Nous vous présentons une nouvelle version de ce discours prononcé au lendemain de la guerre avec le Mali dite la “guerre de Noël” le 3 janvier 1986.

Fin 1985, la guerre éclate avec le Mali. Un litige frontalier oppose les deux pays pour une bande de terre désertique longue de 160 kilomètres, large de 30, située au nord du pays. Ce litige avait déjà entraîné les deux pays dans la guerre en 1974.

Au sortir d’une guerre, Thomas Sankara se lance dans un discours aux accents résolument pacifistes. Puis il lance un appel aux Burkinabè de l’extérieur pour qu’ils rentrent contribuer à la révolution, annonce la libération de prisonniers et déclare désormais interdits la mendicité et la prostitution. Un discours bilan des années passées et posant les bases des tâches encore à accomplir. Un des plus importants donc longtemps tronqué d’une très grande partie.

Ce qui ne manquera pas d’entraîner des critiques acerbes par nombre de Burkinabè. Quelques initiatives furent prises pour organiser leur reconversion, mais la tâche était bien rude dans un pays qui comptait tant de chômeurs. Pour Sankara, la révolution ne peut laisser de côté les victimes de ce qu’il considère comme la négation de la dignité humaine. Il envoya même
son salut à un congrès mondial des prostituées.

La version publiée auparavant,le 6 septembre 2005 sur notre site et dans les différents ouvrages de discours, “Thomas Sankara : osez inventer l’avenir chez l’Harmattan et “Thomas Sankara parle” aux éditions Pathfinder) était quelque peu différente (vous pourrez en consulter le début dans ce même article après cette nouvelle version). Elle était issue des premiers recueils de discours. On remarquera (voir la première version en dessous), des différences, ou des omissions importantes et notamment qu’il manquait la plus grande partie qui se trouvait à la fin.

Ce discours nous a été envoyée  par le journaliste suisse Christophe Koessler, parmi d’autres documents qui lui avaient été confiés lors d’un séjour au Burkina. Nous lui adressons ici nos très chaleureux remerciements au nom de l’équipe du site mais aussi pour tous ceux qui prendront connaissance de ce document.

Ces documents nous sont parvenus sous forme de cassette audio. Nous avons du les transformer en fichier mp3. Il a ensuite fallu les retranscrire, ce qui a été fait par Cléophas Zerbo. Amado Gérard Kaboré a vérifié et corrigé la retranscription du discours, tous 2 membres du l’équipe du site thomassankara.net.

Bruno Jaffré 21 mars 2020


ÉCOUTEZ LA VERSION AUDIO (cliquez sur la flèche ci-dessous à gauche)


Version intégrale issue d’une retranscription d’une cassette magnétique reçue en 2019.

Camarades militantes et militants de la Révolution démocratique et populaire ;
Voilà 365 jours, qu’ensemble nous avons construit.
365 jours, ensemble nous avons peiné pour bâtir.
365 jours ensemble, nous avons défié l’impérialisme, ses valets locaux et nous avons gagné.
[Applaudissements de la foule]
Des victoires, nous les avons remportés sur le terrain du social, de l’économique et du politique. En particulier, nous avons construit des barrages, des dispensaires, des écoles, des ponts, des routes, des maisons. Nous avons rendu les burkinabè un peu plus heureux.
Ensemble, nous avions fait de grandes et belles choses. Nous avons fait le PPD.
Mais ensemble, nous avons conçus le plan quinquennal et nous sommes en train de mettre la dernière main à cette œuvre gigantesque.
Nous aurons l’occasion de revenir sur le PPD, son bilan, ses leçons et nous aurons l’occasion de revenir sur le plan quinquennal, ses perspectives, ses espoirs et son défi.
Sur le plan politique, nous avons consolidé la valeur organisationnelle de la RDP.
Sur le plan politique, nous avons affirmé notre marche en avant.
Sur le plan politique, nous avons inscrit notre révolution parmi les plus grandes et les plus nobles de cette planète.
[Applaudissements de la foule]
Et puis l’année a tiré vers sa fin. C’était le 25 décembre 1985; nos populations ont été bombardées. Elles ont été bombardées par des avions, elles ont été blessées, elles ont été tuées par des chars, par des militaires venus de l’autre côté. Nous avons riposté.
Face à la supériorité matérielle, face à l’abondance des moyens, ensemble nous avons opposé la détermination politique et révolutionnaire.
[Applaudissements de la foule]
Ensemble, nous avons libéré le génie créateur et les grands stratèges ont inscrit dans les pages de l’histoire militaire africaine des hauts-faits de guerre.
[Applaudissements de la foule]
C’est ainsi que nous avons protégé notre peuple. Nous l’avons protégé parce que nous avons été agressés. Nous l’avons protégé parce que nous lui devons jour et nuit, la liberté et la quiétude. Nous l’avons protégé, obéissant ainsi à un devoir révolutionnaire.
La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique. La politique a continué et elle s’est transformée en guerre. Notre politique a continué et elle s’est transformée en défense populaire généralisée.
[Applaudissements de la foule]
Ainsi, deux politiques se sont affrontées, une politique a triomphé.
[Applaudissements de la foule]
Mais camarades, je voudrais qu’en ce jour de 3 janvier 1986, nous pensions à tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur, Maliens et Burkinabè. A tous ceux qui ont été blessés, à toutes ces familles éplorées, à tous ces deux peuples et les autres peuples d’Afrique et d’ailleurs qui ont été profondément marqués par ces affrontements, ces affrontements douloureux.
Je voudrais que chacun de nous fasse l’effort de dominer le sentiment de haine. Que chacun de nous fasse l’effort de dominer le sentiment de rejet et d’hostilité envers le peuple malien.
Je voudrais que chacun de nous gagne la victoire la plus importante à savoir: tuer en lui les germes de l’hostilité, les germes de l’inimitié vis-à-vis de qui que ce soit.
[Applaudissements de la foule]
Nous avons une victoire importante à gagner: il s’agit de semer dans nos cœurs les germes de l’amitié, l’amitié vraie, l’amitié qui résiste même aux assauts meurtriers des canons, des avions et des chars.
Cette amitié-là, elle ne se construit que sur la base révolutionnaire, de l’amour sincère envers les autres peuples. Et cela, je vous sais capables, je vous sais capables d’aimer le peuple malien et de le démontrer.
[Applaudissements de la foule]
Nous le démontrerons.
Les frères du Mali nous ont dit dans leur discours qu’ils étaient pour l’ouverture; nous répondons d’abord oui. Nous aussi nous sommes pour l’ouverture. Mais nous allons ajouter à la parole l’acte. Et c’est pourquoi je voudrais vous demander camarades, de comprendre qu’entre le peuple malien et burkinabè il n’y a jamais eu que l’amitié, il n’a eu que l’amour.
Camarades ! Êtes-vous oui ou non pour l’amitié entre nos deux peuples ?
[Cris de  « Oui !»]
Êtes-vous oui ou non pour l’amitié entre nos deux peuples ?
[Cris de  « Oui !»]
Oui ou non pour l’amitié entre nos deux peuples ?
[Cris de  « Oui !»]
Alors, les masses populaires ont parlé. Les masses populaires dépositaires du pouvoir au Burkina Faso ont parlé. Et c’est en leur nom que je dis à la face du monde entier qu’il n’y a plus jamais de prisonniers maliens au Burkina Faso.
[Applaudissements de la foule]
Ces militaires maliens, ces militaires maliens qui sont là ne sont plus des prisonniers. Ce sont nos frères. Ils doivent rentrer à Bamako en toute liberté, quand et comme ils voudront.
[Applaudissements de la foule]
Nous ne nous sommes pas battus pour faire des prisonniers. Nous-nous sommes battus pour repousser l’ennemi. Nous l’avons repoussé, et tout Malien au Burkina Faso est un frère. Ainsi donc, les Maliens qui sont là sont nos frères. A partir d’aujourd’hui, les dispositions seront prises pour qu’ils vivent en toute liberté et qu’ils savourent la joie de la liberté révolutionnaire au Burkina Faso, à Ouagadougou en particulier.
[Applaudissements de la foule]
Que leurs parents au Mali qui nous écoutent sachent qu’ils peuvent venir les chercher, comme ils peuvent les attendre à l’aéroport de Bamako.
[Applaudissements de la foule]
Camarades, évitons de nous laisser divertir ; évitons de nous laisser entraîner dans des combats qui ne sont pas les combats du peuple ; évitons de nous laisser entraîner dans des préoccupations qui ne sont pas des préoccupations du peuple ; évitons de nous laisser entrainer dans la course folle à l’affrontement et au surarmement.
Nous savons que la tentation sera grande dans les esprits de rechercher coûte que coûte des arsenaux militaires, justifiant ainsi des actions bellicistes et trouvant par là aussi le prétexte facile et commode de rançonner les masses populaires. Il n’en sera pas ainsi au Burkina Faso.
Les média occidentaux, la presse impérialiste a souvent dit du Burkina Faso quil était un pays surarmé. Vous avez toujours entendu ou lu dans des journaux que notre pays a reçu des tonnes et des tonnes de matériel militaire.
Fort heureusement, c’est cette même presse qui s’est condamnée ; c’est cette même presse qui s’est déjugée lorsqu’elle a reconnu que le Burkina Faso était sous-équipé militairement.
[Applaudissements de la foule]
Ce n’est pas nous qui l’avons dit, ce sont eux qui l’ont écrit ce sont eux qui l’ont dit. C’est vrai, nous sommes sous-équipés, donc tous ce qu’ils avaient répandus comme propos sur notre compte n’étaient que dénigrements. Aujourd’hui ils sont face à leurs propres dénigrements, face à leurs propres mensonges.
Nous savons maintenant quels sont les pays qui sont surarmés. Nous savons maintenant quels sont les pays qui disposent de la ferraille militaire. Nous savons maintenant quels sont les pays qui imposent des sacrifices pour un développement social, économique, politique de leur peuple au lieu d’une militarisation à outrance.
[Applaudissements de la foule]
Ces événements de 6 jours ont permis au Burkina Faso de laver la honte. Ils ont permis au Burkina Faso de rétablir la vérité. Ils ont permis au monde entier de nous connaître sous notre vrai jour, et seuls ceux qui détestent la révolution et ils sont nombreux, continueront dans leurs manœuvres à vouloir semer la confusion. Des combats nous attendent et il nous faut les gagner.
C’est pourquoi je voudrais souhaiter à chacun, je voudrais souhaiter à tous pour cette année 1986 qui commence, le bonheur. Le bonheur conformément à ce que nous faisons, nous formulons comme intention. Le bonheur conformément aux efforts également que nous sommes disposés à engager.
Et c’est parce que je vous souhaite en tous une bonne et heureuse année, que je voudrais demander à chacun de se ressaisir et de considérer comme un épisode malheureux certes, mais plein d’enseignements ce qui vient de se passer.
[Applaudissements de la foule]
Et Je voudrais que nous analysions cela. Car nous, révolutionnaires, nous savons que chaque jour qui passe est un jour d’affrontement. Nous savons que depuis le jour où à cette même place, c’était le 26 mars 1983 où, nous avons proclamé que «lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble», depuis ce jour, nous sommes face à face: l’impérialisme d’un côté avec ses valets locaux et nous de l’autre.
[Applaudissements de la foule]
Mais je voudrais que pour 1986, nous acceptions des sacrifices ; des sacrifices pour faire du Burkina Faso une famille, une grande famille.
Je voudrais que chacun de nous se sente concerner par les problèmes de la société burkinabè. D’abord, le problème de la santé. La santé est l’affaire du peuple. La santé ne saurait être seulement l’affaire du malade. Nous sommes tous malades, malade de quelque chose.
Et il ne suffit pas de s’enfermer dans des bâtiments luxueux; Il ne suffit pas de s’enfermer dans une mentalité d’assuré pour se dire que l’on est à l’abri de la maladie.
La maladie même dans le quartier voisin peut vous atteindre.
Et c’est pourquoi les combats que nous avons déjà engagé, la vaccination commando, les PSP doivent être poursuivis et nous devons faire en sorte que tous ceux qui sont malades soient à la charge de toute la société.
Nous allons combattre la maladie mais nous allons la combattre avec les moyens de tout le peuple. Et ceux qui ne voudront pas se joindre à ce combat seront alors ceux qui se sont inscrits contre le peuple.
Il y a aussi le problème de l’éducation ; le problème de l’éducation de nos enfants. Le Burkina Faso doit combattre l’analphabétisme. A l’heure actuelle 18 % des enfants ; seulement 18% des enfants vont à l’école. Cela n’est pas normal.
Il s’agit aujourd’hui pour chacun de nous de faire en sorte que tous les enfants, tous les enfants du Burkina Faso aient accès à l’école.
Certes, la petite bourgeoisie affolée, la petite bourgeoisie agglutinée dans les centres urbains s’élèvera encore contre ce combat parce qu’elle ne veut pas supporter les sacrifices. Mais cette petite bourgeoisie, nous l’avons fini de l’identifier et nous savons qu’elle est contre le peuple.
L’école doit être bâtie par tous. L’école doit être l’affaire de tous et il y aura des écoles partout. 1986, nous devons construire des écoles ; beaucoup plus encore que nous l’avons fait en 84 et en 85.
Nous allons également lutter contre le chômage. Déjà des programmes importants sont élaborés et nous mettrons fin à ce fléau. Il n’est pas normal qu’il y ait encore au Burkina Faso des bras valides qui chôment.
Certes, beaucoup de nos camarades ; beaucoup de nos compatriotes ont été éduqués dans la mentalité petite bourgeoise et néocoloniale qui veut que l’on fasse des choix, des distinguo entre les emplois, entre les métiers. Il n’y a pas de sot métier !
Il faut qu’il y ait au Burkina Faso des emplois productifs et il y en aura et chacun sera confier à ces emplois. Mais principalement avant que nous revenions sur ces emplois, je voudrais surtout parler de deux points: la mendicité et la prostitution.
La mendicité parce qu’elle est un fléau, parce que les mendiants sont partout dans les rues, au bord des hôtels et au marché en train de nous agresser physiquement et moralement. Les mendiants sont là et sont la conséquence de la désorganisation sociale.
Les mendiants sont la conséquence d’une putréfaction sociale. Il faut y mettre fin. Certes, il faut également distinguer les mendiants qui sont contraints par une tare physique quelconque et les parasites.
Ces mendiants qui sont empêchés par un mal quelconque physique ou mental, nous les récupérerons, nous les organiserons et nous leur permettrons de vivre dignement, de gagner chaque jour leur vie et aussi d’être des hommes parmi les hommes et non plus d’être des demi-hommes parmi les hommes.
[Applaudissements de la foule]
Le Ministère de l’essor familial a reçu les consignes à la matière. Des directives sont données et les préparatifs vont bon train. Bientôt dans nos villes et dans nos campagnes, on verra plus jamais de mendiants. La révolution doit également résoudre ce problème et notre révolution résoudra ce problème.
[Applaudissements de la foule]
Tous ces mendiants qui trainent, tous ses mendiants qui sont dans la rue, ce sont nos frères; ce sont nos sœurs. Ce sont ceux que nous avons rejeté, ce sont ceux que nous avons rejeté par égoïsme. Et cet égoïsme nous allons le combattre en chacun de nous.
Il y a les parasites parmi les mendiants. Nous savons que beaucoup, se réfugiant derrière la religion tendent la main chaque jour pour manger. Or, aucune religion n’a encouragé la mendicité. Si les religions ont encouragé, ont célébré la modestie et l’humilité, elles n’ont jamais encouragé la modestie, c’est-à-dire le parasitisme.
Et principalement la religion musulmane qui, dans le système éducationnel entretient ses élèves qu’on appelle les garibous. La religion musulmane nulle part n’a prôné la mendicité. Au contraire, le prophète ne disait-il pas dans le coran: « Celui qui quémande n’est pas un mendiant et celui qui suit ma voie doit travailler pour gagner chaque jour sa pitance ». Il l’a dit, il a écrit et ce sont les mauvais musulmans qui ont lu à l’envers le Coran qui encouragent les garibous. (NDLR : les jeunes enfants qui sont envoyés par les marabouts pour mendier dans les rues)
[Applaudissements de la foule]
Ces mauvais musulmans exploitent les garibous. Ils les exploitent, ils les font travailler et ils contribuent à dégénérer la société. Ils contribuent à jeter devant les cinémas, devant les magasins, des petits-enfants, des adolescents qui, en plus la mendicité apprennent à démonter les phares et les feux rouges des voitures.
[Applaudissements de la foule]
Ce sont ces petits enfants qui vous arrachent vos portefeuilles. Ce sont eux qui traumatisent les femmes au marché. Nous allons combattre la mendicité, nous allons combattre aussi le parasitisme. Chacun travaillera et chacun gagnera sa pitance.
Je voudrais aussi vous parler de la prostitution. Il faut oser poser le problème, camarades. Il faut oser poser le problème parce qu’il est réel. Il existe des prostituées et nous ne devons pas faire la politique de l’autruche.
Nous ne devons pas nous voiler les yeux et faire croire que ce mal n’existe pas. Je sais très bien que le Burkina Faso est loin, très loin derrière beaucoup de pays dans ce domaine-là. Je sais très bien que le Burkina Faso a produit à son niveau national très peu de prostituées et que l’importation ou l’exportation nous ont envahis.
Néanmoins, toutes celles qui sont ici comme prostituées sont nos sœurs. Et nous les considérerons comme tel.
Qu’est-ce que c’est que la prostitution? La prostitution c’est ce métier qui constitue à se vendre, à offrir son corps pour gagner sa vie. Offrir son corps, dans ce qu’il a de plus noble. Et nous allons donc dénoncer ce commerce. Nous allons dénoncer ce métier pour que plus jamais la confusion ne s’établisse entre l’amour et le commerce. Ce qui veut dire que nous devons donner à chaque femme un emploi. Nous devons donner à chaque femme le moyen de gagner honnêtement et dignement sa vie. Nous devons faire en sorte que chaque femme refuse de se livrer aux besoins lubriques ou non d’un homme.
Nous devons faire en sorte que plus jamais un homme n’estime qu’il peut conquérir une femme grâce à ce qu’il a dans sa poche ; généralement d’ailleurs c’est de l’argent volé.
[Applaudissements de la foule]
Et pour lutter contre les prostituées, je disais que nous créerons des emplois ; nous créerons des emplois pour leur permettre de s’engager et de produire et de gagner leur vie.
Ensuite, nous déclarons, nous interdirons la prostitution. Nous continuerons plus loin ; nous invitons les CDR et l’union des femmes burkinabè a dénoncé les prostituées d’une part, à dénoncer tous ceux qui encouragent la prostitution d’autre part.
Nous allons également inviter nos femmes, les femmes de l’union des femmes burkinabè à dénoncer les prostituées de luxe. Quand je parle des prostituées de luxe, je pense à ces femmes qui sont dans les bureaux, qui ont des voitures ou des mobylettes, qui sont bien chamarrées mais qui jalousent, essaient chaque fois de détourner les maris des autres femmes et de semer la discorde dans le foyer.
[Applaudissements de la foule]
Si chaque femme a le droit de vivre sa vie amoureuse autant qu’elle l’entend, aucune femme n’a le droit de troubler le foyer d’une autre femme. Ce sont ces femmes qui sont à l’origine de la dépravation sociale à laquelle nous assistons. Ce sont elles qui sont la cause de ces nombreux enfants abandonnés sans pères et sans mères, qui ne connaissent ni famille, qui ne connaissent ni 1er janvier, ni 25 novembre, ni 25 décembre.
Ce sont ces femmes-là qui sont la cause de la déconfiture sociale qui a quitté les autres pays pour commencer petit à petit à nous ronger nous aussi au Burkina Faso.
Il nous faut donner des droits à nos femmes, il nous faut les protéger, il nous faut protéger nos familles. Combien d’hommes sont-ils qui entretiennent dehors des maîtresses en sacrifiant dedans femme et enfants ?
Ils sont nombreux très nombreux et, c’est la révolution que de s’engager à les combattre eux aussi. C’est la révolution que de s’engager à faire en sorte que plus jamais un homme n’aille trouver son plaisir avec une autre femme. Plus jamais dans nos rues, des femmes à partir d’une certaine heure, ne soit en train de déambuler, de parler en français en ou en anglais.
Que plus jamais des hommes ne soient obligés de donner de ces rendez-vous clandestins macabres, des rendez-vous louches dans des endroits louches.
[Applaudissements de la foule]
Dans les bars, dans les hôtels, dans les dancings qu’elles n’existent plus des boites de nuit au Burkina Faso. Il faut combattre ce mal. Combattre la prostitution, tuer la prostitution ne veut pas dire frapper la prostituée.
Protégeons la prostituée car c’est une malheureuse victime de la société, victime de l’organisation bourgeoise de la société. Lénine appelait cela l’hypocrisie honteuse de la bourgeoisie et de lieux de l’aristocratie.
Nous aussi aujourd’hui, nous devrons combattre cela. Nous devrons faire en sorte qu’ici dans ce pays on puisse dire que les vertus de la femme ont été célébrées.
Jésus avait dit que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre et personne n’a osé jeter la première pierre.
[Applaudissements de la foule]
Il faut camarades, que si Jésus revenais ici au Burkina Faso et si Jésus répétait cela que tous ensemble nous osions jeter la première pierre car nous nous pécherons plus. C’est le défi du siècle et il faut oser l’engager.
Camarades, sur ces différents points j’aurais l’occasion de revenir, car j’avais simplement pour intention de vous souhaiter une bonne et heureuse année ; de souhaiter à vous et au peuple malien une bonne et heureuse année.
Mais je ne saurais terminer sans parler de ceux-là qui se sont mis en marge de la révolution ; ceux-là qui se sont mis en travers de la marche radieuse de notre révolution. Ils se sont exilés. Nous l’avons déjà dit lors du meeting de 2 octobre mais, je reviens encore là-dessus pour rappeler que tous ceux qui sont partis, peuvent revenir. Ce pays est le leur et pour le bâtir les sept millions de bras ne suffiront pas. Il faut aussi les leurs ; les 7 millions d’intelligences ne suffiront pas, il faut aussi leur intelligence.
La porte est donc ouverte à tous ceux qui veulent revenir pour bâtir le Burkina Faso parce qu’ils se seront aperçu que les jours sont passés, nous avons bâti, nous avons construit, nous sommes allés de l’avant, nous sommes allés de l’avant. Nous n’avons pas piétiné comme on l’avait prédit. Nous  ne sommes pas tombés.
Beaucoup d’entre eux sont en train d’hésiter ; en train de se demander sils peuvent prendre le risque de revenir ici. Oui ! Ils peuvent revenir. Mais certains se sont définitivement condamnés. Ils ont estimé que seule la lutte apatride peut les sauver. A ceux-là nous les disons jamais, au grand jamais le peuple burkinabè ne se laissera piétiner par eux et par leurs ambitions.
[Applaudissements de la foule]
Ce n’est pas ; lorsque les avions nous ont bombardés, lorsque les chars montaient à l’assaut et que l’artillerie lourde pilonnait les villages, ces apatrides n’ont pas été en mesure d’entrer au Burkina Faso. Ce n’est pas lorsqu’il n’y aura plus cet arsenal de guerre qu’ils pourront tenter quoi que ce soit. Même avec les chars, même avec les “MIK”, même avec l’artillerie, ils n’ont pas pu pénétrer le Burkina Faso sacré.
[Applaudissements de la foule]
Par conséquent camarades, il leur appartient de choisir: suivre la révolution, se soumettre à la révolution ou alors se laisser achever par la révolution.
Je voudrais également parler de ceux-là qui, à l’intérieur se sont mis en travers de la révolution, nous imposant parfois des mesures draconiennes. A leur endroit, nous prendrons des mesures de clémence, des mesures de clémence qui doivent être bien comprises dans le sens le plus juste.
Il s’agit de donner à chacun d’eux l’occasion de se racheter. Il s’agit de donner à chacun d’eux l’occasion de démontrer que la période de détention a été bénéfique, a été une période de réflexion, une période pour murir, pour comprendre ce qu’est la révolution et comprendre que la révolution sera toujours victorieuse et que ; les ambitions et que les projets machiavéliques soient-ils doivent se mettre de côté.
Je vous demande à chacun lorsque nous allons mettre dehors tous ceux qui sont actuellement en prison ; je vous demande de faire l’effort de participer à leur éducation révolutionnaire ; de leur donner à chacun d’eux l’occasion de s’amender, l’occasion de participer à la construction nationale.
Je vous demande de ne garder aucune rancune et de démontrer que la révolution c’est également la patience, que la révolution c’est la paix, la révolution c’est le bonheur du peuple ; parce que nous sommes différents, nous sommes très différents de ces régimes fascistes qui terrorisent pour simplement la protection d’une minorité.
Ici au Burkina Faso c’est le peuple et c’est le peuple qui parle.
Camarades, je voudrais aussi saisir cette occasion pour remercier tous ceux qui de par le monde, chefs d’états, dirigeants d’organisations, personnes individuelles, ont exprimé leur soutien au peuple du Burkina Faso ; au peuple du Mali pour nous exhorter à faire taire les armes.
Je voudrais leur remercier, leur exprimer notre profonde gratitude. Ils se sont adressés à nous parce qu’ils ont eu confiance en notre sagesse,  parce qu’ils ont eu confiance à notre lucidité.
Nous les remercions et nous savons que l’histoire nous donnera d’autres rendez-vous pour leur démontrer que ici au Burkina Faso, on sait entendre la voix de la raison.
Je ne voudrais citer personne ! Toutefois, je voudrais remercier ceux de l’ANAD pour les efforts qu’ils ont déployés. Mais avant eux, avant l’ANAD, le Nigeria et la Libye pour les efforts conjoints qu’ils ont déployés afin que entre le Burkina Faso et le Mali les armes ne parlent plus. Car nos armes, pour nous burkinabè, nos armes sont orientées vers l’Afrique du Sud.
Le Mali doit au contraire nous aider à arriver jusqu’à Johannesburg. Le Mali doit nous aider à aller jusqu’au Cap.
[Applaudissements de la foule]
Nous demandons aux maliens de mettre à notre disposition les nombreux chars qu’ils ‘ont , les “MIK” qu’ils ont, pour aller combattre l’apartheid.
[Applaudissements de la foule]
Nous leur demandons cela parce que nous savons qu’ils sont désormais nos frères et  nous savons parce que nous les avons rencontrés sur les champs de bataille qu’ils ont beaucoup de chars, beaucoup de “MIK”. Nous en savons quelque chose, mais nous voulons ce matériel pour aller en Afrique du Sud. Pieter Botha est là-bas et nous attend.
Si un pays à aider quel que soit le Burkina ou le Mali, il devrait en rougir ; il devrait en avoir honte. Parce que l’aide militaire que nous demandons est celle qui va nous permettre de nous battre contre le sionisme, contre le racisme, contre l’impérialisme sous toutes ses formes ici et ailleurs ; et l’impérialisme il y en a.
Camarades ; 1986 sera une année de bataille. En particulier parce que nous aurons à démarrer le plan quinquennal mais parce que aussi nous avons des batailles sociales à gagner.
A quelque chose malheur est bon ! Nous n’avons pas demandé ce conflit, on nous a imposé un conflit armé. Eh bien, nous devons faire en sorte que ce conflit armé sert la cause du peuple.
Nous devons faire en sorte que ce conflit armé nous permettre de passer de la première vitesse à la deuxième vitesse. Nous allons accélérer le train de la révolution.
[Applaudissements de la foule]
Et c’est parce que les maliens nous ont donné l’occasion d’accélérer le train de la révolution que je voudrais leur dire merci.
[Applaudissements de la foule]
Merci à nos frères et à nos sœurs du Mali !
Merci à tous ceux qui nous ont permis de comprendre que la révolution doit compter sur sa propre force.
Que la révolution ne doit compter sur personne et nous n’avons compté sur personne.
Que la révolution doit se battre avec ses armes, avec ses moyens mais avec tous ses moyens.
Je dis bien tous ses moyens. Désormais, il ne sera plus question de permettre que des moyens du Burkina Faso soient mis de côté pendant que le peuple se bat.
Camarades, je vous demande de faire en sorte que demain, après-demain et dans les jours à venir les maliens et les maliennes viennent nombreux au Burkina Faso.
Dans les manifestations sportives, culturelles que nous puissions les rencontrer dans les opérations économique et politique.
Que les burkinabè se rendent au Mali et fréquenter les maliens. Chacun de nous doit mettre un point d’honneur à gagner l’amitié, la sincérité ; à regagner dirais-je l’amitié, la sincérité et la fraternité d’un frère, d’une sœur du Mali.
Celui qui n’aura pas réussi à gagner l’amitié d’un malien n’aura pas fait son devoir révolutionnaire. Et à commencer par moi-même je le ferai.
L’impérialisme :
[Cris de]  A bas !
Le néocolonialisme :
[Cris de]  A bas !
Le fantôchisme :
[Cris de]  A bas !
Les valets locaux de l’Afrique :
[Cris de]  A bas !
Les valets locaux de l’impérialisme :
[Cris de]  A bas !
Les hiboux au regard gluant :
[Cris de] A bas !
Les tortues à double carapace :
[Cris de]  A bas !
Les caméléons équilibristes :
[Cris de]  A bas !
Les chiens enragés :
[Cris de]  A bas !
Les crocodiles affolés :
[Cris de]  A bas !
Les buffles terrorisés :
[Cris de]  A bas !
Gloire :
[Cris de]  Au peuple !
Victoire :
[Cris de]  Au peuple !
Dignité :
[Cris de]  Au peuple !
La patrie ou la mort :
[Cris de]  Nous vaincrons !
Je vous remercie !
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LES SIGLES CONTENUS DANS LE DISCOURS
PPD: Programme Populaire de Développement, lancé le 1er octobre 1984
PSP: Poste de Santé Primaire
ANAD: Accord de Non-agression et d’Assistance en matière de Défense.
MIK : Sans doute le diminutif « MIK» de MIKhaïl Kalashnikov

Ancienne version publiée dans les premiers recueils de discours et publiée sur notre site le 6 septembre 2005.

Camarades militantes et militants de la Révolution démocratique et populaire :

C’était le 25 décembre 1985 ; l’année tirait à sa fin quand nos populations ont été bombardées. Elles ont été bombardées par des avions, elles ont été blessées, tuées par des chars et par des militaires venus de l’autre côté. Nous avons alors riposté. Face à la supériorité matérielle, à l’abondance de moyens, nous avons opposé la détermination politique et révolutionnaire, nous avons libéré le génie créateur. Nos stratèges ont écrit dans les pages de l’histoire militaire africaine des hauts-faits de guerre. Ainsi nous avons protégé notre peuple. Nous l’avons protégé parce que nous avons été agressés, parce que nous lui devons jour et nuit, la liberté et la quiétude. Nous l’avons protégé, obéissant ainsi à un devoir révolutionnaire.

La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique. Leur politique a continué et s’est transformée en guerre. Notre politique a continué et s’est transformée en défense populaire généralisée. Ainsi deux politiques se sont affrontées, une politique a triomphé.

Chers camarades, je voudrais qu’en ce jour du 3 janvier 1986, nous pensions à tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur Maliens et Burkinabè à tous ceux qui ont été blessés, à toutes ces familles éplorées, à tous ces deux peuples et les autres peuples d’Afrique et d’ailleurs qui ont été marqués par ces affrontements douloureux. Je voudrais que chacun de nous fasse l’effort de dominer le sentiment de haine, de rejet et d’hostilité envers le peuple malien. Je voudrais que chacun de nous gagne la victoire la plus importante : tuer en soi les germes de l’hostilité, de l’inimitié vis-à-vis de qui que ce soit. Nous avons une victoire importante à gagner : semer dans nos coeurs les germes de l’amitié vraie, celle qui résiste même aux assauts meurtriers des canons, des avions et des chars.

Cette amitié-là ne se construit que sur la base révolutionnaire de l’amour sincère envers les autres peuples. Et cela, je vous en sais capables, capable d’aimer le peuple malien et de le démontrer. Nous le démontrerons. Les frères du Mali nous ont dit dans leur discours qu’ils étaient pour l’ouverture ; nous répondons d’abord oui, mais en plus nous allons ajouter l’acte à la parole. C’est pourquoi je voudrais vous dire camarades, qu’en ce qui nous concerne, entre les peuples malien et burkinabé il n’y a jamais eu que l’amitié et l’amour.

Camarades ! êtes-vous oui ou non pour l’amitié entre nos deux peuples ? [Cris de  « Oui !.»]

Alors, les masses populaires dépositaires du pouvoir au Burkina Faso ont parlé, et c’est en leur nom que je dis à la face du monde entier qu’il n’y a plus de prisonniers maliens au Burkina Faso. Les militaires maliens qui sont ici ne sont plus des prisonniers. Ce sont nos frères. Ils peuvent rentrer à Bamako, quand et comme ils veulent, en toute liberté.

Nous ne nous sommes pas battus pour faire des prisonniers, mais pour repousser l’ennemi. Nous l’avons repoussé, et tout Malien au Burkina Faso est un frère. Ainsi donc, les Maliens qui sont là sont nos frères.

A partir d’aujourd’hui des dispositions seront prises pour qu’ils vivent en toute liberté et qu’ils savourent la joie de la liberté au Burkina Faso, à Ouagadougou en particulier. Que leurs parents au Mali sachent qu’ils peuvent venir les chercher, comme ils peuvent les attendre à l’aéroport de Bamako.

Camarades, évitons de nous laisser divertir, entraîner dans des combats qui ne sont pas des combats du peuple ; évitons de nous laisser entraîner dans les préoccupations qui ne sont pas celles du peuple, dans la course folle à l’affrontement et au surarmement. Nous savons que la tentation sera grande dans certains esprits de rechercher coûte que coûte des arsenaux militaires, justifiant ainsi des actions bellicistes et trouvant souvent par là aussi des prétextes faciles et commodes pour rançonner les masses populaires ; il n’en sera pas ainsi au Burkina Faso.

Le média occidentaux, la presse impérialiste a souvent affirmé que le Burkina Faso était un pays surarmé. Vous avez souvent lu dans les journaux que notre pays a reçu des tonnes et des tonnes de matériel militaire. Fort heureusement, cette même presse s’est condamnée, s’est déjugée et a reconnu que le Burkina Faso était sous-équipé militairement. Ce n’est pas nous qui l’avons dit, ce sont eux qui l’ont écrit. C’est vrai, nous sommes sous-équipés, donc tous les propos qu’ils avaient répandus sur notre compte n’étaient que dénigrements. Aujourd’hui ils sont face à leurs propres dénigrements, face à leurs propres mensonges.

Nous savons maintenant quels sont les pays qui sont surarmés, quels sont les pays qui disposent de la ferraille militaire. Nous savons maintenant quels sont les pays qui imposent des sacrifices à leur peuple pour un développement social, politique et économique au lieu d’une militarisation à outrance.

Ces événements de 6 jours ont permis au Burkina Faso de laver la honte, de rétablir la vérité. Ils ont permis au monde entier de nous connaître sous notre vrai jour, et seuls ceux qui détestent la révolution et ils sont nombreux continueront par leurs manœuvres à vouloir semer la confusion. Des combats nous attendent et il nous faudra les gagner.

Je voudrais souhaiter à tous pour cette année 1986 qui commence, le bonheur conformément à ce que nous formulons comme intention et aux efforts que nous sommes disposés à engager. En vous souhaitant à tous une bonne et heureuse année, je voudrais demander à chacun de se ressaisir et de considérer ce qui vient de se passer comme un épisode, certes, malheureux, mais plein d’enseignements. Je voudrais que nous analysions cela, cette expérience.

Nous savons, nous, révolutionnaires, que chaque jour qui passe est un jour d’affrontement. Nous savons que depuis le jour où c’était le 26 mars 1983 à cette même place, nous avons proclamé que  « lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble», depuis ce jour, nous sommes face à face avec l’impérialisme et ses valets.

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Ne pas se laisser entraîner dans des combats inutiles – 3 Janvier 1986
    On n’a pas besoin de s’éterniser au pouvoir pour libérer les âmes et les esprits de ses concitoyens . Sankara en est un témoignage patent. Votre site a abattu un travail colossal de vivification de la mémoire de Thomas Sankara.Il a accepté le sacrifice suprême pour laisser sans tache et sans souillure des principes , des idées et des actes qui seront autant de contributions fertiles à l’édification d’une Afrique enfin digne , prospère et respectée.

  2. Merci de mettre à la disposition de la nouvelle generation, et celles à venir cette source inépuisables d’idées et d’idéaux qui peuvent servir de catalyseur pour une Afrique qui cherche ses marques pour son développement mais qui dispose paradoxalement de toutes les potentialités

  3. <>

    “MIK” est plus probablement en référence aux avions de fabrication soviétique, Mikoyan-Gourevitch MiG, utilisées à l’époque par l’Armée malienne. MiG on le prononçait “Mik” ou on l’entendait ainsi.

    Les AK47 étaient simplement appelés “Kalash”.

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