Le 13 juin 2018 la justice française doit rendre son verdict sur l’extradition de François Compaoré, après l’audience tenue le 28 mars dernier à Paris. On trouvera un compte rendu de l’audience à http://www.thomassankara.net/demande-dextradition-de-francois-compaore-compte-rendu-de-laudience-28-mars-2018-de-cour-dappel-de-paris/, ou sur un le site burkinabè à http://lefaso.net/spip.php?article82705 où figurent de nombreuses réactions de Burkinabè.

Les organisations professionnelles, ont tenu à s’exprimer à l’approche de cette date, par voie d’un communiqué que nous vous publions ci-dessous.

La rédaction de thomassankara.net


Les juges ont finalement renvoyé leur décision au 3 octobre. Ils sont demandé que leur soient fournis d’ici là, les éléments suivants :

– Des précisions sur le nouvelle convention judiciaire entre les justices burkinabè et françaises et sur les dates d’application.

– Des précisions sur les aménagement de peine pour les condamnées à perpétuité (NDLR : le Burkina a officiellement abandonné la peine de mort  il y a un ou deux mois), qui est donc la peine que risque François Compaoré

– Des précisions sur les éléments nouveaux apparus dans l’affaire, ayant permis la réouverture du dossier Norbert Zongo après l’insurrection, justifiant ainsi l’émission d’un mandat d’arrêt international contre François Compaoré.

– Des éléments matériels précis permettant d’établir la culpabilité de François Compaoré, la Chambre de l’Instruction considérant ne pas disposer d’éléments suffisants concernant l’implication de François Compaoré dans cette affaire.

L’avocat de François Compaoré, Maitre Pierre Olivier Sur s’est encore répandu en déclarations péremptoires affirmant que les pièces demandées n’existaient et accusant le Burkina de vouloir fabriquer de fausses preuves. Répondant à ces accusation, l’avocat Anta Guissé qui représente l’Eta burkinabè a répondu que Pierre Oliver Sur ne connaissait pas le dossier et considérait comme normal que la chambre d’instruction souhaite être mieux informée.

Quoiqu’il en soit, une instruction pour une extradition ne saurait se substituer en aucun cas à une instruction parallèle, ni même au jugement du tribunal qui doit être prononcé au Burkina Faso.

Bruno Jaffré


Communiqué de presse d’organisations professionnelles des médias du Burkina sur l’extradition de François Compaoré

Le 13 juin prochain, la justice française va rendre son délibéré sur la demande d’extradition de François Compaoré introduite par l’Etat burkinabè. Le peuple burkinabè, en général, les journalistes et tous ceux qui ont en horreur l’impunité, en particulier, fondent de grands espoirs que l’extradition de François Compaoré dans son pays d’origine (le Burkina Faso) sera actée. En effet, le frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré a rendez-vous avec la justice de son pays et nous espérons que celle française lui permettra enfin de répondre des faits qui lui sont reprochés dans le cadre de l’assassinat odieux du journaliste Norbert ZONGO et de ses compagnons d’infortune.

Certains suspects identifiés par la commission d’enquête indépendante depuis 1999 et toujours en vie (trois d’entre eux sont morts) ont déjà été inculpés et placés sous mandat de dépôt. François Compaoré est également inculpé et recherché par la justice Burkinabè. C’est en toute logique qu’il fait l’objet depuis mai 2017 d’un mandat d’arrêt international pour « incitation à assassinats ».

Depuis son interpellation en France en octobre 2017, la grande famille des journalistes, des défenseurs de la liberté de presse et de la démocratie ainsi que tous les défenseurs du droit à la vie, suivent avec un grand intérêt les péripéties de la procédure. Et tous souhaitent que son extradition vers le Burkina Faso soit actée le 13 juin afin de lui permettre de se défendre devant la justice.

Le peuple burkinabè n’est nullement mû par un quelconque esprit de vengeance mais par une quête légitime de vérité et de justice sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons. Les textes nationaux et les traités auxquels le Burkina Faso a librement souscrit confèrent à tout prévenu, des droits inaliénables. Et il ne fait aucun doute que le sieur François Compaoré devrait en bénéficier, dans le cadre de la procédure. Car la vraie justice pour Norbert Zongo ne peut être que celle qui est rendue au terme d’une procédure qui respecte les droits des prévenus et un procès équitable et transparent.

Du reste, il existe au Burkina Faso, une presse suffisamment indépendante et crédible comme en atteste le dernier classement de Reporter Sans Frontière sur la liberté de la presse (premier en Afrique francophone et 5e en Afrique) pour s’assurer du respect des droits de tout prévenu.

Pour rappel, le 13 décembre 1998, le journaliste d’investigation Norbert ZONGO, fondateur de l’hebdomadaire L’Indépendant, a été retrouvé mort et calciné dans sa voiture, avec ses trois compagnons d’infortune alors qu’il enquêtait sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré.  Une commission d’enquête indépendante mise en place pour faire la lumière sur cette affaire avait conclu que cette barbarie avait été commanditée et exécutée par des individus qui voulaient empêcher le journaliste de révéler les dessous du meurtre du chauffeur de François Compaoré. Il est de notoriété publique que c’est Monsieur François Compaoré qui a saisi la garde rapprochée de son frère aîné d’une plainte contre David Ouedraogo et d’autres personnes travaillant chez pour vol de numéraires chez lui. C’est suite à cette plainte que David Ouedraogo a été arrêté et torturé à mort.

Classé « sans suite » en 2006 par une justice aux ordres de l’ancien régime piloté d’une main de fer par le président Blaise Compaoré et son frère cadet, le dossier a été rouvert sous la Transition en 2015.

Ouagadougou le 6 juin 2018

Pour l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), Guezouma SANOGO (Président)

Pour la Société des Editeurs de la Presse privée (SEP), Boureima OUEDRAOGO (Président)

Pour le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC), Siriki Dramé (Secrétaire Général)

Pour l’Association des Editeurs et Professionnels des Médias en Ligne (AEPML), Cyriaque Paré, (Président)

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