par les paysans.
Une deuxième étape d’organisation visera à promouvoir et à identifier la coopérativisation dans tous les secteurs d’activités : coopératives de production, de consommation, de services de distribution et d’approvisionnement, de transformation…
Cette étape serait en fait combinée en partie à la première et comporterait trois phases : une phase un expérimentale, une phase de généralisation et une phase d’achèvement.
Une troisième étape d’éducation et de formation permanentes des paysans visera à élever constamment les niveaux de formation politique, idéologique et technique des paysans par la liquidation totale de 1’analphabétisme.
La réalisation de ces trois étapes se ferait selon les méthodes et principes suivants :
– utilisation de toutes les structures politiques, administratives et technique de l’État.
– recours à l’ensemble des compétences et ressources humaines disponibles : compétences au niveau des structures dirigeantes de 1’Exécutif révolutionnaire, compétences au niveau de 1’administration, compétences scolaires et universitaires….
– développement des méthodes d’approche participatives qui éduquent le peuple et suscitent son intérêt à participer à la vie du collectif et celle de tout le pays.
Tels sont les objectifs majeurs de la Révolution Démocratique et Populaire dans le cadre de la révolutionnarisation de la paysannerie burkinabé et la stratégie à développer pour la réalisation de ces objectifs. Je lance un appel aux paysans, aux fonctionnaires, aux intellectuels, aux élèves et étudiants, aux commerçants, aux travailleurs de nos villes et de nos campagnes à apporter énergiquement un soutien concret à l’œuvre historique de construction de la nouvelle société burkinabé.
Je suis convaincu que, grâce à la mobilisation, à l’engagement et à la détermination du peuple burkinabé, les tâches assignées seront accomplies et les objectifs atteints.
Pour une alliance indestructible de la paysannerie, de la classe ouvrière et de l’Intelligentsia au Burkina Faso, en avant !
LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS !