Nous avons retrouvé ce témoignage déjà ancien de la part d’un membre de la grande famille Sankara. En effet Jean Baptiste Nana est le fils de Colette Nana née Sankara, une des soeurs de Thomas Sankara. Il a donc régulièrement séjourné ou passé de longs moments au sein de la cours de la famille Sankara à Paspenga.
Il nous a semblé d’actualité, après la venue récente de Blaise Compaoré à Ouagadougou au mépris de la justice (voir à ce sujet http://www.thomassankara.net/blaise-compaore-a-ouagadougou-mascarade-tourne-fiasco), la lettre de pardon supposée être de Blaise Compaoré lue devant la presse sans passer par la famille et la volonté du MPSR, le (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration) d’aller vers une réconciliation qui semble passer une réhabilitation de Blaise Compaoré. On trouvera les réactions des familles des victimes assassinées le 15 octobre 1987 à ce déni de justice à http://www.thomassankara.net/pardon-conteste-de-blaise-compaore-reactions-familles/
La rédaction du site.

J’ai vécu une partie de mon enfance auprès des parents Sankara appelés affectueusement « Baba ramba et M’ma ramba » mais je ne les ai jamais entendus souhaiter le pire à Blaise Compaoré ni à aucun de ses proches. Je ne les ai jamais entendus dire du mal de Blaise Compaoré encore moins l’insulter, même pas une seule fois. Les rares moments où on pouvait les entendre prononcer le nom de Blaise Compaoré, c’était quand ils évoquaient le passé merveilleux qu’ils ont vécu avec leurs enfants militaires.
Sankara père, M’Baba ramba, m’a confié une fois qu’il ne se rappelait pas de la dernière fois que son portail a été fermé au sens propre du terme. 24h/24h, son portail était ouvert, il recevait tout le monde et tout le monde y venait.
Sankara père fut gendarme-infirmier et après sa retraite, il occupait une partie de son temps libre à aider le corps médical à l’hôpital Yalgado, il le faisait gratuitement (C’est d’ailleurs en sortant de l’hôpital Yalgado qu’il a eu son accident qui lui brisera la jambe). Aussi il occupait une autre partie de son temps à soigner les petits bobos des voisins et à ce titre, il a circoncis plein d’enfants de ma génération. La gendarmerie Nationale, voisine, faisait œuvre utile en le ravitaillant souvent.
La famille Sankara ne sait pas se réjouir du malheur d’autrui bien au contraire elle compatit toujours. Peut-être souvent naïvement, elle a toujours accepté tout le monde et elle a toujours été bienveillante envers tous sans considération aucune.
Le 1er novembre 2014, après la fuite Blaise Compaoré, je me suis rendu à Paspanga pour rendre visite à Valentin Sankara, frère de Thomas. Sur place, j’ai remarqué qu’il avait déjà de la visite mais cela ne m’a pas empêché de rentrer pour échanger avec lui. Après les salutations d’usage, on s’est tous mis à suivre l’actualité à la télé et naturellement, la télé ne parlait que de Blaise Compaoré. Tout triste, Valentin laisse entendre ceci : « C’est vraiment dommage ce qui arrive à Blaise, les enfants le traitent de Blaise-ebola. Il aurait pu éviter tout cela s’il avait écouté la voix du peuple mais bon… il a la vie sauve que Dieu l’accompagne en paix en Côte d’Ivoire »… « qu’à cela ne tienne et peu importe le temps ça va prendre, nous voulons savoir ce qui s’est passé le 15 oct. 1987, il faut que justice se fasse ». Et il continue en disant que les visiteurs qui venaient de partir étaient des journalistes qui voulaient connaitre l’ambiance dans la famille de Sankara après la chute spectaculaire de Blaise Compaoré, que c’était ainsi depuis 24h. Journalistes, amis, connaissances, voisins…, chacun faisait un tour dans la cour familiale à Paspanga espérant trouver les gens en liesse. Ces derniers repartiront mitigés, personne n’est en liesse chez les Sankara parce que Blaise Compaoré est tombé bien au contraire, les Sankara sont tristes pour Blaise pendant que lui-même était persuadé que les Sankara allaient bien se moquer de lui.
Cependant, il n’est question pour personne chez les Sankara de balayer les ordures sous le tapis, la question de LA JUSTICE n’est pas négociable. Il faut rendre justice. La justice n’est pas la haine ni la vengeance mais la justice corrige l’erreur et condamne afin que ça serve d’exemple.
Je termine par une question : Si on demande à Blaise Compaoré de renoncer à son titre d’ancien président et de rendre au Burkina Faso tout ce qu’il a accumulé comme richesse en tant président du Faso avant d’être absous, va-t-il accepter ?
Quand on demande pardon, on se dépouille des fruits de son acte regrettable, c’est logique. Même à l’église, on ne peut te pardonner d’avoir volé une moto alors que tu n’as pas encore rendu la moto.
Jean Baptiste NANA

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