“J’étais à Ouagadougou le 15 octobre 1987” de Dominique Lacroix
Le 15 octobre 1987, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, le président Thomas Sankara, surpris en pleine réunion de travail, était assassiné avec plusieurs de ses collaborateurs. Ils furent sommairement enterrés, à titre provisoire, dans les jardins de la Présidence. Quand la presse fut autorisée à approcher, des bouts de chaussures dépassaient encore de terre. C’était le coup d’État qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré, son frère de lait et, à l’époque, ministre de la justice.
J’étais à Ouagadougou pendant cette période, en tant que journaliste en stage au service étranger du quotidien français Libération, dans le cadre de ma scolarité à l’Institut d’Études Politiques de Paris. [Je remercie au passage, 20 ans plus tard, Marc Kravetz, alors directeur du service étranger de Libération, et Pierre Haski, pour m’avoir aimablement prêté son bureau et ses archives pendant la préparation de mon séjour au Burkina.]
J’ai réalisé la dernière interview de Sankara avant sa mort, (voir l’adresse) publiée dans Arabies, mensuel du monde arabe et de la francophonie. J’ai également collaboré, à titre amical, avec des journalistes de la presse locale. Par exemple pour rendre compte de la rencontre, le 13 juillet 1987 à Accra (Ghana), entre des représentants de l’ANC(1) et de l’IDASA(2) , dans le cadre d’un rapprochement, alors considéré comme illégal en Afrique du Sud, entre partisans de l’abolition de l’apartheid, africains noirs et africains du Sud blancs réunis.
Trois semaines environ après l’assassinat de Sankara, les communications téléphoniques avec l’étranger furent rétablies, dans un premier temps uniquement pour la presse. J’ai pu enfin parler au téléphone avec ma fille Ariane, alors âgée de 11 ans, qui s’inquiétait beaucoup suite aux informations alarmistes qui arrivaient sur les écrans de télévision en France. Puis, quelques temps plus tard, les frontières furent réouvertes et j’ai pu rentrer en France.
Choquée de la campagne de désinformation qui a suivi le coup d’État au Burkina Faso pour salir la mémoire du capitaine Sankara — campagne dite « de rectification », j’ai rejoint un groupe, qui, en France, a réuni des Burkinabè et des Français amis de Thomas Sankara. Ce groupe décida d’une action de communication destinée à contrer la campagne de désinformation.
Une carte postale, tirée à 5000 exemplaires, fut diffusée en Afrique de l’Ouest à la fin de l’année 1987. J’ai composé la maquette de cette carte postale.
Au recto, un portrait photographique représentant Thomas Sankara, en gros plan. Cette image est issue du recadrage d’un cliché que j’avais pris lors des cérémonies du 4e anniversaire de la révolution, le 4 août 1987, à Bobo Dioulasso.
Au verso, un court extrait du discours de Thomas Sankara à l’ONU, le 4 octobre 1984. À moins que ce ne fût une citation d’un poème de Rilke, très apprécié par Sankara. Ma mémoire me fait défaut.
Au bas du verso, la légende de la photographie fut commentée de cette mention : « Cliché Sonia Tickler ».
AVIS DE RECHERCHE
J’invite toute personne qui possèderait encore un exemplaire de cette carte postale à entrer en relation avec à l’adresse dlacroix @ panamo.com par avance.
En savoir plus
— (1) ANC : African National Congress (voir à l’adresse http://www.anc.org.za/
— (2) IDASA : Institute for a Democratic Alternative in South Africa voir à l’adresse (voir à l’adresse http://www.idasa.org.za)