Par Eric Toussaint

Voici 4 ans, le 28 mai 2010, Denise Comanne, tu décédais suite à un accident cardiaque survenu à Bruxelles alors que tu revenais en tramway d’une conférence de solidarité avec le peuple congolais. 4 ans plus tard, le 27 mai 2014, Denise j’ai bien pensé à toi avant de donner une conférence à Marseille au cours de laquelle j’ai présenté mon livre “Procès d’un homme exemplaire” qui porte largement sur les relations entre le Congo, la Belgique, la Banque mondiale, le FMI et la dette.

À cette conférence assistaient 60 à 70 personnes. Je présentais le livre dans les locaux de l’éditeur Al Dante. Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara (1949-1987), m’accompagnait et a présenté l’œuvre accomplie par son compagnon lorsqu’il présidait le Burkina Faso dans les années 1980. Thomas Sankara, c’est bien connu, avait fait du thème du refus du remboursement de la dette illégitime un de ses combats centraux. Denise, tu étais donc bien présente dans mon esprit lors de cette soirée du 27 mai 2014, d’autant que 5 ans plus tôt, toi et moi nous nous étions rendus à Montpellier pour une conférence très réussie dédiée à Thomas Sankara (plus de 200 personnes étaient présentes, voir ton compte-rendu de l’époque.

Nous y avions fait la connaissance de Mariam Sankara et nous avions été impressionnés par son courage et sa ténacité. Je me rends compte que le titre de ma conférence du 27 mai 2014 “La dette outil de domination” tel que l’avait libellé l’organisateur de la soirée était identique au titre de l’article que tu avais écrit en 2009 pour rendre compte de la conférence réalisée à Montpellier. Denise, je m’adresse à toi mais je sais que tu ne peux pas m’entendre. Tu nous a quittés mais tu es présente dans la mémoire de beaucoup d’activistes, de beaucoup de camarades en Afrique, en Europe, en Amérique latine et ailleurs dans le monde, toutes celles et ceux qui t’ont connue et ont pu mesurer la force que tu mettais dans le combat pour l’émancipation de chacune et de chacun.

La conférence du 27 mai 2014 était une réussite comme l’indique la richesse des interventions et des discussions qui ont suivi les introductions données par Mariam Sankara et par moi. Le combat mené par Thomas Sankara, et une multitude d’Africaines et d’Africains pour mettre fin à toutes les formes d’oppression et faire prévaloir la justice, se poursuit aujourd’hui. Plusieurs intervenants africains au cours de la soirée ont insisté sur l’actualité des idées et des actions de Thomas Sankara et sur la nécessité de se libérer du système imposé par le Capital et les institutions à son service. On a abordé la question des dettes illégitimes, odieuses, insoutenables et/ou illégales tant dans les pays dits du Tiers monde que, plus près de nous, en Grèce, en France, en Espagne ou en Belgique. On a également envisagé les pistes de solution et les exemples de victoires partielles contre le système dette, à commencer par le succès du non remboursement de la dette par l’Équateur en 2008-2009.

Eric Toussaint

Source : http://cadtm.org/Le-combat-pour-l-annulation-de-la

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