4 août 1983 – 4 août 2009. Cela fait 26 ans que le Burkina Faso a connu sa première expérience révolutionnaire. Une révolution politique et sociale, menée par des patriotes progressistes. Cette révolution, comme la plupart des révolutions d’ailleurs, a fortement marqué le peuple burkinabé en particulier et l’Afrique en général. Elle n’a laissé personne indifférente, si bien que 26 ans après, nombreux sont les Burkinabé qui connaissent ses principes et ses slogans, plus que ceux de la Constitution du 2 juin 1991.

La révolution burkinabé avait pour ambition de changer positivement le cours du destin du peuple burkinabé. Mieux, elle a voulu faire comprendre au peuple que son destin se trouve entre ses mains. Alors, des états psychologiques comme le pessimisme et le fatalisme devaient être enrayés de l’inconscient collectif. C’est ce que le régime entreprit de faire. Il redonna une dignité, une fierté et un espoir aux peuples burkinabé et africain. Ainsi, l’expérience révolutionnaire fit des émules au plan africain au grand dam de ses contempteurs. Quoiqu’on dise, elle a accéléré la marche historique de notre peuple, et suscité une conscience citoyenne jamais égalée.

Si la révolution a atteint cette ampleur, c’est parce qu’elle avait à sa tête un leader idoine. “L’homme qu’il faut à la place qu’il faut”. Le processus révolutionnaire s’est malheureusement arrêté un certain 15 octobre 1987 : journée macabre s’il en est une. Cela ne confirme t-il pas les propos du président vénézuélien Hugo Chavez : “si une révolution est authentique, elle triomphe ou elle meurt. Il n’y a pas de moyen terme”. Assurément celle du Burkina était authentique. Les ennemis de ce processus, en la stoppant n’ont pas oublié de faire payer à son leader le prix suprême de son audace. Après avoir achevé leur triste besogne, après s’être acharnés sur son corps, ils n’épargneront ni son nom, ni son image. Il sera traité de tous les noms aussi aberrants les uns que les autres. Ils lui feront porter tous les malheurs et les aspects négatifs de la révolution, tout en s’attribuant les acquis positifs. Mais au fait, quel homme politique incarne t-il ? Qu’est-ce qui le différencie de ses prédécesseurs, et même de ses successeurs ? Quel bilan peut-on dresser de son œuvre ? Autant de questions que l’on peut se poser sur l’homme.

Quelles que soient les critiques qu’on puisse lui adresser, Sankara était un démocrate révolutionnaire ( aujourd’hui, d’aucuns diraient un anti-mondialiste actif), un grand patriote qu’on ne peut ranger dans le même sac à poubelle des régimes militaro-fascistes qui ont régné longtemps sans partage depuis plusieurs décennies et continuent encore de le faire de nos jours sous le manteau de la “démocratie” en Afrique.

Sankara était un homme politique dont l’ambition était de servir son peuple avec désintéressement et honnêteté. Il faisait du respect du bien public un principe cardinal de sa gouvernance. Aussi, des maux tels que la corruption, la gabegie, le détournement étaient-ils combattus sans ménagement. C’est pourquoi, on ne lui connaît aucune villa somptueuse, aucun compte bancaire à l’étranger, aucune plantation, aucune richesse extorquée à son peuple, aucun parc zoologique. Ce qui constitue une exception en Afrique contemporaine.
Sankara a fait sien le credo selon lequel l’indépendance et la liberté sont une conquête et non une attribution. Il va donc rompre avec la politique de mendicité et d’assistanat, qui caractérisait la plupart des régimes africains, en mettant son peuple au travail, un travail créateur réalisé à la sueur de son front.

La dignité et l’honneur n’étaient pas de vains mots

La dignité, le respect et l’honneur du peuple ont été recouvrés sous le régime Sankara. Il s’est beaucoup investi afin que le Burkinabé mérite son nom, c’est-à-dire un homme honnête, intègre et juste. Avec Sankara, on était fier d’être burkinabé, car lui, ne marchandait pas avec la dignité de son peuple.

Le sérieux du peuple burkinabé, ses grandes réalisations, son courage et son ardeur au travail par le sacrifice, ont contribué à forger son prestige sur le plan international durant les années de la Révolution.
Cet effort national auquel, il a convié son peuple en donnant lui-même l’exemple, a permis sur tous les plans de grandes avancées que tout observateur objectif peut encore découvrir de nos jours.

Avec Sankara, la transparence et la communication politique n’étaient pas de vains mots. Il rendait compte au peuple de bout en bout de l’action de l’Etat aux plans national et international. Il savait si bien parler des difficultés, des tares et des espérances de son peuple auquel il a su redonner l’espoir dans un monde de désespoir. Mieux, il a permis d’entrevoir la possibilité d’une victoire contre l’injustice d’un ordre mondial nouveau en démontrant qu’il ne saurait y avoir d’alternative crédible qu’en comptant d’abord sur soi-même..

Il a certainement commis des erreurs comme tout homme d’action. Car seuls les inactifs ne se trompent pas. Ainsi ne disait-il pas lui-même “ nous faisons au moins une erreur par jour “. A le prendre au mot, un rapide calcul donne 365 erreurs par ans soit 1505 erreurs au moins en quatre (4) ans et quarante (45) jours de démocratie participative. Cependant, il faut savoir prendre les choses à leur juste mesure, et situer les responsabilités car, on peut sans risque de se tromper affirmer que l’homme était honnête aussi bien dans ses idées que dans son comportement. Son action politique était dénuée des vices tels que la fourberie, l’hypocrisie, et la sournoiserie. Il n’hésitait pas à reconnaître les erreurs, lorsque celles – ci étaient établies. Ainsi, il fustigeait publiquement les CDR pourris et autres animateurs mal intentionnés de la révolution.

Sankara n’était pas naïf comme certains le laissent croire. Il était plutôt caractérisé par la noblesse et la générosité du cœur. Il n’était pas non plus un hystérique révolutionnaire et manichéen jusqu’au bout des ongles. Même ceux qu’il qualifiait d’ennemis du peuple, il entrevoyait leur conversion à la Révolution. C’est pourquoi il pratiquait avec beaucoup de volubilité l’art de l’éducation et de la communication politique. En bon pédagogue, il expliquait et réexpliquait sans relâche les objectifs de la RDP.

On ne peut avoir la prétention aucune d’achever le sujet Sankara ; 26 ans après, il reste vivace dans les esprits aussi bien de ses ennemis que de ses partisans.

Par Pabeba

Source : Hebdomadaire Bendré N°559 du 5 aout 2009 http://www.journalbendre.net/

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Encadré

Dans le proche passé, nous avons parfois commis des erreurs. Celà ne devra plus se produire sur la terre sacrée du Faso. Il doit y avoir de la place dans le coeur de chacun de nous pour ceux qui ne sont pas encore parfaitement en harmonie avec le Discours d’orientation politique et les objectifs de notre plan quinquenal. Ce sera à nous d’aller à eux et de les gagner à la cause révolutionnaire du peuple.

La révolution ne cherche pas des racourcis. Elle impose à tous de marcher ensemble dans la même volonté de pensée et d’action.
C’est pourquoi le révolutionnaire doit être un perpétuel pédagogue et un perpétuel point d’interrogation. Si les masses ne comprennent pas encore, c’est de notre faute. Il faut prendre le temps d’expliquer et le temps de convaincre les masses pour agir avec elles et dans leurs intérêts.

Si les masses comprennent mal, c’est encore de notre faute. Et il faut rectifier, nuancer, il faut s’adapter aux masses et non vouloir adapter les masses à ses propres désirs, à ses propres rêves. Les révolutinnaires n’ont pas peur de leur fautes. Ils ont le courage politique de les reconnaître publiquement, car c’est un engagement à se corriger, à mieux faire. Nous devons préférer un pas ensemble avec le peuple plutôt que faire dix pas sans le peuple.

Thomas Sankara

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