Ce discours se déroule dans un période ou les syndicats commence à relancer l’activité syndicale. On se rappelle que l’été 1984, lors du renouvellement du gouvernement, les militants du PAI (parti africain de l’indépendance) ne sont plus représentés. Des divergences importantes de ce parti avec le reste du CNR a entrainé la rupture.
Ainsi en janvier 1985, Soumane Touré, militant de PAI, dirigeant de la CSB (Confédération syndicale burkinabè) accuse le CNR de puiser dans les caisses de la Sécurité sociale au cours d’une séance de TPR (Tribunal populaire de la Révolution) où il est convoqué comme témoin. Il est incarcéré quelques jours plus tard pour près de 2 ans.
Et le 28 janvier la CSB et 10 autres syndicats de base signent une déclaration commune énonçant des revendications. Ils se plaignent aussi de la remise en cause des libertés syndicales. Les signataires seront suspendus de la fonction publique, certains seront arrêtés comme Hubert Yaméogo, secrétaire du SYNTSHA (Syndicat des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale) le 3 février 1985 et Sami Ouattara, secrétaire général du SYNAGRI (Syndicat des agents de l’agriculture) le 13 février 1985.
Thomas Sankara répond ici aux mouvements revendicatifs alors que les militants lycéens proches de ces dirigeants syndicaux, du PCRV (Parti communiste révolutionnaire voltaïque) ou de la LIPAD (Ligue patriotique pour le développement), dans l’opposition de la Révolution, ont relayé cette offensive syndicale au sein des lycées.
Le texte de ce discours a été récupéré dans les archives diplomatiques françaises sous forme dactylographiée..
Bruno Jaffré
Marche de soutien des lycéens 6 février 1985
Camarades Militants et Militantes,
Je suis convaincu que votre liesse et votre joie de ce matin ne tiennent pas seulement au fait que ce soit un jour que vous avez décidé d’être un jour sans classe. Mais je comprends que ce matin vous avez décidé de répondre, vous avez décidé de répondre à la place du CNR aux radios impérialistes, lesquelles radios annonçaient tapageusement qu’à OUAGADOUGOU les élèves et notamment les lycéens ont décidé de boycotter le CNR.
Je suis venu répondre à votre convocation parce qu’il faut que désormais chacun de nous sache qu’au BURKINA FASO le peuple est effectivement souverain et que le peuple peut convoquer n’importe qui.
Vous nous soulagez, parce qu’il ne nous appartient plus à nous de répondre à ces radios impérialistes, mais ce sera à vous de leur donner la démonstration éclatante, ce sera à vous de leur montrer que lorsque les élèves se mettent debout à OUAGADOUGOU…
” lorsque les élèves se mettent debout”
réponse de le foule “l’impérialisme tremble“
Eh bien le CNR n’a pas besoin de trembler quand les élèves se mettent debout… Seuls les ennemis du peuple peuvent trembler quand les élèves se mettent debout.
Je sais que ce matin on a tenté de vous démobiliser en vous effrayant. Je sais que l’on a tenté de vous intoxiquer. Je sais qu’actuellement d’autres personnes sont en train de préparer l’intoxication. Mais je sais aussi que vous avez compris une chose qui est très importante. A l’heure actuelle, la contradiction principale à l’intérieur du BURKINA FASO, la contradiction principale à l’intérieur de notre lutte, n’est plus celle qui nous oppose à la réaction de droite, mais bel et bien celle qui nous opposent à la réaction de gauche.
Nous sommes surpris que ceux qui hier s’étaient élevés contre les gangs descendus au campus universitaire pour frapper, pour frapper les militants de l’UGEV, de l’AEVO… Nous sommes surpris que ceux qui avaient dénoncé ces gangs-là sont aujourd’hui ceux qui marchent la main dans la main, bras dessus bras dessous, avec justement les bandits d’hier.
L’histoire du BURKINA FASO se souvient de cela et c’est pourquoi nous devons comprendre que autant au début on nous attaquait exclusivement sur la base exclusivement théorique en disant « un coup d’État n’est pas une révolution, un coup d’État n’est qu’un putsch, un coup d’État ne peut conduire les destinées d’un peuple » autant aujourd’hui, lorsque nous avons été obligés d’avancer petit à petit dans la lutte directe et ouverte contre la petite bourgeoisie, nous avons vu tous les petits bourgeois affolés, se réunir toutes classes confondues et plus jamais ils ne parlent plus de savoir si le coup d’État est une révolution ou pas. Ils parlent maintenant du salaire que l’on a diminué. Camarades, sachez que lorsque quatre millions de paysans sont contents au BURKINA FASO, il y a quinze mille personnes qui sont mécontentes à OUAGADOUGOU.
Parce que justement, la petite bourgeoisie a cette caractéristique qu’elle a eu la chance, elle, de gymnastique son esprit à la conception de la révolution ; elle a eu la chance de posséder les rudiments de l’analyse et par la mystification elle a pu s’imposer au niveau des masses, comme la fraction éclairée et celle qui nécessairement doit conduire la révolution.
Et puis, nous avons déjà dit, et maintenant nous pouvons le constater concrètement, c’est que justement la petite bourgeoisie connait la révolution, mais a peur de la révolution. Toutes les mesures qui sont en train de se prendre, elles sont applaudies par les masses populaires» Mais ces mesures sont justement celles qui font le plus mal à la petite bourgeoisie.
La petite bourgeoisie est celle qui peut avoir une maison, qui peut la mettre en location. La petite bourgeoisie est celle qui fait des affaires. Quand des gens sont mécontents simplement parce qu’ils ne souffrent pas d’entendre des bruits de moustiques, quand des gens sont mécontents, quand des gens estiment qu’il faut engager la lutte simplement par ce que le bruit d’un robinet qui coule leur fait mal aux oreilles, par de tels aveux ces personnes-là montrent objectivement a quelle classe, à quel camp elles appartiennent.
Ce n’est pas le cas du peuple. Parce que le peuple lui, il dort et se réveille avec les moustiques. Il y a tellement de gens qui aimeraient avoir des maisons avec des moustiques, parce que eux, leur maisons actuelles étaient infestées par les moustiques mais les chauve-souris ont déjà dévoré tous les moustiques. Ceux-là souhaiterait être dans des maisons avec un lit, même avec des moustiques. Il y a tellement de gens qui… comment peut-on comprendre qu’avec la sécheresse au BURKINA Faso des gens soient mécontents parce que eux, ils ont de l’eau, et c’est le bruit de l’eau seulement qui les dérange. Combien au BURKINA FASO, combien sont-ils au BURKINA FASO qui aimeraient avoir un robinet même s’il coule…
Eh bien ! C’est cela la clarification. Et à chaque fois que nous poserons un acte, à chaque fois les camps se préciseront davantage.
Ailleurs l’on a engagé la révolution. C’est à dire que l’on a entrepris une œuvre de longue haleine. Dans d’autres pays, en Afrique et ailleurs, mais ces révolutions se sont arrêtées en cours de chemin. Pourquoi ? Parce qu’elles se sont simplement limitées à la dénonciation et au combat contre la droite brute et grossière. Mais lorsqu’il a fallu commencer à taper même dans la petite bourgeoisie, même autour de soi, même contre soi, alors ces révolutions ont commencé à zigzaguer, et sont devenues des pseudo révolutions. C’est à la pseudo révolution que l’on a voulu nous conduire. Est-ce que nous, nous pouvons nous permettre d’égarer le peuple burkinabé dans une pseudo-révolution ? (non..) Eh bien ! Si l’on doit faire une révolution, on la fait totalement ou on ne la fait pas du tout.
Lorsque, avec un bulletin de salaire de 300000 francs par mois certaines personnes se permettent encore d’engager des grèves pour obtenir 10000 francs d’augmentation de salaire, sachant que ces dix mille francs seront pris sur des pauvres paysans qui n’ont rien, eh bien nous ne pouvons pas comprendre qu’aujourd’hui ces personnes-là se disent révolutionnaires. Au contraire, nous comprenons que ces personnes soient contre la diminution des charges qui pesaient jusque-là sur les pauvres paysans.
Camarades, la lutte est dure et d’autres combats nous attendent. Beaucoup avaient levé le poing pour dire « Vive la révolution! » Aujourd’hui, ils lèvent le poing contre la révolution.
Ce qu’ils ont confondu, ce sont les époques. Nous avions dénoncé Joseph Kl ZERBO qui, en tant qu’historien, conjuguait l’histoire seulement au passé. I1 n’était pas capable de voir le futur (oui…). Aujourd’hui, nous sommes obligés de reconnaître que même dans la petite bourgeoisie, il y a bel et bien des éléments qui eux aussi, ne connaissent l’histoire que lorsqu’elle se conjugue au passé.
Il est certes bel et bien facile, par un petit tract de dire à Lamizana qu’il est anti-populaire. Aujourd’hui le peuple est conscient… est conscientisé. Le peuple se bat et le peuple connaît ses ennemis. Le peuple connaît ses adversaires, le peuple sait aussi quelles décisions lui profitent.
Des personnes nous ont dit… Des personnes ont proclamé çà et là. Oui le Conseil National de la Révolution connaît aujourd’hui une dette extérieure qui est très élevée, encore plus élevée parce qu’il a engagé les fonds immenses de l’État pour payer des armes. Je vous dis, je vous répète : 1°/ Que nous n’avons engagé aucun sou au niveau de l’armée. Aucun sou pour acheter aucun matériel (applaudissements). Ceci, parce que nous estimons qu’à l’heure actuelle la priorité de nos dépenses ne doit pas aller vers l’armement. Mais nous disons également que les personnes qui le veulent peuvent aller au Ministère des finances, des ressources financières ou du budget, ou au Trésor, au niveau de la BCEAO (NDLR : Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) et constater s’il y a eu un seul transfert d’armement d’engagé par le CNR.
Nous avons trouvé d’anciens marchés signés par les anciens régimes. Ces marchés ont été pour certains payés; quelques camions sont arrivés fin 83. C’est tout. Nous n’achetons absolument rien.
Mais mieux que cela. Mieux que cela, nous disons à ces personnes que la dette extérieure qui a augmenté de façon considérable, l’a été parce que 1°/ il y a eu le coût du dollar non maitrisé par nous qui a augmenté. Lorsque LAM1ZANA signait des marchés, ces marchés-là étaient libellés en dollars et un dollar qui était à 180 F.CFA ou 200 F maximum. Aujourd’hui le dollar est à plus de 450 F. Si ces petits bourgeois qui s’agitent et s’affolent pouvaient lire dans le bon sens les écrits, ils comprendraient que cela a été multiplié par 2,25.
Donc il est tout à fait normal qu’un prêt de dix milliards de l’époque de LAMIZANA soit aujourd’hui bien plus élevé et c’est ce que nous avons à supporter.
Ensuite, il faut qu’ils comprennent que lorsque ces prêts avaient été négociés, c’était avec des différés de paiement, et que c’est maintenant que l’on commence à payer, à rembourser. Du reste je ferai publier dans Carrefour Africain la dette extérieure du BURKINA FASO, Et vous verrez à quoi cela a servi. Puisqu’ils savent lire, et puisqu’ils ont le droit d’acheter des journaux, parce que nous leur avons accordé ce droit, puisqu’ils ont le droit d’acheter des journaux, ils verront dans les journaux.
Ils disent, ils disent également que nous avons ouvert des comptes en banque à l’étranger. Nous l’avons entendu, même s’ils ne l’ont pas écrit. Eh bien ! Ces comptes en banque à l’étranger (ils citent 1’Algérie) c’est montrer leur aberration. Nous qui sommes en train de négocier une aide de l’Algérie, tactiquement nous n’aurions même pas le droit d’aller poser de l’argent dans les banques algériennes à titre privé. Car si les Algériens le savaient, ils ne considéreraient plus les dirigeants du CNR comme des révolutionnaires, mais comme de vulgaires réactionnaires. Donc, ce serait compromettre nos chances, ce serait compromettre des négociations. Par conséquent, si nous allions déposer de l’argent nous l’aurions peut-être déposé dans les banques des pays où ces pratiques-là sont admises. Mais dans ces pays où ces pratiques sont admises, on l’aurait dénoncé très vite, parce que SANKARA même combien de fois, ici au BURKINA FASO, comme à l’étranger, a-t-il pris le micro, n’a-t-il pas pris le micro pour dénoncer les chefs d’État qui ont des comptes en banque à l’étranger ? Eh bien si j’avais un compte en banque à l’étranger, chacun des journaux impérialistes s’empresserait de publier ces comptes-là, justement pour me discréditer
(applaudissements).
Quand on est sûr de soi, on ne peut parler que haut et fort, le jour et la nuit, que lorsqu’on est sûr de soi.
(oui.. !)
Ils disent également que nous faisons de longs voyages coûteux, avec des délégations nombreuses. C’est vrai. Nous avons fait de longs voyages, qui sont très coûteux, mais nous estimons que 1°/ Ces voyages étalent nécessaires pour faire connaître notre pays, faire connaître notre révolution et nous faire respecter. Et nous sommes très heureux que partout, à l’OUA, à l’0NU, au Conseil de l’Entente, à la CEA0, à la CDEA0, au CILSS, au LIPTAKO-GOUKMA, et j’en passe, l’on respecte le BURKINA FASO
(oui…!)
et lorsque le BURKINA FASO à ADDIS ABBEBA demande la parole, chacun se cale dans son fauteuil pour bien l’écouter
(bravos !)
Sans que je ne sois obligé de les citer, je peux simplement vous dire camarades, que à ADDIS ABEBA combien de Chefs d’État nous ont saisis pour nous demander de faire passer telle ou telle motion. Parce que eux se sentaient incapables de le faire, parce que eux étaient convaincus que ces motions présentées par le BURKINA FASO, personne ne pouvait les contester. Les Ministres qui m’accompagnent dans ces missions savent combien ils sont accaparés par de nombreuses audiences. Chaque État veut nous rencontrer parce que chacun sait que ce qui a été décidé sans le BURKINA FASO peut être remis en cause. (oui…)
Mais ce n’est pas tout, mais ce n’est pas tout. En plus de cette considération légitime que nous avons réclamée, revendiquée pour notre peuple, nous avons également obtenu pour notre peuple une considération quant à son développement. Son développement matériel. Et nous avons signé de nombreux accords avec ces pays. Je prends simplement le cas de la Roumanie. Pendant que l’on dit que TAMBAO n’est pas rentable, pendant que les gens, pendant que l’impérialisme refuse d’acheter notre manganèse, il a fallu la ROUMANIE pour s’engager. Pour réserver par avance 250000 tonnes de manganèse par an, qu’il s’engage à acheter
(oui…).
Et le Président CEAUCESCU DE ROUMANIE ne l’aurait pas fait s’il n’avait pas trouvé en face de lui un BURKINA FASO qui ne soit pas simplement un vulgaire point sur la carte en Afrique de 1’Ouest.
Camarades, aujourd’hui, faites un sondage de par le monde. L’on connaît plus le BURKINA FASO que la HAUTE VOLTA. Et ce n’est pas tout. J’ajouterai une chose. Lorsque nous faisons un voyage, le budget de l’État a prévu pour la présidence du FASO sur l’exercice 1984, 16 millions de FCFA. Or le voyage OUAGADOUGOU-ADDIS ABEBA fait 28 millions. Nous avons été oui ou non à ADDIS ABEBA. Alors ça veut dire que ces 16 millions ne nous intéressent pas. Nous ne nous sommes pas occupés de ces 16 millions. Tous les voyages ont été supportés par les pays amis. Soit qui ont financé AIR BURKINA ou la base aérienne, soit qui ont envoyé leurs avions ici. C’est ainsi que jamais vous ne nous avez vu dans UTA ou dans AIR-AFRIQUE. C’est toujours des avions spéciaux qui viennent nous chercher. Et c’est pour cette raison que chaque fois qu’un avion spécial vient nous chercher, chaque fois que nous avons de la place, nous n’hésitons pas à prendre des militants avec nous pour qu’ils aillent découvrir les autres révolutions, pour qu’ils aillent s’inspirer des leçons des autres pays, afin d’informer ceux qui n’ont pas eu la possibilité de faire des voyages. Est-ce que c’est légitime, est-ce légitime oui ou non ?
Eh bien ! Ceux qui ne veulent pas que vous, le peuple, vous fassiez ces voyages-là, ils ont une conception aristocratique et féodale du pouvoir. Ils estiment que seul le président doit voyager et que vous la masse, vous n’avez pas le droit de connaître CUBA. Si ce n’était pas grâce à la révolution, est-ce que les petits enfants au poing levé auraient connu CUBA ? Est-ce que des CDR, de simples CDR dans les quartiers auraient fait la connaissance de Fidel CASTRO. Eh bien grâce à la révolution, ils ont rencontré ces grands du monde. Et ils en rencontreront encore à l’avenir. Chaque fois qu’il y aura un voyage, nous réserverons quelques places pour les CDR. Nous allons les réserver ces places-là. Même si c’est une seule place, nous la réservons pour les CDR. Les élèves également!
(oui..)
C’est pourquoi nous avons amené avec nous des CDR jusqu’en Afrique Centrale, en Afrique Orientale, en Afrique Australe. Nous les avons emmenés là-bas ces CDR pour rencontrer et ils sont là. Certains sont là. Je vois quelques journalistes ou d’autres comme le camarade DlALLO, ici présent qui a eu par ce biais-là à quitter sa province du KENEDOUGOU, ORODARA, pour aller rencontrer SAMORA MACHEL. Il a pu discuter avec SAMORA MACHEL. Il a pu rencontrer Didier RATSIRAKA. Il a pu rencontrer MENGUISTU. Il a pu rencontrer Sassou N’GUESSO, et j’en passe. Eh bien ! Nous voulons que chacun de vous rencontre ces gens-là. Je veux que vous les rencontriez, que vous discutiez avec eux, que vous connaissiez leurs leçons. L’ensemble des voyages que nous avons effectués dans l’année peut se chiffrer à peu près à plus de cinq cent millions de F CFA. Si l’on nous avait donné cet argent nous l’aurions investi ici directement. Mais comme l’on a préféré nous envoyer des avions spéciaux, nous sommes partis et c’est aux frais de ceux qui nous ont invités, qui ont soutenu nos voyages. Chaque fois que nous sommes revenus de mission, vous avez entendu à la radio de temps en temps, tel Président a donné telle somme pour la caisse de solidarité. Eh bien ! Je vous dis la vérité aujourd’hui. Ces sommes ont été données nominativement à un individu, moi. C’est volontairement que nous les avons reversées à la caisse de solidarité. 5 millions, 10 millions, 20 millions, 75 millions, 100 millions, 150 millions, 350 millions, 400 millions. Tout cela été reversé au Trésor. Tout cela a été reversé au Trésor… Parce que nous voulions le faire, parce que nous voulions le faire. Nous pouvions le garder pour quelques individus, ou pour un individu. Alors qu’on n’aille pas divertir le peuple avec des petites considérations de ce genre.
L’on dit que les festivités du 4 août ont été des festivités somptueuses. Nous savons que ces éléments qui disent çà actuellement, ce sont eux qui ont téléphoné à certains journaux en France pour qu’ils écrivent que les festivités ont coûté un milliard et demi. Nous le savons très bien. Nous avons ces communications. Nous connaissons ceux qui ont fait cela. Mais voyez-vous, nous ne voulons pas, en tant que CNR, nous en prendre à ces ennemis. Nous voulons que le peuple simplement les découvre, les démystifie et les combatte. (oui..)
Le Camarade, Ministre de la Promotion Économique, à l’époque Ministre des Sociétés d’état, Henri ZONGO, a fait le point à la radio, à la Télévision. Eh bien sachez que les festivités du 4 août, loin de nous avoir coûté de 1’argent, nous ont plutôt rapporté de l’argent. Oui, nous avons déjà commencé à répartir ces petits bénéfices-là entre certains ministères. Exemple : le Ministère des Sports et des Loisirs a reçu 5 millions de F., bénéfices des festivités du 4 août. Parce que la plupart des invités étaient venus gratuitement ont payé leur voyage pour venir ici. Et les manifestations que vous avez vues au Stade du 4 août n’étaient pas gratuites, elles étaient bel et bien payantes. Je comprends qu’ils aient été obnubilés par le faste dans lequel OUAGADOUGOU baignait à l’époque. Parce qu’ils ne pouvaient pas imaginer que nous, les CNR, nous serions en mesure de développer un tel faste. Nous l’avons fait. Et nous pouvons encore le recommencer. Même des gens comme Jimmy Cliff ont donné certains spectacles gratuitement ou ont reversé certaines sommes, cela ils ne le disent pas. Et nous avons versé au Peuple. Lorsque nous donnons au Ministère des Sports et des Loisirs 5 millions, c’est pour s’occuper des sportifs, c’est pour s’occuper du peuple.
Ces festivités, au contraire, elles nous ont rapporté de l’argent. Et si l’on pouvait chaque jour organiser des Fêtes du 4 août, on aurait pour le ministère des Loisirs par exemple, 5 millions multipliés par 365. Faites le calcul pour eux, parce qu’ils ne veulent pas faire le calcul.
Enfin, nous tenons à les mettre en garde que toute diffamation tout propos, cela entrainera immédiatement des arrestations. Il faudra que l’intéressé démontre qu’il a raison. Celui qui dira désormais que nous avons pris de l’argent pour acheter des armes, nous l’arrêtons. Il s’expliquera. Et s’il a raison. Mais Camarades, ce n’est pas un secret, non seulement nous ne sortirons aucun sou pour acheter des armes, tant que nos finances n’auront pas connu certaine santé, mais encore, nous avons développé matériellement notre armée. C’est ainsi que chaque jour nous recevons du matériel. A l’heure actuelle, nous avons maintenant des avions de chasse
(oui…)
capables de protéger notre espace aérien. Ces avions de chasse peuvent protéger notre espace aérien. C’est à dire qu’ils peuvent chasser n’importe quel avion. Ça veut dire aussi qu’ils peuvent bombarder aussi au sol. Ces avions, ce n’est pas notre budget qui aurait pu les acheter. Ils nous ont été offerts gratuitement.
(oui…).
D’autres avions arriveront encore. Le 4 août, vous avez un MIG 17 qui a survolé. Eh bien ! ce MIG est là. D’autres arriveront encore qui nous permettront de contrôler mieux la situation intérieure et extérieure. Parce que nous savons aussi que nos ennemis sont en train de tisser et nouer des alliances contre nature avec les crapauds et les crocodiles.
Il y en a qui ont dit : « Oui le CNR a dit qu’il était venu pour donner et non pour prendre. Et cela était faux ». Nous allons concrètement leur démontrer que c’est eux qui ont tort et que le CNR a raison. Car d’abord le CNR est venu pour donner au peuple et pas à tout le monde.
Ensuite, ensuite nous avons dit à certaines personnes puisque vous considérez que nous ne vous avons rien donné, vous n’aurez plus le droit de monter dans « nos » bus. Et nous saurons si oui ou non vous avez gagné quelque chose. Vous serez bien obligés de payer maintenant l’impôt de capitation et vous saurez si oui ou non c’était des avantages pour les masses… Vous paierez également votre loyer et vous saurez si oui ou non il y a eu avantages… qui sont des théories fumeuses. Oui quand le bâtiment va, l’économie va… C’est considérer que le peuple Burkinabé est au niveau du B A BA, des rudiments des premières heures de cours d’économie. Le peuple a dépassé cela, le peuple a dépassé ce cap.
Nous, nous ferons marcher le bâtiment. Nous ferons marcher le bâtiment en faisant en sorte que chacun ait intérêt que chacun bâtisse. Nous savions que depuis 1982, vers la fin du CMRPN (NDLR : (Comité militaire de redressement pour le progrès national), les commerçants avaient déjà commencé à mettre leur argent par-ci par-là. A le camoufler. Nous le savons. Il y a même des journaux qui l’avaient écrit à l’époque, que les coffres forts se vendaient comme des petits pains à OUAGADOUGOU, disait par exemple le Matin. Le journal LE MATIN, vous verrez cela à L’époque. C’était écrit. Nous savions qu’avec les mesures de plafonnement, les gens allaient être obligés de passer par le marché noir. Parce que la spéculation allait continuer.
Eh bien ! Pour arrêter la spéculation. Pour la stopper net, nous disons qu’en 1985, le logement est gratuit au BURKINA PASO. Et du coup nous allons entreprendre des lotissements massifs et des attributions massives de parcelles. Ce qui fait que, d’après les évaluations, à savoir que seulement 50 commerçants s’étaient préparés à construire 50 nouvelles villas à OUAGADOUGOU, pour 1985, pas plus. Et vous pouvez le savoir en contactant les architectes et les entrepreneurs. Ils vous diront que comme marchés de bâtiment, ils n’ont que des réparations à faire. Ils n’ont plus de maisons à construire. C’est la réalité. Demandez-leur à ces entrepreneurs, ils vous le diront. Sauf bien sûr quand il y a des gens comme l’UDEC qui construisent. Là c’est autre chose. N’importe qui ne peut pas faire construire sa villa par l’UDEC. Il faut avoir été un haut personnage sous la IIIe République, avoir joui des avantage de la pseudo-république pour pouvoir se faire construire une maison par l’UDEC sous la IIIe république. Et combien de gens au BURKINA FASO ont construit leur villa par l’UDEC? Il n’y avait que Soumane TOURE.
Bien. Au lieu donc de 50 villas, nous voulons qu’il y ait 100, 200, 400, 500, 600 Burkinabè à OUAGADOUGOU qui construisent de nouvelles villas. Et là, cela fait des marchés, cela fait de l’emploi pour les travailleurs du secteur du bâtiment. C’est ce que nous voulons faire. C’est ce que nous ferons. Parce que nous savons hier comment il fallait se débrouiller pour avoir un terrain à OUAGADOUGOU. Il fallait passer par la magouille. Et si vous aviez un minimum de principes, vous ne pouviez pas avoir ces terrains. On vous amène en zone non lotie. Avec le talon, on vous trace un petit terrain. On vous dit que ça va de telle termitière à telle termitière. Vous devez donner 2000 F/3000 F, des poulets, des cabris, et c’est à cela que nous voulons mettre fin.
Maintenant, nous disons que chaque Burkinabè qui jouit de ses droits, qu’il se mette simplement dans le rang et à tour de rôle il reçoit une parcelle.
Nous les laissons faire parce que nous voulons qu’on les découvre. Mais en même temps, nous les mettons en garde. Attention, quand le CNR réagit, c’est violemment, c’est brutalement !
Donc, nous avons permis le dialogue. Nous continuerons de permettre le dialogue. Nous savons qu’il est ouvert. Même avec ceux que nous avons combattus, que nous combattons aujourd’hui. Le dialogue est ouvert. Nous ne voulons pas que le CNR soit comme une machine aveugle qui broie tout sur son passage. Non, le CNR permet le dialogue et nous espérons qu’ils comprendront. Nous savons que si c’était eux qui avaient cette possibilité, si c’était eux qui avaient ce pouvoir, ils ne se seraient pas comportés comme nous le faisons.
La preuve, c’est qu’on les a vus terroriser les gens dans leurs organisations qu’ils disent démocratiques pour prendre la parole dans ces organisations qu’il contrôlent, il faut d’abord qu’on soit sûr que vous êtes du même bord avant de donner la parole.
Ils écrivent des papiers qu’ils signent. Ils disent que c’est au nom des travailleurs, alors que c’est deux ou trois personnes qui se sont vues simplement dans la chambre où il n’y a pas de moustiques et où il n’y a pas de robinet pour signer ces papiers.
Ces quelques individus se trompent. Ce qu’ils appellent démocratie nous savons ce que pareils gens (suite absent dans le document original)
Nous savons aussi qu’ils aiment utiliser le dénigrement, l’intoxication. Nous entendons dire « Oui nous avons même mis le Président du FASO en garde. Nous ayons même été voir le Président. Notre devoir c’est de faire en sorte que c’est...
Non camarades… Il faut dialoguer avec eux. Si c’était de l’hostilité arrêter. Nous savons que sous la III ème République, nous pouvions disposer de lui comme nous voulions. Plus encore sous le CMRPN, LE CSP, le CNR, il le sait, mais nous devons lui supposer le désir sincère de travailler pour le BURKINA FASO, c’est pourquoi nous devons continuer de dialoguer. Non pas nous acharner contre lui. Il ne s’agit plus de cela. Car vous êtes tous là. Il y a eu un moment vous avez entendu dire qu’on avait attenté à la vie du Capitaine COMPA0RE Blaise. Vous avez entendu dire qu’on a tiré sur lui. Eh bien, c’est les mêmes qui ont répandu ces mêmes bruits dans un calcul bien précis. C’est les mêmes qui aujourd’hui disent « on a arrêté untel, on l’a enfermé». C’est les mêmes qui disent que le Président n’est plus au Conseil des Ministres qu’il est évacué on ne sait… Vraiment il est évacué quelque part….non, quand le Président se trouve au milieu du peuple il est à l’hôpital parce qu’il est sûr que le peuple c’est l’hôpital. Et qu’il ne s’agit que d’intoxication organisée et téléguidée par des fins limiers.
Nous allons vous laisser continuer votre meeting et en finir et nous vous demanderons simplement de ne pas vous laisser abattre par l’intoxication. Ceux-là même qu’hier venaient chaque nuit nous voir avec des listes de gens à dégager, à licencier, ce sont eux qui aujourd’hui disent qu’ils ont pitié des dégagés. Nous nous ne serons pas irresponsables comme eux. Nous n’allons pas appeler les gens pour dire « toi, on t’a dégagé, parce qu’un tel est venu nous dire qu’il te connaît très bien, qu’il faut qu’on te dégage ». Nous ne dirons jamais cela, mais on les connaît très bien. Ils se connaissent.
Nous vous demandons simplement de répondre à l’impérialisme que leurs valets locaux sont actuellement en train de recevoir des leçons conséquentes, et que leurs valets locaux se chargeront de leur transmettre en retour du courrier ce qu’il se passe au BURKINA PASO. Dites à l’impérialisme que les lycéens sont debout ; dites à l’impérialisme que les lycéens sont en train de marcher, mais dites à l’impérialisme qu’ils marchent avec et pour le CNR. La conscience du peuple ne saurait être arrêtée par les ennemis du peuple. Et lorsque la conscience du peuple est en marche, cela s’appelle la Révolution. Je vous remercie.
L’impérialisme! A bas !
Les valets locaux ! A bas !
Les dindons gonflés ! A bas !
Les taureaux borgnes,
Les taureaux borgnes, parce que, pour nous les taureaux borgnes ce sont ces personnages, ces individus fougueux qui croient comprendre, mais qui ne sont que des borgnes.
Et également, disons ensemble, les CDR-brouette, Les CDR-brouette. Il y a actuellement parmi vous des larbins. Il y a dans vos écoles des éléments qui ne peuvent avancer que lorsqu’on les pousse. Et aujourd’hui ils sont totalement déboussolés parce que leurs maîtres à penser ne peuvent plus leur donner des leçons. Dès que vous enlevez leurs maîtres, eux ne savent plus ce qu’il faut faire. Ils ne posent que des actes incohérents. C’est pourquoi on les appelle les CDR brouettes. Il faut quelqu’un pour les pousser.
Les CDR brouettes ! A bas !
Les CDR brouettes ! A bas !
Merci Camarades.