Vous trouverez ci-dessous, la déclaration de la famille du 21 février annonçant qu’elle ne se rendra pas à l’inhumation de Thomas Sankara et de ses compagnons, le texte la déclaration solennelle du 16 février 2023 et de la vidéo, puis plus bas, le communiqué de presse du 5 février 2023

La famille Sankara a continué sans relâche  à plaider pour une autre solution que le Conseil de l’Entente pour enterrer Thomas Sankara. Elle préconise le cimetière de Dagnoen où il reposait avec ses 12 compagnons, avant l’exhumation pour les besoins de l’enquête. Une solution consensuelle qui pourrait avoir l’aval de tous et qui avait déjà été proposée par les familles.

La déclaration du 16 février est lue par Blandine Sankara une des sœurs de Thomas Sankara, entourée de Pauline, une autre soeur et de Honoré Nana un neveu. La déclaration en mooré est lue  par Amado Sankara, un cousin mandaté par le village.
La Rédaction du site

La famille Sankara ne sera pas présente ni représentée à l’inhumation des restes de feu Thomas Sankara (21 février 2023)

Les ayants droit du Président feu Thomas Sankara CONSTATENT QUE LA RÉ-INHUMATION DES RESTES DE THOMAS EST MAINTENUE AU SITE DU CONSEIL DE L’ENTENTE (site du Mémorial Thomas Sankara) MALGRÉ LEUR DISSENSION.

Ils tiennent à réaffirmer à l’opinion nationale, africaine et internationale qu’ils ne seront pas présents AUX OBSÈQUES et ne se feront pas représenter NON PLUS.

Dans ce sens qu’il soit bien connu que quiconque se rendrait à ces cérémonies et qui prétendrait agir au nom de la famille, n’aura pas été mandaté par elle.

La veuve, les enfants, les frères et sœurs.

Ouagadougou le 21 févriers 2023


APPEL SOLENNEL de la Famille Sankara pour une Demande de Grâce Présidentielle afin que les restes du Président Thomas Sankara ne soient pas ré-inhumés au Conseil de l’Entente (16 février 2023)

 

Le caractère solennel, sacré et l’urgence du moment recommandent que nous nous adressions à vous Monsieur le Président de la Transition, au peuple burkinabè et à l’opinion internationale pour demander une grâce présidentielle.

Nous cherchons simplement à inhumer dignement pour la première fois celui-là même qui est fils, père, époux et frère. Permettez que ce soit possible aujourd’hui, ce qui n’a pas pu l’être il y a 35 ans.

Nous voulons enterrer Thomas pour enfin faire notre deuil et que son âme repose en paix.
Notre famille est en train de subir encore une dure épreuve, celle de voir inhumer Thomas contre notre volonté à l’endroit où il a été trucidé, c’est à dire au conseil de l’entente. Nous attirons votre attention qu’il n’est pas mort par accident, mais par un complot bien orchestré. Beaucoup d’autres meurtres ont été perpétrés à cet endroit, sans compter le nombre de personnes qui y ont subi des atrocités.

Nous ne serions pas en train d’évoquer ce problème à l’attention du peuple si possibilité nous avait été donnée d’avoir un contact et de parler de cette question avec Monsieur le Président de la Transition qui avait bien voulu respectueusement demander aux familles de proposer un lieu pour les ré-inhumations des restes de leurs proches. Hélas, ce choix n’a pas été accepté par les personnes en charge des ré-inhumations ! A notre grande surprise, le Conseil de l’Entente, lieu qui avait toujours été écarté, est retenu par ces derniers pour l’ensevelissement des restes de Thomas.

Nous avions souhaité que la scène du crime qui est le Conseil de l’Entente reste intacte pour l’Histoire et conservée pour la mémoire des générations actuelles et futures. Depuis la gestation de l’idée du Mémorial, nous avions également insisté sur la pertinence de la préservation de ce lieu pour la mémoire des martyrs du 15 octobre 1987.

Toutes nos nombreuses tentatives de résolution de la question (tentatives de joindre le Président de la Transition, les propositions pour arriver à un consensus, sont restées sans réponse).

Nous, la famille de Feu le Président Thomas Sankara, nous nous sentons écrasée par la force de la Puissance Publique qui a décidé contre notre souhait de la ré-inhumation, au Conseil de l’Entente, des restes de mon époux, de notre père, de notre frère.

Au nom de votre autorité morale objective et unanimement reconnue en tant que Président de la Transition, au nom de votre humanisme, nous vous demandons solennellement de faire suspendre cette ré-inhumation au Conseil de l’Entente.

Notre souhait est que les restes soient ramenés à Dagnoen où ils ont été exhumés, ou à défaut, au Jardin de l’Amitié au bout de l’avenue Thomas Sankara ou encore au Jardin Yennenga.

Monsieur le Président, vous êtes notre dernier recours contre l’arbitraire qui nous écrase et nous ressentons ce refus comme la seconde Mort de mon époux, de notre père, de notre frère.

Nous sommes avec vous pour la restauration de la Paix dans notre pays.

Ouagadougou, le 16 Février 2023

Les membres de la famille de Thomas Sankara.




Communiqué de presse (5 février 2023)

 

Par notre lettre du 27 Janvier 2023, faisant suite aux différentes rencontres initiées autour de l’inhumation des restes du Président Thomas Sankara et ses douze compagnons d’infortune (exhumés sur décision du juge d’instruction du 25 mai 2015), nous disions notre souhait de voir les restes de Thomas Sankara réinhumés ailleurs qu’au Conseil de l’Entente.

Cela pour des raisons précises que nous avions à maintes reprises fait observer au Colonel de Garnison Coulibaly Sibiri mandaté pour s’occuper des obsèques.

En effet, nous estimions et continuons de penser qu’il est fondamental que soit trouvé un espace qui permette de rassembler et d’apaiser les cœurs, et non de diviser et d’accroître les rancœurs.

Le Conseil de 1’Entente pour cela est un lieu de recueillement inadéquat pour toute la charge qu’il recèle.

Nous sommes donc surpris d’apprendre par un communiqué du 03 février 2023 émanant du Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, porte-parole du Gouvernement, que décision a été prise de procéder à l’inhumation des dépouilles sur ce lieu pourtant conflictuel et polémique, nous citons : « .. la présente décision est le résultat des concertations au sein des forces armées (notamment le Bureau de Garnison de Ouagadougou et la Justice Militaire) élargies aux familles des victimes, à la Mairie de Ouagadougou, aux autorités coutumières et religieuses ainsi qu’au Comité International du Mémorial Thomas Sankara.)

Nos raisons susmentionnées ont été pourtant plusieurs fois clairement ressorties et cela, dès les toutes premières idées évoquées par le Mémorial Thomas Sankara il y’a quelques années, quant à un éventuel transfert de la dépouille de Thomas Sankara au Conseil de 1’Entente.

Nous nous sommes plusieurs fois exprimés sur la question en insistant par contre sur la pertinence de la préservation du Conseil de l’Entente comme lieu de mémoire pour reconstituer les faits marquants de cette journée macabre du 15 octobre 1987 aux fins qu’il ne s’efface pas pour les générations actuelles et futures.

Nous sommes sensibles à tous les égards que le peuple burkinabè accorde à cette mémoire à travers toutes ces manifestations de sympathie, de préservation de l’histoire et de la mémoire de notre pays.

Nous sommes également sensibles au fait que ses compagnons d’armes à travers les institutions militaires, les autorités administratives, religieuses et coutumières soient mobilisées pour la célébration de ses héros. Notre feu fils, époux, père, frère pour les uns, oncle, cousin, camarade ou ami pour les autres, certes est un héros national. Il en est de même pour ses douze compagnons tombés avec lui et dont l’histoire du destin tragique est intimement liée à la sienne.

Les assassinats du 15 octobre demeurent un moment singulier dans l’histoire récente de notre jeune nation.

Un procès retentissant aux envergures nationales et internationales y a fait suite une trentaine d’années plus tard, marquant d’une pierre blanche la question de l’impunité en Afrique et mettant à jour le défi de la justice possible.

Il nous semble essentiel que les événements qui accompagnent ce cycle se fassent en bonne entente et concertation.

Prendre le temps de l’organisation est nécessaire surtout en ce moment crucial de notre histoire où les forces mobilisées sont dirigées vers la lutte pour préserver l’intégrité du territoire national.

C’est le moment de souhaiter que la réinhumation du Président Thomas Sankara se fasse de façon consensuelle dans le calme, étant donné que nos amis, à travers l’Afrique et le monde nous regardent et se sentent concernés par ces obsèques qui sont un temps fort de notre histoire.

Les prises de positions des mandatés de l’organisation des inhumations sont, pour l’heure, susceptibles de semer la confusion et le désarroi au moment où notre pays doit, plus que jamais, rassembler ses enfants.

Par ces mots nous prenons l’opinion publique nationale et internationale à témoin que le lieu d’inhumation des restes de Thomas Sankara vient de nous être imposé sans autre forme de discussion consensuelle.

Pour ce fait, nous sommes au regret d’informer que nous ne participerons pas à l’organisation des cérémonies et ne serons pas présents aux inhumations.

Néanmoins, nous osons garder toujours espoir que d’autres perspectives soient offertes à cette cause.

Ouagadougou le 05 Février 2023

Les membres de la Famille de feu Thomas Sankara

4 COMMENTAIRES

  1. La dernière demeure du Président Thomas Sankara ne peut être accolée comme un “cauion” aux diverses juntes ou gouvernements élus qui lui succèderont à la tête du pays. C’est une sorte d’usurpation d’opinion post-mortem qui est imposé au révolutionnaire que fut Sankara.

  2. Il faut laisser les familles pouvoir faire leur deuil en toute tranquillité.
    Après cet épisode désastreux il faut reprendre les choses tranquillement. Depuis 6 ans la famille Sankara a toujours dit qu’elle ne voulait pas que le corps de Thomas Sankara repose au Mémorial.
    Que les autorités proposent plusieurs lieux viables à Ouagadougou qui auraient leur aval et que les familles choisissent consensuellement celui qui leur convient.
    Rien d’impossible… Quel image donnera le Burkina à la communauté internationale s’il impose à plusieurs familles des lieux d’inhumation dont elles ne veulent et si la famille Sankara n’est pas présente à l’enterrement de Thomas Sankara? Simplement pour des raisons de précipitation

  3. C’est vraiment indigne et regrettable ce qui se passe dans cette affaire. Le président aurait du avoir l’initiative de contacter Mme Sankara au lieu que celle-ci peine à lui parler au téléphone. On ne peut pas à la fois se revendiquer l’héritier du président Sankara et ignorer sa première héritière. C’est incompréhensible.

  4. Robert DARDOUR Jes choses pourrait etre tres simples: une plaque pourrait etre posee au Conseil de l entete pour rappeler faits ,citer les personnes assassinees et les auteurs de ces assassinats MAIS c est aux familles de T.Sankara et de ses compagnons de CHOISIR les lieux d inhumations

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