Alain Soral est un de ces polémistes trés médiatisés qui tentent de créer des ponts entre la jeunesse en révolte et l’extrême droite (on se reportera à sa page wikipédia à http://fr.wikipedia.org. Il est très efficace sur le net, puiqu’on tombe facilement sur son site lorsqu’on tape “Thomas Sankara” dans les moteurs de recherche. Depuis quelques temps, on assiste de sa part à une tentative de récupération, de sa part, des idéaux de Thomas Sankara.
Il vient donc de publier un ouvrage de discours de Thomas Sankara et a mis en ligne une vidéo pour faire la publicité de cet ouvrage qu’il brandit en permanence en face de la caméra. On notera que sa fameuse anthologie des discours de Sankara a été amputée du discours sur la libération de la femme !
Mais il ne semble ne pas avoir grand chose à dire sur Sankara. Il répète n fois que Thomas Sankara est un héros de l’anticolonialisme et et de l’anti-impérialiste, mais la seule réflexion qu’il ajoute c’est qu’il a “lutté contre la tradition de la famille élargie clanique tribal africaine“! Pour le reste, les 14 minutes de cette vidéo contiennent pour l’essentiel des extraits du film “Thomas Sankara l’homme intègre” de Robin Shuffield (voir la présentation). Ce dernier n’a pas apprécié et lui a écrit. Il nous a autorisé à publier sa lettre.
Cette lettre n’est pas la notre et sans doute n’aurions nous pas choisi les mêmes angles d’attaque. Peut-être qu’il va nous falloir revenir sur ce sulfureux personnage, qui partage la une de cette semaine de l’hebdomadaire Politis, un journal difficile à classer comme pro système, avec Dieudonné sous le titre : Dieudonné Soral, cet antisémitisme qui fait le buzz
Il est particulièrement révoltant que ce livre de discours de Thomas Sankara se trouve dans cette maison d’édition en compagnie d’ouvrage antisémites. Et il est tout autant révoltant d’attirer les révoltés contre le système vers l’extrême droite en se servant de Thomas Sankara.
Rappelons donc aux visiteurs du site s’il cherche des livres de discours de Thomas Sankara qu’il en existe Thomas Sankara :
– « Redécouvrir Sankara – Martyr de la liberté » un livre coordonné par Ndongo Samba Sylla voir la présentation
– «Thomas Sankara parle», recueil de discours dont la présentation se trouve à l’adresse
– “Oser inventer l’avenir” recueil de discours de Thomas Sankara préparé par David Gakunzi dont la présentation se trouve à l’adresse
Mieux, tous les discours connus de Thomas Sankara sont rassemblés sur notre site à l’adresse. Certains d’entre eux peuvent même être écoutés, les fichiers audio sont rassemblés à l’adresse. Et ici tout est en libre accès. Et notre site n’est réalisé que par des bénévoles…
La rédaction du site
La lettre de Robin Shuffield à Alain Soral
Paris le 10 janvier 2014
Mr Soral,
Je me présente, je suis le réalisateur du film Thomas Sankara, l’homme intègre.
Je pense que vu l’actualité, vous devez avoir du pain sur la planche au niveau com donc merci d’avance de lire la suite de ce mail.
J’ai reçu hier un coup de fil m’apprenant que vous aviez utilisé les images de mon film pour faire la promotion du livre sur les discours de Thomas Sankara (édité chez vous) .
http://www.youtube.com
(Au cas où vous ne seriez pas au courant, on ne sait jamais)
Dernière minute : la production a été prévenue et a du le signaler au service des abus de Youtube. Elles sont en train d’être virées en ce moment
Plusieurs cas de figures se présentent à moi après avoir cogité sur le genre de lascar que vous êtes :
Retirer les images au nom du droit d’auteur moral ?
-Non car le film mérite d’être vu au même titre que les discours de Sankara se doivent d’être connus et diffusés au maximum.
-Oui car, vous utilisez les images pour faire la promotion d’un livre sur lequel vous toucherez quelque chose, ne serait-ce qu’un kopeck. Pour donner un exemple, à part les vendeurs de dvd dans la rue à Ouagadougou ou à Abidjan (je les connais bien ayant vécu sur place et ayant un propos plutôt ouvert quant à la situation dans laquelle ils se trouvent), personne n’a le droit de diffuser le film en se faisant de la thune dessus. Il existe des conventions et tout le monde (associations, festivals,…) a su les respecter.
Même si le film est diffusé sur internet, l’idée de se le réapproprier pour vendre son livre, je trouve ça plus que moyen !!! (Je ne vous demande pas non plus de nous citer, ce n’est pas l’idée !)
-A un moment donné, vous sortez dans votre interview un discours bidon sur le rôle de la gauche française qui serait seule responsable de la mort de Sankara, en contradiction avec le propos du film. C’est surtout là que je me suis en colère, quand on reprend des idées ou des infos pour un combat complètement dénaturé, comme lors d’ une projection devant des Gbagboïstes à Abidjan qui considéraient leur président comme le nouveau Sankara. Si la situation n’avait pas été aussi grave (et j’ai été témoin d’exactions sous Gbagbo), j’aurai pu en rire mais non. Regardez-le ce documentaire, lisez les ouvrages (sans vous arrêtez sur les archives de rencontres Mitterrand-Sankara) et vous verrez que tout le monde en prend pour son grade, gauche et droite (le retour de Foccart aux affaires africaines sous la cohabitation depuis 1986, quand même !), blanc et noir, Même sankara lui-même s’en prend dans la figure… Les infos dans le film ont été vérifiées et personne n’a eu à redire sur les conditions de sa mort (j’aurai pu parler par contre, du problème ethnique Peuls-Mossis, du rôle de Kadhafi et aussi d’autres pions françafricains comme le président Togolais Eyadema mais le format 52 minutes m’a forcé à aller à l’essentiel)
Le magazine Fluide Glacial et certainement le dessinateur Gotlib, viennent de vous adresser une lettre ouverte (sans menace de procès) pour avoir utilisé Superdupont le personnage de BD, comme couverture d’un de vos livres.
Voir le lien : http://culturebox.francetvinfo.fr
J’ai envie de faire la même chose…
Toutefois, en espérant que vous donnerez suite à ce courrier.
Je vous l’écris, histoire de clarifier tout ça car il y a un malaise plutôt d’actualité, sur un mélange de discours antisémite (haaaa l’ambigüité actuelle avec les discours antisionistes) d’une part et anticolonialiste d’autre part. D’ailleurs, tiens, comme je l’ai dit à Kemi Seba avec qui j’ai déjà longuement discuté, je suis né d’un père juif…
Je ne m’étendrai pas sur ce sujet, ni même sur la liberté d’expression, sujet sur lequel on s’entend plus que certainement et vous avez vos paroles et j’ai les miennes… Non, à vrai dire, j’aimerai comprendre pourquoi quelqu’un comme Dieudonné, quelqu’un comme Kemi Seba et quelqu’un comme vous, avez en tête (ou alors est-ce inconsciemment ?) de mélanger néocolonialisme et religion juive. A moins d’avoir raté un épisode, je trouve que l’amalgame dont vous êtes peut-être vous même victime nuit en premier lieu à tous ceux qui luttent pour sauver le continent africain de ce même impérialisme et qui cherchent, via le panafricanisme et la lutte contre la dictature à amener le continent dans une voix plus rayonnante. Dieudonné a sorti son sketch chez Fogiel (c’est mal tombé, c’était objectivement pas très drôle donc perçu « très premier degrés ») une semaine après la commémoration à grand coups de tambour de la libération du camp d’Auschwitz alors que le massacre par l’armée française des Bamilékés au Cameroun, par exemple, n’est toujours pas reconnue officiellement.
Je comprends dans un cas pareil (un coup de sang !) mais ici, je ne suis plus d’accord.
Merci de me répondre au plus vite. La production du film et pas mal de sankaristes ont vu votre vidéo et certains sont certainement moins « avocats du diable » que moi.
Merci de retirer la vidéo ou de la corriger en évitant les amalgames, les raccourcis malheureux et autres fadaises propres à pourrir l’avenir en réécrivant le passé.
Avec mes salutations distinguées et en étant ouvert à toutes discussions…
Robin Shuffield
