Chaque homme trépasse quand son heure passe ! C’est peut-être l’adage qu’on peut utiliser pour se consoler. Sinon que la douleur est grande.
Le jeudi 12 novembre 2020 au Ghana a été comme le jeudi 15 octobre 1987 au Burkina et partout dans le monde.
Les riverains ne vont plus croiser dans les rues d’Accra  l’ancien à la chevelure blanchie, mais toujours jeune par sa démarche.
Plusieurs fois sur les réseaux sociaux, des internautes dans un usage machiavélique de l’outil informatique ont annoncé sa mort. Mortel comme tout être vivant, mais il vivait et incarnait toujours la simplicité au pays de N’Krumah, chantre du panafricanisme.
Mais l’actualité du 12 novembre a terrassé tout le monde : RAWLINGS EST DÉCÉDÉ. Au début, on croyait toujours aux fakes news. Mais tout est mensonge mais sauf que la mort elle-même ne ment pas. Le panafricaniste, ami de Thomas Sankara a rejoint son ami assassiné il y a 33 ans.
A 33 ans , Thomas Sankara prend le pouvoir et 33 ans après la mort de Sankara, son ami le rejoint auprès de nos ancêtres et les saints.
Né le 22 juin 1947 à Accra, au “Gold Cost” ou CÔTE DE L’OR, actuel Ghana d’un père écossais et d’une mère ghanéenne.
Admis à l’académie militaire en 1968, il bénéficie d’une formation militaire et devient lieutenant de l’aviation de l’armée de l’air. Il se sert de sa formation politique pour dénoncer les maux.
Meilleur soldat de sa génération, il ne se contenta pas à exécuter des ordres illégaux des chefs militaires corrompus en manque d’éthique et de déontologie du corps, toute chose qui ne fait pas honneur à l’armée.
Le 15 mai 1979, il tente un coup d’État qui échoue. Il est alors arrêté et sera libéré 3 semaines plus tard, libéré par d’autres officiers.
Le 4 juin 1979, il renverse le régime dictatorial de Fred Akuffo et prend le pouvoir. Il confie le pouvoir à un civil 3 semaines plus tard.
Sentant que les mauvaises pratiques excellent, il reprend son pouvoir le 31 décembre 1981 par un autre coup d’État.
En 1992, il démissionne de l’armée et  instaure le multipartisme. À  la présidentielle du 7 décembre 1992, il est élu président et sera réélu pour un second mandat le 7 décembre 1996.
Après ces deux mandats, et conformément à la constitution, il se retire de la présidence le 7 décembre 2000. Un exemple de démocratie vient d’être gagné.
Il y a une vie après la présidence et Rawlings en est l’exemple. Après la présidence, il a été un ancien chef d’État atypique : il y a une vie heureuse après le fauteuil présidentiel toute chose qui était rare et toujours rare en Afrique.
Fougueux partisan de la liberté du peuple opprimé, l’incarnation de la simplicité, il remet à la terre sa poussière un 12 novembre à Accra dans la même ville qui l’a vu naître à l’âge de 73 ans.
Jerry Rawlings parrain de la cérémonie de lancement de la campagne de souscription pour le mémorial. 2 octobre 2017 ©Burkina24
Jerry Rawlings parrain de la cérémonie de lancement de la campagne de souscription pour le mémorial Thomas Sankara. 2 octobre 2017 ©Burkina24

Il est aujourd’hui président d’honneur du mémorial Thomas Sankara. Son amitié avec Sankara a été en même temps une intégration entre deux peuples.

Ils ont été du même côté devant les assemblées de chefs d’États africains, devant l’ONU et d’autres organismes. Ils ont défendu la justice, les peuples opprimés et inculqué l’esprit d’un développement endogène aux communautés.
Lors d’un meeting le 17 février 1984 à Bobo Dioulasso auquel Rawlings a participé, SANKARA rendait hommage à Rawlings en ces termes :
Voilà Nous venons donc à Bobo-Dioulasso vous rendre hommage et vous dire merci. Merci pour tout ce que vous avez fait, encore pour ce que vous ferez. Mais pour tout cela, pour la grande ville de Bobo-Dioulasso, il nous fallait choisir un grand homme pour défendre une grande cause, et pour évoquer une grande question. Ce grand homme, c’est le camarade, le frère Jerry Rawlings.
Avant d’être chef de l’État du Ghana, J.J Rawlings est d’abord Africain, Africain avec nous, parmi nous, pour nous. En effet, J.J Rawlings est un des nôtres, intimement mêlé à notre lutte, lié à notre combat. Comme démonstration de cette liaison révolutionnaire et dynamique entre ce frère ghanéen et nous-autres, des contacts nombreux, fréquents mais clandestins ont existé entre lui et nous depuis fort longtemps, mais essentiellement après le 17 mai. C’est lui qui a été un des rares chefs d’État à croire encore en la possibilité pour la Haute-Volta révolutionnaire de continuer sa lutte. Il a osé nous soutenir de toutes ses forces militaires, politiques et diplomatiques, il a osé combattre lui-même personnellement à nos côtés, nous assistant de ses conseils, de son soutien efficace, de ses analyses clairvoyantes et nous avons effectué des voyages nombreux au Ghana. Dans la clandestinité certes, mais avec la conviction que nous combattions pour notre peuple. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois avec J.J Rawlings. Malgré les pressions diverses qui pesaient contre lui, les menaces, les chantages, Rawlings n’a jamais cédé et il a tout mis en œuvre pour que la révolution triomphe en Haute-Volta. Il a osé sacrifier une partie du Ghana pour la Haute-Volta. Il n’y a donc pas de meilleures preuves d’amour que lorsqu’on est prêt à donner sa vie pour ceux que l’on aime. C’est pourquoi nous disons que Rawlings est un des nôtres. Lui aussi a lutté et est propriétaire aussi comme nous de ce 4 août.” (voir le discours en entier à http://www.thomassankara.net/nul-ne-rien-contre-peuple-mobilise/.
Thomas Sankara fait allusion, entre autre, au fait que les armes qu’avait fournies la Libye pour soutenir les révolutionnaires burkinabè, à destination des commandos de Po, ont transité par le Ghana.).
Ses deux panafricanistes ont été des hommes mais Ils ont été un commun modèle pour les hommes, voilà pourquoi nous les vénérons aujourd’hui.
Fougueux partisan du panafricanisme, Rawlings, transmettez les louanges du comité justice pour Sankara à notre père Révolutionnaire !
JJR, reposez en paix.
La mort étant le seul destin qui nous tient, alors ce n’est qu’un au revoir !
La patrie ou la mort nous vaincrons!
Gerard Amado Kaboré
Ouagadougou le 13 novembre 2020

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