Artiste :  Fils D’able & Baker

Titre : Sankara Dort

Album: N.A.S.A.L, 201, France



Chronique:

Comment définir cet ovni musical qu’est Fils d’Able & Baker? Via ce concept N.A.S.A.L développé non pas sur un mais sur trois albums! L’auditeur ouvert devrait s’aventurer avec plaisir dans la galaxie musicale d’un artiste ayant laissé sur terre toute ambition commerciale.

De cette aventure spatiale, où les singes de l’espace sont les stars, les prémices sont posés dans un premier album groovy, à la basse dansante et aux instrumentations bien placées. C’est frais, alternatif et drôle dans le texte! Vient ensuite l’album Spoutnique Laika qui pourra perdre l’auditeur dans un dédale de styles musicaux. C’est un album musicalement déroutant et composé avec talent. Pour clore en beauté, Fils D’Able & Baker nous offre un tour du monde musical, mixé en deux plages de 15 minutes. Cumbia, beats afro, cuivres Balkaniques se mêlent et s’entrecroisent ainsi sur des rythmes électro….

Au final, on peut dire que Fils D’Able And Baker s’amuse à brouiller les pistes afin de nous faire profiter de toute l’étendue de son talent. On aimera l’humour de ses textes posés, parfois rappés et sur une musique ouverte et variée.

album Les doigts dans la bouche

Le Titre : Sankara Dort

Sortie en 2013, Le titre Sankara dort est paru sur l’album N.A.S.A.L, le premier des trois opus présentés ci-dessus. Une production minimaliste, alternative qui fait de cette chanson de 2’30 une douceur afro. Un titre où le texte est rappé tranquillement sur un instru qui flirt avec l’Afrobeat. On ressent que l’artiste s’est imposé une ligne artistique et qu’il a misé sur l’humour pour faire connaitre Thomas Sankara à ses auditeurs. Cette chanson est une manière originale de présenter Thomas Sankara, Le grand leader africain n’étant pas le seul sujet traité par Fils d’Able & Baker, nous avons voulu savoir comment l’auteur avait eu l’idée de cette chanson.


Le texte de “Sankara dort” de Fils d’Able & Baker

J’ai tiré sur Thomas Sankara

J’ai tué hier au supermarché

J’ai acheté du café

J’ai achevé sankara

j’ai acheté cent carats d’or

et Sankara dort

et la FrançAfrique dore

« café en promotion. les esclavayeurs africains ont touché 5 au lieu de 10 centimes pour la journée. Promotion. 10 % de remise. L’arme qui couche un leader coûte cher »

J’ai tué Sankara.

Cent carats d’or, payés pour l’Afrique

Ou pour les pestiférés

Peste j’ai noyé Zongo

J’ai fait taire Norbert

J’ai laissé la lumière

fait tourner l’nucléaire

J’ai étouffé Norbert Zongo

Tout ça hier

Et aujourd’hui ils n’en ont pas fini de mourir

Mais toi aussi tu tiens l’arme en bout de caisse

Au moins j’espère que tu souris à la caissière


Interview

Bonjour, un titre sur Thomas Sankara, par un petit français on se demande forcément pourquoi ?

Je pense que ça commence par un voyage, des découvertes, des confrontations violentes au réel, et la nécessité de ne pas fermer les yeux mais de s’intéresser à l’autre.

En 2009, j’ai passé 6 mois en Afrique de l’Ouest, majoritairement à Bamako avec des amis musiciens bobos, donc originaires du Burkina Faso. Je me souviens de discussions que nous avions sur le dictateur Compaoré et sur Thomas Sankara.

Je pense que quand nous créons des liens forts avec des pays et des personnes, l’intérêt que nous portons à l’histoire et à l’actualité de ses régions augmente. Nous avons l’impression que cela se mêle à notre histoire plus intrinsèquement car cela touche une part de nous-même connue à travers des amis, des paysages ou des lieus. Si je vois un article sur le Mali, sur Sedar Senghor, sur Hampâté Bâ, sur la Négritude mon cerveau sera spontanément curieux.

Ainsi j’ai lu des articles, vu des documentaires et des spectacles sur Thomas Sankara, mais aussi sur Norbert Zongo ou Patrice Emery Lumumba au Congo…

Et on se rend compte que cela fait partie de notre Histoire française aussi: L’histoire Françafricaine. Une trame complexe où les liaisons se font dans toutes les directions.

Mais Thomas Sankara c’est aussi un homme fascinant de part sa vie, le rêve qu’il a mis en branle et laissé bien vivant derrière lui! L’éducation des militaires, l’anti-impérialisme et l’indépendance sont autant de questions qu’il a soulevé comme d’autres avant et après lui, mais qui restent d’actualité.

Et puis c’est quoi cette histoire de café? Cela m’a fait rire…

Ce n’est pas un texte très profond.

Tel que je l’entend aujourd’hui c’est un poème/exutoire Naïf d’un occidental qui s’effraie de son pouvoir de CON-sommateur. De la facilité avec laquelle je peux acheter un produit du bout du monde sans me soucier de son impact social et de la manière dont il est produit. Et si je m’en soucie, est-ce que je m’en passe?

Café, Uranium, Huile de Palme et bien d’autres sont des produits d’Afrique mais qui sont réservés à l’export par des biais d’accords économiques et politiques douteux qui ne placent pas les pays sur un pied d’égalité. La Domination et la Corruption sont plus maintenues qu’on ne veut le dire…

Je n’ai pas trouvé de café pendant tout le temps que j’ai passé au Mali. On n’y trouve que du Nescafé soluble produit en Europe… cette aberration m’a turlupiné sans doute.

Ce qui est gratté dans ce texte c’est comment un simple achat ou une ampoule allumée peut desservir un rêve ailleurs. Notre rapport à l’humanité à travers des actes quotidiens. je crois que c’est des choses qui me dérangent et m’empêchent d’être bien assis, et tant mieux car je ne signe pas pour la bienséance.

Autant d’années après avoir fait ce titre, es ce que tu t’intéresses toujours à Thomas Sankara? ou à l’histoire récente du Burkina Faso?

Bien sûr, comme je le disais plus haut, j’ai ce lien de curiosité avec Thomas Sankara. Je suis d’ailleurs très content d’avoir découvert votre site http://www.thomassankara.net suite à votre sollicitation car il y a peu je cherchais à réécouter le discours qu’il avait prononcé à l’Onu en 1984. Je l’ai trouvé sur votre site, bravo et merci.

Pour ce qui est du Burkina Faso je n’y suis jamais allé et à part la récente destitution de Blaise Compaoré, je ne sais rien. Je me suis récemment plus intéressé au Congo et au mouvement “Lucha”, qui est lié il me semble au “Balai Citoyen” au Burkina dont je ne sais pas grand-chose. Mais la curiosité nous promène est c’est ce qui pimente nos vies!

Que signifie ce nom?

Able et Baker sont le nom de deux singes qui furent envoyés dans l’espace par la N.A.S.A.
Le Fils d’Able et Baker serait le fruit de leur union, un spatio-primate en dérive dans l’espace infini…
Cet être esseulé s’ennuie ferme à bord de son vaisseau-peau-d’banane de la N.A.S.A.L. (New Association for Space’s Arts Launch).
Pour tuer le temps, il fait de la musique avec les sono-planctoïdes qu’il rencontre et envoie des messages radiosonique à travers l’espace à qui les entendra…
On comprend mieux cette histoire en écoutant le 2ème Opus: SPOUTNIK LAIKA en hommage à la chienne russe.

Propos recueilli par Sebastien Meseray


Album N.A.S.A.L

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