Sams’K Le Jah nous revient avec un nouvel album et son émission radio… Interview

 

Nous vous proposons ci-dessous une interview de Sams’K Le Jah réalisée le 12 mai 2008. Il fait le point sur ce qui s’est passé depuis les menaces de mort et l’incendie de la voiture mais aussi sur ses activités de musicien et d’animateur radio. Vous trouverez ensuite un reportage de Ismael Ouedraogo, journaliste burkinabè, qui raconte la cérémonie de lancement du nouvel album de Sams’K Le Jah intitulé "Rasta au pays des merveilles" ainsi qu’un article de l’Evènement qui présente cet album.

Le clip de la chanson "Rasta au pays des merveilles" est visible à l’adresse http://www.dailymotion.com/cluster/music/video/x5mxiq_clip-samsk-le-jah_music

Comment va votre hanche depuis votre retour de la Suisse ?

Je me sens beaucoup mieux. Je ne peux pas jouer 90mn de football mais j’arrive à tenir un concert live de 2h. Les conseils que m’ont donnés les médecins en Suisse m’ont beaucoup aidé. Aujourd’hui j’arrive à me déplacer sans les béquilles et je prends moins de calmant.

Avez-vous un moment envisagé de ne pas revenir au Burkina?

Jamais. C’est vrai que certaines personnes me l’ont suggéré mais comme je le dis toujours, j’ai une conviction, à savoir que le combat se trouve ici au Burkina. Les occidentaux se sont battus, ont même quelque fois payé de leur vie pour arriver là où ils sont aujourd’hui ; alors nous devons nous battre aussi pour assurer une vrai démocratie et une société de stabilité et de respect des droits de l’homme chez nous. J’aime bien les voyages mais je me sens mieux ici, chez moi  comme le diraient les anglais « homes sweet home ». Et aussi je me dis que Thomas SANKARA aurait pu s’exiler mais il a accepté de se sacrifier pour nous. Il n’y a donc pas de raison que nous fuyions le combat. Je comprends ceux qui partent parce qu’il y a trop de merde. Et c’est bien que certains partent, eux à l’extérieur peuvent constituer la base arrière pour le combat. Là-bas ils ont plus facilement accès aux institutions internationales pour les envoyer à mettre la pression sur nos gouvernants en Afrique.

On dit qu’il ne faut jamais dire jamais mais pour le moment j’ai fait le choix de mener ma sensibilisation ici. « time will tell »

Depuis votre retour au Burkina, avez-vous reçu d’autres menaces?

 Quand je suis rentré des USA en aout 2007, les menaces continuaient jusqu’à ce qu’on incendie ma voiture le vendredi 28 septembre 2007, c’est-à-dire seulement quelques semaines seulement après mon arrivée. Ceux là qui m’avaient conseillé de ne plus rentrer au pays étaient quelque peu remontés contre moi parce que je ne les avais pas écoutés.

On a mis semble-t-il la main sur celui qui avait mis le feu à votre voiture? A-t-il été jugé?

En effet un jeune homme a été mis aux arrêts mais jusque là, il n’y pas encore eu de jugement. Le dossier se trouve au niveau du juge d’instruction et c’est seulement lui qui sait quand pourra avoir lieu un quelconque jugement.

L’avez-vous rencontré?

Oui je l’ai rencontré. Ce qui me surprends et que je n’arrive toujours pas à me l’expliquer, c’est que je connais très bien ce jeune homme. Il venait à la radio. Il m’a même vendu un livre. Il se montrait comme un fan de Samsklejah parce que chaque fois il me disait qu’il avait des histoires à un disquaire par ci et par là parce que ces derniers pirataient mes émissions. Quand les regards se sont tournés vers lui, je n’en revenais pas. Et je vous assure que jusqu’aujourd’hui, je n’arrive pas à croire.

Vous avez exprimé votre satisfaction pour le travail effectué par la police. Qu’en est-il aujourd’hui?

Il a fallu que ma voiture soit incendiée pour que la police se bouge. Elle a fait son travail avec diligence mais je n’ai jamais eu de rapport de leurs enquêtes. C’est un matin que le juge d’instruction m’a appelé pour me signifier qu’il était désormais en charge de mon dossier. Il a ouvert une information judiciaire et a, me semble t-il, repris l’enquête.

L’affaire vous semble-t-elle close?

L’affaire sera close quand le juge aura terminé son travail. Mais je suis sûr d’une chose, je dois rester vigilant parce que les vampires peuvent prendre toutes les formes pour boire votre sang.

On vous a beaucoup vu lors de la commémoration du 20eme anniversaire de la mort de Sankara à Ouagadougou? Quel bilan en faites-vous?

Très heureux et très honoré d’avoir été un des acteurs pour le succès de la commémoration de l’hommage oh combien vibrant rendu à ce digne fils de mon pays. On ne voit pas toujours ses vœux se réaliser mais là j’avoue que je suis comblé. Les 20 ans ont été un succès ; même les sourds l’ont entendu et les aveugles l’ont vu. On peut tuer le prophète mais on ne peut pas arrêter la prophétie. Je souhaite juste que la flamme Thomas SANKARA reste toujours allumée.

Vous avez participé au comité national d’organisation. Quel était la signification de votre participation? Comment ça se passait?

J’y ai participé en tant qu’artiste aux cotés d’autres personnes d’horizon diverses. Ce qui nous réunissait c’était l’idéal Thomas SANKARA. En tant que jeune, je me suis dis que j’avais ma contribution à apporter. Dieu merci tout s’est bien passé.

C’est vous qui avez eu la responsabilité des concerts. Comment vous en êtes-vous sortis?

On s’est battu comme on pouvait pour y arriver. Y a évidement eu des galères mais c’est tout cela qui a donné du piment à la commémoration. Nous y sommes arrivés, c’était le plus important.

Etes-vous sollicité pour d’autres engagements politiques ou autres?

Il me plait de préciser ici que bien que j’ai des opinions politiques, je ne suis pas un politicien. C’est important pour moi de le souligner parce que j’ai entendu plein de gens dire que je suis manipulé par des politiciens. Je n’ai plus 16 ou 18 ans. Je sais ce que je veux. Et je suis désolé, je  ne peux me laisser manipuler par des politiciens. On peut être en accord sur certains sujets mais je garde ma liberté de penser et d’opinion. Mon engagement est purement didactique. Je veux contribuer à ma façon à l’éveil des consciences surtout dans la jeunesse parce qu’il faut arriver à redonner à cette jeunesse la confiance en elle-même et surtout lui faire comprendre que là où il n’y a pas de lutte il n’a pas de progrès, et que surtout ça ne viendra pas du ciel.

Vos émissions à la radio ont-elles reprises?

Je suis très heureux de vous l’annoncer, mes émissions ont repris ce dimanche 11 mai. Date très symbolique parce que représentant la date de commémoration de la disparition du prophète du reggae BOB MARLEY. En plus cette année le 11 mai a coïncidé avec la pentecôte.

Quels liens faites-vous entre musique et politique?

On dit que la politique est l’art de diriger la cité. Et moi j’ajoute que la musique est l’art de guider et d’éduquer les politiciens. C’est même pour cela que quelque fois on ne fait pas bon ménage. De toute façon les politiciens ne peuvent pas se passer de nous mais nous pouvons nous passer des politiciens.

Vous préparez un nouvel album? Vous pouvez nous en parler?

Mon prochain album sera disponible inch Allah le 25 mai 2008. Je l’ai baptisé « rasta au pays des merveilles ». C’est un album qui comportera 11 plages faites de communion, de méditation, d’éveil de conscience et d’hommage. Je n’en dirai pas plus. Vous aurez l’occasion de le découvrir.

Vous venez de reprendre vos émissions à la radio. Qu’avez-vous ressenti? Comment cela s’est-il passé?

 J’avoue que c’était un moment de pression après 7 mois d’interruption. C’est vrai que l’émission a été beaucoup redemandée par les auditeurs qui chaque fois lançaient un appel à la direction. La décision a donc été prise de reprendre mes émissions à la date du 11 mai. Les heures ne changent pas, les contenus non plus. Je veux rester égal à moi-même, apporter ma contribution à l’édification d’une vrai démocratie à travers un procédé didactique et de prise de conscience de la part de la jeunesse. Comme si le ciel était avec moi, il a plu le jour de la reprise de l’émission, et en plus c’était la pentecôte. yeah, natural mystic

D’autres projets?

Only JAH knows pour dire que seul JAH sait. Je sais juste que le combat continue.

Merci à vous pour tout le soutien.

One love

Interview réalisée par mail pour le site thomassankara.net le 12 mai 2008.

 


 

 

25 mai cérémonie de lancement du nouvel album "Rasta au pays des merveilles"

 

Un reportage de Ismael Ouedraogo

 

25 mai, journée anniversaire de la création de l’OUA.

25 mai 2008 fête des mères.

25 mai 2008 sortie officielle du nouvel album "Rasta au pays des merveilles" de SAMSKLEJAH.

La cérémonie de dédicace est prévue pour 16h au Centre National de presse Norbert Zongo. il est 10h, le ciel s’obscurcit, une grosse pluie s’abat sur ouagadougou ; la première grosse pluie de l’année. tout était comme si le ciel lui-même se mêle aux bénédictions pour accueillir le nouvelle album de celui qu’on baptise "le prètre, messager de la vérité". La pluie tombe jusqu’à 16h. connaissant le burkinabé, rares sont ceux-là qui sortent sous la pluie, on préfère profiter du beau temps pour dormir. mais aujourd’hui, il y a un grand événement pour les fans de l’artiste.

Malgré la pluie, ils sont nombreux, venus de tous les horizons et quartiers de ouaga. dans une chaude ambiance, le dédicace démarre vers 16h45. Après une brève présentation de l’artiste par son attaché de presse Georges Sawadogo, le public est invité à découvrir les différentes chansons de l’album. salves d’applaudissements après chaque titre.

C’est l’émotion! sur le dernier titre, SAMSKLEJAH fait une prestation, bel ambiance avec des cris et des mains réchauffées par les applaudissements. l’audition des titres terminée, place est faite aux questions des journalistes. tous sont unanimes sur la maturité constatée. "C’est un album qui normalement doit être un hit" s’il n’est pas l’objet de censure.

"Rasta au pays des merveilles doit être l’hymne des peuples d’Afrique parce que c’est une chanson qui touche tous les pays" "Rasta au pays des merveilles est tout simplement une grande chanson". L’artiste visiblement satisfait ne peut pas cacher ses émotions. " Bonne fête à toutes les mamans ici présentes. je tiens à vous dire merci. merci d’être venus si nombreux malgré la pluie. je suis très heureux que mon album ait été si bien accueilli. malgré les tribulations, avec vos prières et bénédictions, Le Seigneur nous guidera. encore merci à vous. le combat continue".

A la fin de ses propos, l’artiste est applaudi plusieurs minutes durant. avant dernière de la cérémonie, la projection du clip vidéo de "rasta au pays des merveilles" ; c’est la totale!!! Très beau clip réalisé par Semfilms avec Gidéon Vink aux commandes. le public redemande le clip. Tout est réuni pour assurer le succès à l’album "rasta au pays des merveilles".

Dernière étape de la cérémonie, les dédicaces: c’est une longue file qui se forme, chacun voulant avoir une signature SAMSKLEJAH sur le cd ou la k7 qu’il vient de s’offrir. "La soirée fut belle! vivement que "rasta au pays des merveilles" deviennent l’hymne des peuples d’Afrique" lance une dame présente à la cérémonie, "j’ai beaucoup d’admirations et d’estime pour SAMSKLEJAH. il est constant dans son engagement et je prie Dieu et les ancêtres de ce pays pour qu’ils le protègent. si on avait beaucoup d’enfants comme ça dans ce pays, le pays allait avancé. J’ai acheté 2 cds, un pour moi et l’autre pour mon mari qui est à l’étranger. Que Dieu le bénisse et le protège". Ce sont des paroles fortes d’émotions. le dédicace se termine avec les interviews des journalistes présents à la cérémonie. il est 19h quand la centre de presse Norbert Zongo se vide de son public chantonnant "rasta au pays des merveilles". bon vent SAMSKLEJAH…
Ismael Ouedraogo

 

"Rasta au pays des merveilles", le nouvel album de Sams’K

 

Source l’Evènement N°140 du 25 Mai 2008 (voir à l’adresse http://www.evenement-bf.net/pages/culture_140.htm )

"Rasta au pays des merveilles" est le titre générique du nouvel album de Sams’ K le Jah. Le Jah qui est présenté sous une double casquette, animateur et musicien, exploite ces deux créneaux pour passer son message. Très critique sur les tares de la société africaine en général et burkinabè en particulier, dans son dernier opus, il n’a pas varié. Le "Rastaman au pays des merveilles" est une caricature de la société burkinabè d’aujourd’hui. Un Burkina où la grande majorité a cessé il y a longtemps de scruter l’horizon, parce qu’il n’y a plus rien. Pendant ce temps, la minorité prédatrice guette toute occasion pour piller. La misère côtoie au quotidien le luxe insultant. L’hôpital Yalgado est un exemple vivant. Les enfants sont internés sous des arbres et dans le même pays, certains dignitaires se "tapent " des villas et roulent carrosses à coût de millions de fcfa. Le Jah comme un peintre aidé de son pinceau dépeint cette situation d’injustice et de corruption généralisée. Son inspiration plus fertile que jamais lui a permis de mettre sur support audio : CD et cassettes 12 titres, un vibrant hommage est rendu à Thomas Sankara, Norbert Zongo et à Lucky Dube à travers 3 tubes figurant dans l’album. Ce chef d’oeuvre fera plaisir aux habitants des ghettos, véritables galériens devant l’éternel. Ils verront dans "rasta au pays des merveilles" l’exact vécu de tous les jours et l’utilisation bassement individualiste fait des deniers publics. Certains de ces pilleurs ont transformé leurs placards en banque où sont déposées des liasses. Leurs rejetons y puisent pour la bamboula en ville. L’animateur phare des émissions reggae à la radio Ouaga FM a vu sa voiture partir en fumée le 28 septembre 2007. Cette tentative d’intimidation n’a aucunement entamé son moral. Sams’ K se dit plus déterminé que jamais parce que rien au monde ne viendra à bout de sa hardiesse à se battre avec son peuple, fut-il au prix de la vie. A propos d’ailleurs de la mort Thomas Sankara ne disait-il pas que : "chacun doit faire ce qu’il a à faire du mieux qu’il peut, au lieu de se préoccuper de la mort. Car de notre vivant, nous ne connaissons pas la mort et mort nous ne savons plus que nous avons été vivant. Après nous, il n’y aura que les autres pour nous regretter ou nous haïr." Le Jah a choisi la date du 25 mai pour faire découvrir aux mélomanes "Rasta au pays des merveilles". Mais d’ores et déjà, les tubes cartonnent pendant les plages réservées à la musique sur la radio Ouaga FM. Pour la réussite de l’œuvre, il y a eu la participation de beaucoup de mains expertes. Attiyk production et le studio de MCZ ont servi de cadre pour la confection de l’oeuvre. Pour le moment, Sams’K a repris ses émissions au grand bonheur des auditeurs. Les échos de ses émissions ont dépassé les frontières par le biais des enregistrements faits par des auditeurs. Même au-delà du Burkina, l’homme est bien connu. Invité au concert de Tiken Jah Fakoly le 5 avril dernier au Mali, Sams’ K a avoué s’y être senti comme au Burkina tellement qu’il était connu à Bamako. L’animateur-musicien, malgré sa popularité, subit toutes sortes d’ostracisme. Certaines scènes lui sont interdites parce qu’il chante des choses qui dérangent. En exemple, le plateau musical des 40 ans de la loterie nationale burkinabè qui était entièrement reggae. La logique voudrait que ce soit l’animateur attitré de ce genre de musique qui l’anime, mais le sectarisme aidant, on a vite fait de l’isoler. Le chantre du reggae au Burkina ne se leurre pas. Dans l’engagement, il ne faut pas s’attendre à des cadeaux. Des intérêts sont mis en cause dans le message. Le verbe étant le début et la fin de tout, son effet est considérable.

Merneptah Noufou Zougmoré

  

 


1 COMMENTAIRE

  1. > Sams’K Le Jah nous revient avec un nouvel album et son émission radio… Interview
    je ne peux que dire à Sams’K le Jah qu’il n’est pas seul dans le combat.

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