Compte rendu de la soirée

21 députés français ont paraphé la demande d’enquête parlementaire, déposée le 10 juin 2011, pour élucider l’assassinat de Thomas Sankara. Afin de soutenir cette démarche, une grande soirée a été organisée à Paris à l’appel de nombreuses organisations, associations partis et syndicats. Il s’agissait de soutenir cette démarche et de montrer qu’il existe des hommes et des femmes, au delà des parlementaires, qui s’engagent dans la campagne “Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique” (on peut signer la pétition support de la campagne à l’adresse http://thomassankara.net/?p=866). Plus précisément qu’il existe des citoyens actifs en France qui demandent que la part de vérité en France soit publiquement mise à jour.

Compte tenu de l’important mouvement de révoltes de la jeunesse après l’assassinat d’un jeune collégien, du mouvement social qui s’en suivit à l’appel de la coordination contre le vie chère et de l’engagement d’une partie de l’opposition derrière le mot d’ordre “Blaise doit partir”, il était naturel pour les organisateurs que la soirée soit aussi placé sous l’égide de solidarité avec le peuple burkinabè.

La soirée était organisée par l’association SURVIE avec le soutien de plusieurs organisations.

Environ 150 personnes ont participé à cette soirée qui a bénéficié de l’engagement de plusieurs artistes burkinabé, Carlos Ouedraogo, conteur et hommes de théatre et les musiciens Paco Koné, Aboudlaye Traoré et Désiré Sankara. Le chorégraphe Serge Aymé Coulibaly qui devait aussi participer a raté son train en provenance de Lille où il prépare un nouvau spectacle.

De nombreux-ses intervenant-e-s des partis et syndicats francais (PCF, EElesVerts, NPA, CGT, Solidaires) et associations (Survie et l’AFASPA), Maitre Benewendé Sankara, chef de file de l’oppositon au Burkina, Président de l’UNIR/PS (Union pour la renaissance, parti sankariste), un représentant de l’Association des Etudiants Burkinabè en France, ont expliqué leur engagement en soutien aux luttes du peuple burkinabè ou pour que la France livre sa part de vérité sur cet assassinat.

Issa Sory, de l’AEBF, rappela, au nom du collectif contre la vie chère, la génèse du mouvement pour la justice et contre la vie chère des mois de février, mars et avril 2011 et les nombreuses raisons du mécontentement des la population. Les représentants du syndicats Solidaires et de la CGT leur solidarité avec les syndicats burkinabè.
Jacques Fath responsable international au PCF a parlé d’accélération de l’histoire en Afrique qui nous amène à un moment où convergent les intérêts des peuples européens et africains. Selon lui, les élections en France en 2012 constituent une occasion de changer de politique et d’en finir avec la Françafrique. Patrick Farbiaz pour EEles Verts, conseillé d’Eva Joly, a confirmé que les partis à gauche devraient avoir pour objectif en 2012 d’en finir avec les réseaux de la Françafrique. Un représenrant du NPA s’est livré à une comparaison émouvante entre Che Guevara et et Thomas Sankara. Benewende expliqua les blocages du dossier au Burkina, puis broassa le tableau de la crise de cette année 2011. Aziz Fall, le coordinateur de la campagne Internationale justice pour Sankara, lors d’un passage éclair, a fait le point sur le volet judiciaire au niveau de l’ONU. Les représentants de SURVIE et de l’ AFASPA colturèrent les interventions en expliquant les raisons de leur engagement dans la campagne.

Iénée Domboué du comité Sankara de Montpellier a lu une lettre de Mme Sankara de soutien à cette soirée.

Lettre de Marima Sankara adressée aux participants à la réunion (1)

Lettre de Marima Sankara adressée aux participants à la réunion (2)

La soirée se clotura par la partie musicale? En particulier la mise en musique par Paco Koné, Désiré Sankara et Abdoulaye Traoré du discours de Thomas Sankara contre la dette de juillet 1987 à Addis Abeba.

Tout au long de la soirée étaient projetés des photos ou des vidéos des manifestations qui se sont déroulée au Burkina de février à avril 2011.

Une partie des orateurs de la soirée

Vous trouverez ci-dessous quelques interventions, celles que nous ont transmises les orateurs et des photos de la soirée. Vous trouverez des albums de la soirée sur facebook à l’adresse [https://www.facebook.com/pages/Justice-pour-Thomas-Sankara-justice-pour-lAfrique/104492789586755#!/pages/Justice-pour-Thomas-Sankara-justice-pour-lAfrique/104492789586755?sk=photos
->https://www.facebook.com/pages/Justice-pour-Thomas-Sankara-justice-pour-lAfrique/104492789586755#!/pages/Justice-pour-Thomas-Sankara-justice-pour-lAfrique/104492789586755?sk=photos]
Paco Koné, Carlos Ouedraogo, Désiré Sankara et Abdoulaye Traoré

Tout en bas de l’article vous trouverez aussi un lien vers une vidéo de quelqu’un dans la salle qui a filmé les interventions issues de la salle

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Message CGT meeting Burkina 1er juillet 2011 lu par Olivier Blamengin responsable Afrique à la CGT.

Par sa présence à cette soirée, la CGT souhaite exprimer sa solidarité, comme elle l’a toujours fait, avec les luttes sociales et avec les luttes contre l’impunité qui se déroulent actuellement au Burkina Faso, exprimer aussi naturellement notre solidarité à nos camarades syndicalistes de la CGTB engagés dans ces combats.

Le camarade de l’ANEB a rappelé la longue tradition de luttes syndicales et politiques des mouvements sociaux du pays : sur les dernières décennies, 1998, 2008, 2009, etc. et, aujourd’hui, les révoltes de la jeunesse de février-mars dernier et les grandes manifestations du 8 avril 2011 à l’appel du Collectif contre la vie chère, dans lequel le mouvement syndical joue un rôle déterminant.

Une longue tradition de luttes, mais aussi une situation nouvelle qui doit conduire le mouvement syndical international à exprimer plus fortement encore sa solidarité :
– une convergence des luttes contre l’impunité, qui montent depuis l’assassinat de Norbert Zongo et 1998, avec les luttes sociales et syndicales qui, au-delà des manifestations de masse comme celle du 8 avril, touchent de multiples secteurs du monde du travail ;
– un élargissement des bases sociales de la contestation, aux paysans ou aux classes moyennes commerçante par exemple ;
– des contradictions au sein même du pouvoir qui n’ont jamais été aussi fortes, comme en témoignent les mutineries à répétition de ces derniers mois au sein de l’armée.

Il y a comme une atmosphère de fin de règne aujourd’hui à Ouagadougou. Les réponses du pouvoir à ces mobilisations sans précédent (le remaniement ministériel, les promesses d’enquête, la satisfaction de certaines revendication portées par l’intersyndicales depuis de nombreux mois ou quelques mesures de contrôle des prix, inefficaces) ne répondent pas aux aspirations de la population. Elles n’apportent pas de réponse aux revendications sur le pouvoir d’achat ; elles ne répondent pas aux aspirations à plus de justice de la jeunesse. Elles ne répondent pas aux aspirations démocratiques de la population dans son ensemble. Car c’est le système Compaoré lui même qui est au coeur de ces problèmes.

Les mobilisations au Burkina Faso ne sont pas isolées. Il y a bien sur le vent de liberté qui a emporté la dictature tunisienne et qui fait vacillé les régimes du monde arabe. Il y a eu les émeutes des 23 et 27 juin au Sénégal. Mais aussi les manifestations à Djibouti, à Nouakchott, au Swaziland ou en Ouganda.

Partout, au Nord et au Sud, les peuples ont les mêmes aspirations à plus de justice sociale et à plus de démocratie.

Paco Koné, Carlos Ouedraogo, Désiré Sankara et Abdoulaye Traoré

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Jacques Fath Responsable national du PCF aux questions internationales. Membre de l’exécutif national.

1 juillet 2011 à Paris Intervneiotn de Jacques Fath pour le PCF

«La France a un lourd passé colonial avec l’Afrique, avec le Burkina. Pour construire l’avenir, il est indispensable de revenir sur ce passé, sur la nature actuelle du rapport franco-africain , sur le néo-colonialisme français.

Ce rapport s’est structuré sur les pratiques de la Françafrique – avec les enjeux économiques qui viennent d’être évoqués par nos amis syndicalistes – et dans la volonté de maintenir les peuples sous domination.

Quand je vois ce qui se passe plus généralement avec les mouvements sociaux, les soulèvements populaires dans le monde arabe, en Afrique, au Burkina mais aussi au Sénégal, à Djibouti… je crois que nous pouvons parler d’une sorte de basculement de l’histoire. Certains parlent d’une période nouvelle, moi je préfère parler d’une sorte d’accélération de l’histoire , d’un basculement de l’histoire politique du capitalisme. Les peuples ne supportent plus les politiques qu’on leur impose. Ils ne supportent plus l’extrême pauvreté, le fait d’être étouffés. Ils aspirent à la dignité, à la démocratie au respect des libertés. Les intérêts de tous ces peuples convergent, qu’il s’agisse du monde arabe, de l’ Europe de l’ Afrique…

J’ai eu l’occasion de lire avec attention le dossier de presse qui a été réalisé pour la demande d’ouverture d’enquête. Je me suis arrêté sur les deux phrases de Thomas Sankara. Il parle de ce que doit être selon lui la révolution. Il souligne des exigences concrètes en matière d’alimentation, d’éducation, de logement, etc…il évoque «le besoin de plus de liberté, de démocratie, de dignité…». C’est exactement ce que les peuples arabes demandent aujourd’hui. C’est aussi ce dont nous avons tous besoin pour faire une révolution! On a le sentiment que ce jeune dirigeant africain était en avance ! Ecoutez encore cette phrase, il poursuit: «Notre révolution n’aura de raison d’être que si elle peut répondre concrètement à ces questions», puis: «le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que finalement, il faut s’asseoir et écrire son développement; il faut s’asseoir et écrire son bonheur…». C’est une formule décisive. Il signifie par là que la révolution dépend de l’affirmation d’une conscience populaire, d’une capacité autonome des citoyens à agir. C’est aussi ce que nous voulons gagner en France et en Europe.

La portée de cette pensée… c’est le sens du basculement de l’histoire.

Alors je veux vous dire, pour conclure, qu’à propos de cette demande d’enquête parlementaire, nous nous inscrivons dans une démarche durable. Nous voulons aller jusqu’au bout. Nous savons que ce sera une action longue et difficile. Nous la menons pour avoir la vérité sur ce qui s’est passé. Je pense notamment à la veuve de Thomas Sankara, à sa famille, au peuple du Burkina. Nous porterons ce débat aussi parce qu’il intéresse complètement la vie politique en France. Il s’agit de la politique étrangère de la France et cette action peut nous aider concrètement à traiter cette question pour pouvoir enfin sortir de la Françafrique. Nous ne lâcherons pas. Il peut y avoir des changements en 2012. Mais nous savons qu’il ne suffit pas de changer de gouvernement pour que les choses changent. Nous en avons l’expérience. Nous ne lâcherons pas, ni aujourd’hui, ni demain».

Paco Koné

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Le texte lu par Moulaye au nom du Groupe de Travail Afrique du NPA (Nouveau parti capitaliste)

1 juillet intervention au nom du groupe Afrique du NPA

Une semaine avant sa mort (le 15 octobre 1987), Thomas SANKARA avait rendu un vibrant hommage à Che GUEVARA. Tout un symbole ! Thomas est devenu pour tous les jeunes du monde le symbole de l’engagement, au-delà de son seul pays le Burkina Faso « le pays des
hommes intègres ». Cette jeunesse intrépide, assoiffée de dignité, de courage et d’idées qu’il appelait de ses voeux a soif aujourd’hui de boire à la source vivifiante des idées posées par le Che africain Thomas Sankara. Les événements actuels portés partout dans le Maghreb et en Afrique subsaharienne par les jeunes en sont la preuve.

Dans son hommage à Che Guevara, Thomas disait que le Che était un Burkinabè alors nous rajouterons aujourd’hui que le burkinabè Thomas Sankara est le Che. Car le Che est une conviction révolutionnaire, une foi dans ses actes, le Che est un don de soi, un
internationalisme qui dépasse les frontières. Le Che est une intégrité, le Che est un idéal. Et Thomas était tout cela à la fois. Approchons nous donc de l’esprit du Che car cet esprit est avec nous aujourd’hui, il nous accompagne à chaque fois qu’on parle de Thomas Sankara.

Thomas, le frère d’Harlem, Thomas le frère de l’Amérique latine, Thomas, le frère de tous les révolutionnaires du monde. Approchons nous des idées du che africain, de celui qui rêva d’une Afrique fière et debout, ne comptant que sur ses propres forces et dans le courage de ses enfants.

En ces temps de révolutions portées partout en Afrique par sa jeunesse qui « refuse désormais de mourir de faim, de soif et d’ignorance », le message de Thomas reste vivace. Il disait :
« Notre solidarité militante ira à l’endroit des mouvements de libération nationale qui combattent pour l’Indépendance de leur pays et la libération de leur peuple ». Dans chaque forum international, à chaque tribune internationale qui lui était offerte, Thomas Sankara s’est fait le chantre des opprimés et pas seulement de l’Afrique.
Aujourd’hui, 50 ans après les Indépendances, la libération n’est toujours pas acquise. Car l’impérialisme, comme le disait si bien Thomas Sankara « est un monstre qui a des griffes, des cornes, des crocs, qui mord, qui a du venin et qui est sans pitié. Il est déterminé, il n’a pas de coeur ». Aujourd’hui, qu’on l’appelle Françafrique ou néocolonialisme, l’impérialisme est toujours présent en Afrique, il n’a toujours pas de coeur, il est toujours tout aussi déterminé.
Son venin nous a enlevé celui qui restera pour nous un Che. Ils nous ont enlevé un homme intègre, un homme de foi, un homme de conviction. Mais, ils ont oublié une chose : on peut tuer les hommes mais on ne tue pas les idées.

« Mûrissent partout les moissons des voeux patriotiques. Brillent les soleils infinis de joie. »
(Hymne national du Burkina Faso).

Source : http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-ouest/burkina-faso/article/texte-dafriques-
en-lutte-a-la

Intervention de Aziz Fall

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Intervention de Germaine Nassouri haut commissaire pendant la révolution

: “Thomas Sankara était un homme comme et moi; un homme que l’on tutoie facilement. C’était un homme passionné qui a voulu construire le Burkina Faso avec ce sentiment des grands hommes ; quand on sait que rien de grand ne se construit sans passion on imagine aisément ce qu’il voulait de son pays le Burkina Faso. En quatre ans il voulu rendre a son peuple toute sa dignité a ce peuple qu’on appelait par ironie terre des hommes il a magnifie son courage et son intégrité d ou Burkina Faso terre des hommes intègre en cela il a réussi plus personne ne se souvient que on nous appelait “voltaïques”.

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Intervention de Michèle Decaster au nom de l’AFASPA

1er juillet intervention de Michèle Decaster pour l’AFASPA

L’assassinat de Thomas Sankara, une question d’actualité
Anti-impérialiste, révolutionnaire et visionnaire quant aux principes de développement des potentiels de son pays et de l’Afrique, Thomas Sankara a connu le sort de tous ces Africains portés aux avant-postes d’un combat libérateur par les peuples qui entendaient s’émanciper de la colonisation et de l’accaparement des immenses richesses de leur continent pillé depuis 5 siècles.

Parce qu’ils prônaient un avenir d’indépendance panafricaine, que leurs visions du monde et des rapports entre les peuples allaient changer l’ordre du monde, ces figures des indépendances ont été éliminées par les puissances impérialistes aidés des valets locaux. Des puissances de l’argent qui n’entendaient pas abandonner la mainmise sur l’Afrique, qui ont créé pour ce faire des outils appropriés : FMI, Banque Mondiale, OMC. Elles sont de plus en plus nombreuses sur le continent et leurs règlements de compte sur le sol africain suscitent toujours tueries et exodes de populations civiles.
Des hommes, symbolisant la dignité de l’Afrique ont été éliminés physiquement : Ruben Um Nyobé au Cameroun en 1958, Patrice Lumumba au Congo en 1961, Mehdi Ben Barka au Maroc en 1965, Modibo Keita au Malien en 1977, Thomas Sankara assassiné lors du coup d’Etat de 1987 au Burkina Faso. D’autres écartés du pouvoir comme N’Khruma au Ghana.

Thomas Sankara prônait le débat d’idées. Dans sa lettre du 19 août 1987 à tous les ministres, reproduite dans la revue Aujourd’hui l’Afrique après son assassinat, illustre sa vision constructive alors que d’autres agissaient à l’encontre de la Révolution « (…) Avec perspicacité révolutionnaire, sans complaisance mais sans sectarisme, vous devez courageusement engager le débat d’idées. Ceux qui font entrave au combat du peuple devront être convaincus par la force de vos arguments, à défaut vous devrez les amener au moins à respecter les devoirs du bon citoyen et à accomplir correctement les tâches qui leur sont confiées.(…/) il reste que vous devez rester fermes vis-à-vis de tous ceux qui, provocateurs fanatisés ou subtils saboteurs, confondraient dialogue et faiblesse.

LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS ! »

L’AFASPA s’est associée à l’exigence de vérité et de justice à propos de l’assassinat du visionnaire qu’était Thomas Sankara qui défendait des valeurs universelles, même quand elles allaient à contre courant d’idées ancestrales comme la situation et le rôle des femmes dans la société.

Je termine sur un extrait de son discours du 8 mars 1987 intitulé
« La libération de la femme : une exigence du futur »,
« Les promesses de la révolution sont déjà réalités chez les hommes. Chez les femmes par contre, elles ne sont encore que rumeurs. Et pourtant c’est d’elles que dépendent la vérité et l’avenir de notre révolution : questions vitales, questions essentielles puisque rien de complet, rien de décisif, rien de durable ne pourra se faire dans notre pays tant que cette importante partie de nous-mêmes sera maintenue dans cet assujettissement imposé durant des siècles par les différents systèmes d’exploitation. Les hommes et les femmes du Burkina Faso doivent dorénavant modifier en profondeur l’image qu’ils se font d’eux-mêmes à l’intérieur d’une société qui, non seulement, détermine de nouveaux rapports sociaux mais provoque une mutation culturelle en bouleversant les relations de pouvoir entre hommes et femmes, et en condamnant l’un et l’autre à repenser la nature de chacun. »

Solidarité avec les luttes du peuple du Burkina Faso.

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Une vidéo des interventions issues de la salle.



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Message de l’Association des Etudiants Burkinabé en France à la soirée « Vérité et justice pour Thomas Sankara Solidarité avec le peuple burkinabé »

Intervention d’Issa Sory de l’AEBF

L’Association des Etudiants Burkinabé en France tient à remercier les organisateurs de la soirée sur « Vérité et justice pour Thomas Sankara Solidarité avec le peuple burkinabé » entrant dans le cadre des activités pour l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara et pour soutenir la lutte du peuple burkinabè.

Ce propos introductif aux échanges de cette soirée s’articule autour des points suivants :
– l’aperçu sur la CCVC ;
– l’assassinat de l’élève Justin ZONGO, la crise nationale et la position de la CCVC ;
– l’approfondissement de la crise sociopolitique par l’entrée en luttes des différentes couches sociales

1. Aperçu sur la CCVC

Depuis près d’une décennie le mouvement syndical au Burkina Faso, dans l’Unité d’Action, a organisé d’importantes luttes sociales collectives ou sectorielles sous forme de marches – meetings, grèves générales, toutes dirigées contre les P.A.S et la précarité, contre la vie chère, contre l’impunité et pour le renforcement du processus démocratique. Il suffit de rappeler à cet égard, les grandes grèves et marches – meetings d’avril, mai et juillet 2002, d’avril 2003, de décembre 2004, de février, mai, octobre et décembre 2005, de mai, juin, juillet et septembre 2006 et de juillet 2007.

De même et dans la même période, différentes couches de la société, élèves et étudiants, travailleurs de l’économie informelle, associations et mouvements de femmes, de jeunes, de défense de droits humains, de luttes anti corruption, s’appuyant sur l’expérience inédite du Collectif des Organisations Démocratiques de Masses et de Partis Politiques (CODMPP) créé suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, ont interpellé les gouvernements successifs de la IVè République sur les dures conditions d’études, de travail et de vie des populations, sur les questions de l’impunité des crimes, de la corruption, des atteintes graves et répétées aux libertés démocratiques et syndicales.
Malheureusement, le pouvoir de la 4e république, comme à son habitude a toujours tenté de minimiser l’impact de ces luttes tout en jouant au dilatoire, voire en les réprimant, espérant briser l’élan du mouvement.

Dans la même période et face à la flambée des prix des céréales particulièrement dans le dernier trimestre de 2007, à celle des hydrocarbures et des autres produits en janvier 2008, les organisations syndicales ont exigé du gouvernement « des réponses urgentes aux préoccupations des travailleurs qui n’en peuvent plus et n’attendront pas davantage des solutions qui n’ont que trop tardé ». A l’occasion, le mouvement syndical appelait à une large mobilisation au – delà des syndicats en lançant un appel aux autres organisations (des élèves et étudiants, des consommateurs, des droits humains, des femmes, des jeunes, …) pour des initiatives communes autour de la lutte contre la vie chère. ».

C’est dans ce contexte qu’éclatent des émeutes les 20, 21, 22 et 28 février 2008, à Bobo-Dioulasso, Banfora, Ouahigouya et Ouagadougou. Le mouvement syndical se réunit le 28 février 2008 à la Bourse du Travail de Ouagadougou et prend position sur ces événements à travers un « Appel pour des luttes organisées et massives contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés » et en invitant les “différentes associations et mouvements représentatifs de la société civile, préoccupés par les questions de la vie chère, de la corruption, de l’impunité et des libertés à une rencontre de concertation le 6 mars 2008 à la Bourse du travail de Ouagadougou ».

Ainsi, après la rencontre du 6 mars, celle du 12 mars 2008 allait consacrer la naissance de la Coalition Nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés.
Au total, ce sont trente organisations, associations et mouvements divers, au départ, regroupés autour d’une plate forme d’action qui prend en compte les préoccupations des organisations syndicales de travailleurs, les mouvements et associations de défense des droits humains, des femmes, des journalistes, de la liberté de la presse, de la jeunesse estudiantine, de la jeunesse populaire, de lutte anti- corruption, des petits et moyens commerçants, des paysans, etc.

La création de la CCVC est venue confirmer une fois de plus, l’esprit de vitalité et de créativité du peuple burkinabé qui sait trouver à chaque tournant de sa vie, les ressources nécessaires pour s’organiser et se battre en rangs serrés afin de conquérir de meilleures conditions d’existence, contre les injustices de toutes sortes et pour les libertés.

Depuis lors, la CCVC a réalisé d’importantes luttes autour du thème central et parmi lesquelles on peut retenir les luttes de mars et avril 2008, de mai 2009, de février, mars, avril et août 2010, de mars et avril 2011.

2. L’assassinat de Justin ZONGO, la crise nationale et la position de la CCVC

Les manifestations de protestation des élèves et étudiants qui ont débuté à Koudougou le 22 février 2011 puis ont gagné progressivement toutes les grandes localités du Burkina comme Ouagadougou, Ouahigouya, Réo, Léo, Fada, Dori, Kaya, Tenkodogo, Koupéla, Bogandé, etc. ont été déclenchées suite à l’assassinat de l’élève Justin Zongo en classe de 3è dans un collège privé de Koudougou.

La répression violente et barbare abattue sur les manifestants a eu pour conséquences la mort de six (6) autres personnes et la propagation du mouvement de révolte dans les autres villes.
Pour la Coalition Nationale de lutte Contre la Vie Chère, la situation de crise actuelle qui secoue les villes du Burkina est le fait du pouvoir de Blaise Compaoré, de son gouvernement qui ont usé du mensonge pour étouffer la vérité, de la violence injustifiée pour réprimer les manifestations des populations de Koudougou.

Au regard des éléments ci-dessus développés, la Coalition nationale de lutte contre la vie chère a condamné sans réserve la répression des scolaires ainsi que la campagne d’intoxication et de diabolisation de leur lutte, les fermetures intempestives des établissements d’enseignement ainsi que les suspensions abusives des œuvres universitaires et exigé :
– que toute la lumière soit faite sur la mort de l’élève Justin Zongo ;
– que les responsabilités soient établies ;
– que cesse l’usage des armes à feu dans le maintien de l’ordre.

Enfin, la CCVC a :
– Soutenu la juste lutte des élèves et étudiants pour la justice pour Justin ZONGO ainsi que leurs camarades tués au cours de la répression sanglante de leurs mouvements ;
– appelé ses militantes et militants à la solidarité avec les élèves et étudiants en lutte. En particulier elle les a appelés à apporter leur soutien sous toutes les formes aux étudiants déguerpis des cités universitaires à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et qui se sont vu refuser l’accès aux restaurants universitaires et aux autres œuvres sociales ;
– appelé ses militantes et militants, ses sympathisants, les démocrates et progressistes à travers l’ensemble du territoire national, à se mobiliser massivement pour une grande journée nationale de lutte le vendredi 8 avril 2011 dans toutes les localités du pays pour interpellé le gouvernement afin qu’il examine et solutionne les préoccupations exprimées et essentiellement axées d’une part, sur les questions de l’impunité et des libertés et d’autre part, sur la vie chère.

3. L’approfondissement de la crise sociopolitique par l’entrée en luttes des différentes couches sociales

La CCVC est née dans un contexte d’exacerbation de la vie chère et d’approfondissement de la crise socio politique consécutive au drame de Sapouy le 13 décembre 1998.

Après les élèves et les étudiants, ce sont les soldats de rang qui sont descendus, armes au poing, dans les rues dans toutes les grandes villes du pays.

Une descente particulièrement musclée marquée par des dégâts matériels qui ont eu pour conséquence d’amener les commerçants à leur tour à descendre dans la rue.

En conséquence de cette descente également, les magistrats, les avocats, les greffiers et les agents de justice, dans l’unité d’action, ont arrêté le travail à travers un exemple inédit d’unité d’action dans leur secteur d’activités.

La crise consécutive aux événements de Koudougou s’est rapidement enlisée avec les luttes des élèves et étudiants à travers le pays, puis par les manifestations des militaires tout aussi rapidement muées en mutineries d’abord le 22 mars puis accentuée les 14 et 15 avril, les 29 et 30 mai, les 1er, 2 et 3 juin.

De fin mai et courant le mois de juin, des luttes sectorielles se sont menées et se poursuivent. On peut citer les luttes des enseignants du primaire et du secondaire, des agents de la Société Sucrière de la Comoé (SOSUCO), des artisans du Village Artisanal de Ouagadougou, des agents du ministère de l’économie et des finances, des agents des impôts, etc.

Camarades, comme vous pouvez le constater, le peuple burkinabé s’est toujours battu pour l’amélioration de ses conditions de vie, pour des droits démocratiques et contre l’impunité, en témoignent :
– le soulèvement populaire du 3 Janvier 1966 ;
– la grève générale des 17 et 18 décembre 1975 ;
– la large unité d’action des syndicats pour les libertés démocratiques et syndicales et pour le pouvoir d’achat en mai 1987;
– la première grève générale après la décennie de régimes d’exception, en juin 1992 ;
– le Comité pour le Règlement des Affaires pendantes en matière de Droits Humains (CRADH) le 15 juin 1995 ;
– la protestation contre le verrouillage du processus démocratique et contre la levée de la limitation du mandat présidentiel en février 1997;
– le Collectif des Organisations Démocratiques de Masses et de Partis Politiques (CODMPP) en décembre 1998 ;
– l’Unité d’Action Syndicale (UAS) véritablement en marche depuis 1999 ;
– les grandes luttes des étudiants en 1999/2000, 2002, 2005 et 2007 à 2011.

Par conséquent, camarades organisateurs de cette soirée, toute action entrant dans le cadre de manifestation de la justice pour Thomas Sankara, pour tous les crimes impunis et pour la popularisation des luttes de notre peuple s’inscrit pleinement dans l’élan actuel des forces progressistes de notre pays.

Vérité et justice pour Thomas Sankara et toutes les victimes tombées sous les balles assassines du capitaine Blaise Compaoré !

Vive le peuple burkinabé en lutte !

Plein succès à cette importante soirée !

Merci pour votre aimable attention !

Pour le Comité Exécutif de l’AEBF

Issa SORY, Président de l’AEBF

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