Grève des 8 et 9 avril 2008 contre la vie chère, revue de presse
La grève des 8 et 9 avril appelée par l’ensemble des centrales syndicales semble avoir été massivement suivie. Nous vous livrons ci-dessous une sélection de quelques articles pris dans les 3 quotidiens burkinabés. Nous avons tenu à vous informer aussi à extraire des articles rendant compte de ce qui s’est passé en province
Les animateurs du site
Le Pays (Ouagadougou) 9 Avril 2008
Publié sur le web le 8 Avril 2008 http://www.lepays.bf/quotidien/barometre2.php?codeart=15527&numj=4092
Dabadi Zoumbara
Les travailleurs des secteurs public et privé du Boulkiemdé ont répondu massivement au mot d’ordre de grève des 8 et 9 avril 2008 lancé par les centrales syndicales et syndicats autonomes du Burkina.
C’est au tour de 8 h, le mardi 8 avril 2008, que les travailleurs des différents secteurs se sont retrouvés dans l’enceinte du Théâtre populaire de Koudougou pour exiger du gouvernement des mesures permettant de faire face à la vie chère. Cette première journée a été marquée par une communication portant sur la vie chère. Elle a été livrée par Banoh Bako, militant de la CGTB. Il avait à ses côtés le secrétaire général de la CGTB, Yacouba Ouédraogo, un militant de base de la CNTB, Mahamadi Ouédraogo, et Justin Zongo, militant de FO-UNSL. Le communicateur s’est d’abord appesanti sur la pauvreté qu’il a qualifiée de sévère au pays des hommes intègres parce que l’éducation, le logement, etc, ne sont pas garantis. Pour lui, la cherté de la vie a pris, ces derniers temps, des proportions si inquiétantes que les fonctionnaires n’arrivent plus à s’en sortir.
Depuis longtemps, les salaires n’ont connu qu’une augmentation de 4% alors que le coût de la vie a augmenté de 21%, ce qui ne permet ni aux travailleurs ni à la masse de pouvoir répondre aux besoins , a-t-il dit. Cette situation a entraîné des conséquences que sont, entre autres, l’exclusion de certaines catégories de personnes parce qu’elles ne participent plus à l’édification de l’économie nationale, l’endettement des citoyens, l’érosion de la qualité de la vie. Les citoyens n’arrivent plus à consommer des aliments de maintien de qualité, n’arrivent plus à faire leurs bilans périodiques de santé parce que cela coûte cher, a t-il ajouté. Face à la vie chère, les gens exigent donc de rester en vie, a-t-il assené.
Selon le communicateur, les manifestations contre la vie chère sont tantôt violentes à cause de la répression des forces de l’ordre qui empêchent les citoyens d’exprimer leur mécontentement face à la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité qui, a-t-il soutenu, donne des vertiges. Le relèvement des salaires à 25% n’est pas une augmentation, de l’avis du militant de la CGTB, mais plutôt une mise à niveau des salaires qui devrait se faire en fonction de l’évolution du coût de la vie. "Si les mesures prises par le gouvernement n’ont pas fait baisser les prix, c’est qu’elles ne sont pas appropriées; c’est pourquoi nous demandons une augmentation des salaires", a martelé M. Bako.
La valorisation des revenus, a-t-il ajouté, est la seule façon de faire des travailleurs des consommateurs. Et de poursuivre que le développement consistait à élargir l’éventail des choix ; ce qui n’est pas le cas pour les fonctionnaires dans ce contexte de vie chère. Il a aussi souligné l’inexistence de magasins témoins à Koudougou qui devraient permettre aux consommateurs de s’imprégner des prix réels des produits. Concernant le refus du gouvernement de baisser la TVA sous prétexte que cela relève de l’UEMOA, le syndicaliste a déclaré que l’Etat devait revoir sa réponse car la Côte d’Ivoire, pays voisin et membre de l’UEMOA, vient de baisser sa TVA à 9% sans perdre sa qualité de membre. On peut faire face à la vie chère, il suffit d’axer notre politique sur les besoins réels des populations", a-t-il conclu.
Les autres interventions ont été des contributions. L’un des intervenants a souhaité qu’on mette les organes de presse à contribution pour réussir la lutte contre la vie chère. Avant de se quitter, rendez- vous a été pris pour le lendemain 9 avril à 8h. Au programme du 2e jour, une communication sur les APE qui sera livrée par le père Jacques Lacour.
Burkina Faso: A Ouaga : Même les patients à Yalgado sont en grève
Publié sur le web le 9 Avril 2008 http://www.lobservateur.bf/spip.php?article7952
Alima Koanda (stagiaire)
Après l’échec des négociations entre syndicats et gouvernement, le mot d’ordre de grève lancé pour les 8 et 9 avril 2008 sur l’ensemble du territoire national a été maintenu. Depuis hier donc, l’arrêt de travail de 48 heures est en marche. En attendant les chiffres sur la participation, que les deux (2) parties livreront, nous avons fait le tour de la ville de Ouagadougou pour constater l’impact de ce mouvement social. Des établissements financiers à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo en passant par le lycée Philippe-Zinda- Kaboré et le marché Sankariaré … on peut dire que la grève est suivie dans une certaine mesure par les travailleurs mais non par les commerçants, qui, aux premières heures de la journée, ont baissé leurs rideaux, sans doute par mesure de prudence avant d’exercer librement leur métier.
14 mars 2008 . Les centrales syndicales et les syndicats autonomes signent un préavis de grève, prévue du 8 au 9 avril, pour exiger du gouvernement l’examen et la satisfaction de leur plate-forme revendicative, comprenant les six points suivants :
– augmentation des salaires ;
– réduction significative et effective des prix ;
– réduction des taxes et suppression de la TVA sur les prêts bancaires ;
– relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL respectivement à 10 m3 et à 75 kwh ;
– application immédiate des points d’accord issus des négociations de novembre 2007 ;
– examen diligent de la plate-forme d’action de la Coalition contre la vie chère.
4 avril. Trois membres du gouvernement, les ministres Jérôme Bougouma du Travail, Mamadou Sanou du Commerce, et Abdoul Kader Cissé de l’Energie, rencontrent les responsables des organisations syndicales pour leur livrer les réponses de l’Exécutif à leurs revendications. A l’issue de la rencontre, la date du 7 avril a été retenue pour un autre face-à-face.
Mais séance tenante, les organisations syndicales ont jugé que le gouvernement n’a pas répondu favorablement à leurs doléances : "Mis à part le relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL, qui satisfait en partie notre revendication, et la promesse d’examiner favorablement la suppression de la TVA sur les prêts bancaires, les points n’ont pas reçu de réponses satisfaisantes", pouvait-on lire dans le communiqué de presse des syndicats.
Les pourparlers ayant échoué
Lundi 7 avril, soit la veille de la grève annoncée, le gouvernement organise un point de presse pour s’expliquer davantage sur les réponses apportées à la plate-forme. Les pourparlers ayant échoué, les 8 et 9 avril ont été maintenus comme jours de grève au Burkina. Hier dans la matinée, la circulation était comme d’ordinaire dans les quartiers périphériques. Mais au fur et à mesure que l’on s’approchait du centre-ville, l’ambiance n’était pas celle de tous les jours.
Les policiers municipaux, qui veillent habituellement au respect des feux tricolores, étaient absents. Les hommes de tenue qui étaient en ville sont des élèves-policiers, postés par mesure de sécurité dans des endroits stratégiques. Au grand marché, beaucoup de commerces étaient fermés sans doute par mesure de précaution, car on a encore en mémoire la journée ville morte du 28 février 2008, qui s’est transformée en affrontements entre forces de l’ordre et manifestants contre la vie chère, en destructions de biens publics et privés.
La BICIA-B a préféré baisser ses grilles sous la surveillance des vigiles. La Banque commerciale du Burkina (BCB), elle, à 10 heures, avait tous ses guichets ouverts. Le Directeur des Ressources humaines étant en mission, c’est le chef du service des ressources humaines, Abdoulaye Tao, qui nous déclare que tout fonctionne bien et qu’il est en train de faire le point de la situation dans les autres agences. Le délégué du personnel, Noufou Ouédraogo, s’est refusé, lui, à tout commentaire. La raison à cela, nous a confié un employé de l’institution, son mandat est arrivé à expiration et il y a un vide juridique. Il n’y a donc pas de structure syndical bien organisée, au dire de ce dernier, ce qui fait que chacun est à son poste.
A la Société générale de banques du Burkina (SGBB) régnait un calme plat. Le parking à motos était presque désert. Les petits vendeurs qui exercent aux alentours devisaient tranquillement. Les affaires ne semblaient pas marcher ce jour.
Burkina Faso: A Ouaga : Même les patients à Yalgado sont en grève
A l’intérieur de l’établissement, les guichets étaient ouverts. Mais les clients ne s’y bousculaient pas à notre passage. Nous cherchons à entrer en contact avec le délégué du personnel. Sur l’escalier qui mène à son bureau, un agent nous dit qu’il est absent et nous suggère de voir un certain Alain Sanogo.
Dix minutes d’attente. Celui-ci sort enfin pour dire qu’il n’est pas disponible s’il s’agit d’échanger sur le mouvement de grève. Le Directeur des ressources humaines non plus n’est pas accessible. Au téléphone, une dame nous indique qu’il est en réunion avec le directeur général. Passons. A la BACB, l’ambiance était également morose quoique ce soit aux environs de "12 heures", heure de descente, que nous y étions de passage.
Aucun cours au Zinda
Au lycée Philippe-Zinda-Kaboré (le plus grand de la ville et même du pays), dans la salle des professeurs, aucune âme qui vive. Seuls quelques élèves en classe d’examen s’exercent devant les tableaux. A l’administration, les deux censeurs, Franck Bonané et Abdoulaye Ky, font remarquer que les élèves sont venus pensent qu’il y aurait cours, contrairement aux professeurs, dont quelques-uns se sont présentés sur un effectif de 205.
"Des classes d’examens avaient des devoirs, mais face à la menace des autres élèves de les déloger, nous avons préféré les libérer pour parer à toute éventualité", a indiqué le dernier cité avant de confesser son impuissance. "L’Administration a tout fait pour que les cours se tiennent, mais à l’impossible nul n’est tenu". Au temple du savoir, à l’université de Ouagadougou, le mouvement était de toute évidence suivi.
"Les malades sont en grève"
Il est 11 h à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. Dans le premier service qui nous accueille, les urgences traumatologiques, la grève est suivie à 100%, selon le coordonnateur de l’unité de soins, Sana Compaoré. 9 inscrits sur titre y ont été réquisitionnés. La seule consolation pour ce responsable, c’est que, selon lui, il n’y a pas d’affluence contrairement aux jours précédents.
Comme si, conscients qu’il n’y aurait pas de praticiens pour soulager leurs maux, les patients hésitaient à venir à l’hôpital. En tout cas, c’est ce même constat que nous avons fait aux urgences médicales : "De 8 heures à 11 heures, nous n’avons reçu que 2 nouveaux malades alors que d’habitude on en reçoit au moins une vingtaine", fait remarquer Mariam Sanou, faisant fonction d’interne avant d’ironiser. "Ici, même les malades sont en grève". Selon la directrice de l’hôpital, Christine Naré, l’armée et les inscrits sur titre ont été mis à contribution pour faire face à la situation.
Quant aux commerçants, par mesure de précaution, ils ont gardé leurs boutiques fermées dans les premières heures de la journée avant de les ouvrir, parfois timidement, même si de grands commerces à l’image de Marina Market sont restés fermés du matin au soir.
"Si c’est une marche, nous fermons"
Vers 12 heures, le marché Sankariaré grouillait de monde au grand bonheur du régisseur Binta Sawadogo, qui s’est empressée de nous dire : "Le marché ouvert à 7 heures. Après quelque temps d’hésitation, les commerçants ont ouvert leurs boutiques et tout fonctionne bien depuis 9 h 30 comme vous le constatez vous-même". Le vendeur de mangues, Amadou Zongo dit Ivoirien a fait une différence entre une grève et une marche : "Si c’est une marche, nous fermons nos boutiques pour nous joindre aux manifestants. Mais une grève, c’est l’affaire des fonctionnaires".
Issouf Ouédraogo pense plutôt que si des commerces sont ouverts, c’est parce que les syndicats des commerçants n’ont rien donné comme mot d’ordre, sinon ils sont aussi concernés.
Alidou Ouédraogo, vendeur de chaussures, dit comprendre la situation, mais qu’il est venu au lieu de vente par nécessité : "Nous ne sommes pas contents de la vie chère, les mesures du gouvernement n’y ont rien changé ; pour preuve, allez acheter du riz, du sucre ou de l’huile, vous serez déçu. Mais si nous sommes-là pour vendre, c’est parce que nous ne voulons pas en rajouter à notre souffrance, étant donné que nous arrivons à peine à nourrir nos familles. Il faut que l’Etat réagisse vigoureusement, car l’heure n’est plus aux discours" a-t-il martelé sous les acclamations de ses camarades.
Quoi qu’on dise, donc la grève a quelque peu affecté la vie économique de la capitale. A en juger par le constat qu’on a fait sur la rue El Hadj Sibiri-Ousmane-Ouédraogo, qui va de la LONAB à la grande mosquée de Ouagadougou en passant par le siège de "L’Observateur" et le marché de colas. En effet, sur cette bretelle, transformée en marché où, en temps normal, la circulation est infernale à cause des embouteillages dus aux commerçants qui chargent et déchargent leurs marchandises à tout moment, on a retrouvé hier la joie de circuler. Un baromètre qui ne trompe pas.
A la Bourse du travail, c’était comme un jour de fête. Des baffles géants bien orientés sur les voies distillaient de la musique engagée, notamment celle de Tiken Jah Fakoly. Leaders syndicaux et militants devisaient sous les tentes qui avaient été installées pour la circonstance. Selon le secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè, Mathias Liliou, le mouvement a été bien suivi.
A en croire le secrétaire général adjoint de la CGT-B Kadiogo, Etienne Convolbo, bien de sociétés ou de services dans notre capitale étaient fermés ou ont eu leur personnel absent à plus de 90%. Seraient de ceux-là Hage industrie, Latex Foam, Prodia, Junteng, la BIB, la BICIA-B et nous en oublions. Selon la même source, dans des villes comme Léo, Dori, Fada, le mouvement a été bien suivi.
Mais pour une évaluation exhaustive de ce mouvement social, il faudrait certainement attendre les jours à venir, où syndicats et gouvernement ne manqueront pas de faire le point, même si leurs chiffres n’ont jamais concordé.
Adama Ouédraogo Damiss
Abdou Karim Sawadogo
Grève générale contre la vie chère : Mobilisation syndicale à la Bourse du travail de Ouagadougou
mercredi 9 avril 2008. http://www.sidwaya.bf/
Les Centrales syndicales et les syndicats autonomes du Burkina Faso sont en grève générale les 8 et 9 avril 2008. La manifestation a commencé hier par un meeting à la Bourse du travail où ils invitent les militants à se mobiliser.
Mardi 8 avril 2008, 1er jour de grève décrétée par les Centrales syndicales et les syndicales autonomes du Burkina Faso. La Bourse du travail, attend ses hôtes, pour un meeting. A 7h 30, les militants, en petits groupes s’amènent. Les chaises et les bancs déposés sous les trois tentes étaient encore inoccupés. Les premiers arrivés préférant s’asseoir sur les murs de la clôture de la Bourse du travail. Certains groupuscules profitent de l’ombre des neems. D’autres achètent et lisent les journaux de la place en attendant l’heure du meeting. Aux environs de 9h 30, le meeting peut commencer. La cour de la Bourse du travail grouillait de monde. Le secrétaire général de la CSB, Jean Mathias Liliou, donne le ton des discours. Il a livré aux militants, le contenu des réponses du gouvernement à la plate-forme, objet du préavis de grève des 8 et 9 avril 2008. Aux six points de revendication constituant la plate-forme, les organisations syndicales notent que les réponses du gouvernement sont dans l’ensemble négatives. Ainsi, il les déballe point par point. Sur la question de l’augmentation des salaires, le gouvernement renvoie pour la énième fois, l’examen de ce point aux prochaines négociations gouvernement/syndicats. Le point concernant la réduction significative et effective des prix, le gouvernement, selon les syndicats, prétend que les mesures qu’il a prises "ont permis une baisse significative des prix des produits de première nécessité". "La réalité pourtant est là, les prix n’ont pratiquement pas changé. Les prix ont baissé pour ceux qui n’achètent pas. Mais ceux qui vont à la boutique savent que les prix n’ont pas baissé", constat des syndicats. Par rapport à la réduction des taxes et la suppression de la TVA sur les prêts bancaires, le gouvernement, relèvent les syndicats, estime qu’il a déjà consenti beaucoup d’efforts. Et il s’engage cependant à examiner favorablement la demande de suppression de la TVA sur les prêts bancaires. Pour le relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL respectivement à 10 m3 et à 75 kwh, les syndicats soulignent que les autorités consentent à relever lesdites tranches à 8m3 et 75 kwh sans indication d’échéance. Quant à l’application immédiate des points d’accord issus des négociations gouvernement/syndicats de novembre 2007, le gouvernement estime que ces points sont, soit appliqués, soit en voie d’application, situent les syndicats. Enfin, sur l’examen diligent de la plate-forme d’action de la coalition contre la vie chère, le gouvernement a affirmé que la plate-forme fera l’objet d’un examen attentif, rapportent encore les syndicats.
"Comme on le voit, mis à part le relèvement des premières tranches de l’ONEA et de la SONABEL qui est satisfait en partie, notre revendication et la promesse d’examiner favorablement la suppression de la TVA sur les prêts bancaires, les autres points de notre plate-forme n’ont pas reçus de réponses satisfaisantes", précise Mathias Liliou, secrétaire général de la CSB. Place est faite ensuite au président du mois des centrales syndicales, Laurent Ouédraogo, qui a salué la mobilisation des militants lors de la marche-meeting contre la vie chère le 15 mars dernier. Pour lui, les prix de bon nombre de produits n’ont pas changé et les baisses enregistrées au niveau de quelques produits sont plutôt dérisoires. "Le constat qui se dégage, c’est que, derrière les menaces et les promesses de fermeté envers les commerçants, le gouvernement fait preuve de complaisance et même de complicité vis-à-vis des magnats du commerce, lui qui choisit de parler seulement de "surveillance des prix" et de "prix suggérés", précise le président du mois des centrales syndicales, Laurent Ouédraogo. Aussi a-t-il ajouté, "les spéculateurs, non contents d’organiser les fraudes fiscales et douanières se livrent à des trafics sur la qualité et sur la quantité des produits. Aussi, par exemple, le poids de la baguette de pain, les contenus des sacs de riz, de ciment, les hydrocarbures sont en-deçà des poids et volumes affichés, tandis que les qualités des fers, des tôles, etc. sont l’objet de fausses déclarations. Même des produits alimentaires sont l’objet de fraudes sans que les autorités publiques ne prennent des mesures de protection des consommateurs". Face à cette situation, le message des syndicats à l’endroit de ses militants est de se mobiliser contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés.
L’Observateur Paalga (Ouagadougou), 8 Avril 2008, publié sur le web le 9 Avril 2008 http://www.lobservateur.bf/
Pour la journée du mardi 08 avril 2008, le siège de l’Ecole démocratique et populaire, sis au secteur n°1 de Ouahigouya et abritant le piquet de grève, affichait un air particulièrement chaud dès 07 h ce jour-là : des grévistes, venus d’horizons divers, tenaient à se faire enregistrer sur les différentes listes. On se bousculait pour trouver rapidement un endroit confortable d’où écouter les informations relatives à la manifestation.
Pour les responsables syndicaux, la grève a été largement suivie. « Nous savons maintenant que la vie chère n’est plus une vue de l’esprit, mais une réalité. Nous ne pouvons en termes de chiffres déjà vous en donner la situation. Dans l’ensemble, on sent que les travailleurs ont compris.
Le mot d’ordre est très bien suivi. On ne peut pas continuer à fermer les yeux sur les douleurs d’un peuple. Le gouvernement n’a pas le droit de le faire. Nous pensons qu’incessamment il va réagir dans le sens que nous voulons », nous a confié Lassané Badini, du MBDHP.
Pour Somgalian Sawadogo, du Syndicat national des travailleurs de l’enseignement de base (SYNATEB), toutes les écoles primaires ont fermé sauf une école privée. « Les échos qui nous parviennent des départements aussi sont rassurants », a déclaré le responsable du SYNATEB.
Au lycée Yamwaya, où nous nous sommes rendu, selon des sources proches de l’Administration, les enseignants titulaires ne se sont pas signalés depuis la matinée du mardi. Seuls les contractuels et les travailleurs du Service national pour le développement (SND) ont donné cours.
En ville également, on sentait l’effet du mot d’ordre d’arrêt de travail. Les commerçants du marché central de Ouahigouya ont tardé à ouvrir les boutiques et les magasins. « On n’aimerait pas vivre ce qu’on a vécu le mercredi 20 février », disaient certains, que nous avons trouvés sur place.
Au Centre hospitalier régional de Ouahigouya, on ne sentait pas les va-et-vient des travailleurs comme d’habitude. La majorité des porteurs de blouse blanche avaient déserté leurs lieux de travail. Du côté de l’Administration, on n’a pas nié les perturbations provoquées par ladite grève, mais on s’est satisfait de l’observation du service minimum, décidé de commun accord avec les syndicats.
Dans d’autres services comme la SONABEL, l’ONEA, l’action sociale, la CNSS, les impôts et le Trésor, on dénombrait aussi des grévistes. Les responsables syndicaux attendaient la soirée du mercredi 09 avril pour faire un bilan exhaustif de ce mot d’ordre de grève.
L’Observateur Paalga (Ouagadougou), 8 Avril 2008, Publié sur le web le 9 Avril 2008 http://www.lobservateur.bf/
Le mouvement de grève générale déclenché par les centrales syndicales a connu hier dans la matinée une adhésion massive des travailleurs, qui se sont retrouvés à la Bourse du travail à l’invitation de la coordination du mouvement syndical dans les Hauts- Bassins. Mais cette mobilisation des travailleurs était loin de paralyser la ville, qui a vécu presque à son rythme habituel ; de nombreux services publics comme privés avaient dès les premières heures de la matinée ouvert leur porte pour mener leurs activités quotidiennes.
La ville de Bobo-Dioulasso n’a pas connu hier un réel ralentissement de ses activités, même si par endroits et précisément dans certaines administrations publiques, on ressentait une certaine monotonie. Toujours est-il qu’à la zone commerciale, où le marché central avait grandement ouvert ses portes, la situation était quasi-identique à celle des jours précédents et chacun continuait de vaquer tranquillement à ses occupations.
Même pas la présence des forces de l’ordre dans les points stratégiques pour dissuader les éventuels fauteurs de troubles n’a ralenti leurs activités. Les hôtels, les banques, les magasins mais aussi et surtout de nombreux acteurs du secteur informel, installés pour la plupart aux abords des principales artères de la ville, avaient investi leur lieu de travail pour s’adonner à leurs occupations quotidiennes. Comme s’ils n’étaient pas concernés par le mouvement. Devant son magasin de commerce général, Doulkom Lambert échangeait avec un client lorsque nous l’avons approché.
A la question de savoir pourquoi il n’a pas suivi le mouvement de grève, il a répondu ainsi : « Je suis solidaire du mouvement, mais il faut reconnaître qu’il y a eu un déficit de communication. L’information n’a pas bien circulé parce qu’à mon avis les syndicalistes devraient nous approcher aussi pour nous expliquer le pourquoi de cette grève et la conduite à tenir.
On parle d’augmentation de salaire, je ne vois pas en quoi cela nous concerne directement, dans la mesure où je n’émarge pas au budget de l’Etat ». Malgré l’ambiance dans le centre- ville, on a noté une présence fort remarquable de nombreux travailleurs et particulièrement de fonctionnaires, qui ont déserté leur bureau pour rejoindre la Bourse du travail. Un arrêt de travail bien suivi, a dit Bakary Millogo, le secrétaire général de la CGT-B et coordonnateur du mouvement syndical dans les Hauts-Bassins.
Le moins que l’on puisse dire est que ce premier jour de grève semble véritablement le satisfaire, lui qui a eu des échanges directs avec les « camarades ». Des débats, qui ont duré toute la matinée d’hier, on retiendra surtout que la problématique de la vie chère serait liée, pour la plupart des intervenants, à la mal gouvernance. Ainsi donc, la corruption, l’affairisme et la dilapidation des deniers publics sont, au dire des grévistes, les principaux maux dont souffre le Faso.
D’où la nécessité pour nous de conjuguer nos efforts pour engager une lutte commune, dira Bakary Millogo, qui a dans le même temps invité les militants à rester vigilants et à ne pas baisser les bras. Le mouvement, qui se poursuit aujourd’hui, sera l’occasion pour les syndicalistes dans les Hauts-Bassins non seulement de faire un bilan partiel des activités mais aussi d’élaborer des stratégies pour les batailles futures.