Il y a 30 ans, le 7 avril 1994, commençait l’effroyable génocide des Tutsis au Rwanda, avec la complicité des autorités françaises. Entre le 7 avril et le 17 juillet 1994, de 800 000 à 1 million de personnes ont été tuées.

Nous avons pris la décision de mettre en avant chaque anniversaire des affaires dont les victimes et leurs soutiens sont membres du Collectif secret défense un enjeu démocratique. Le réseau international Justice pour Sankara justice pour l’Afrique, dont notre site rend compte de l’activité (voir https://www.thomassankara.net/category/francais/actualites/justice-pour-sankara/), en est un des membres fondateurs. L’association SURVIE aussi qui est très engagée dans la recherche et la restitution de la vérité sur ce génocide. Nous publions ci-dessous, le communiqué de cette association ainsi que des liens vers d’autres articles permettant de s’informer sur ce génocide et le combat pour faire reconnaitre le responsabilité de l’État français à l’époque.

La rédaction du site


Complicité de la France dans la génocide des Tutsis au Rwanda
Communiqué de l’association SURVIE publié le 5 avril 2024

 

Alors qu’Emmanuel Macron s’exprimera en vidéo dimanche 7 avril, à l’occasion du début des 30èmes commémorations du génocide des Tutsis au Rwanda, l’association Survie rappelle que l’État français est loin d’avoir reconnu toute son implication et que la justice se heurte encore à des zones d’ombre. Une nouvelle plainte va être déposée d’ici lundi pour continuer d’exiger la vérité et la justice à ce sujet.

L’Élysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron diffusera le 7 avril une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle il affirme notamment que « la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté ». Si cette déclaration va plus loin que celles effectuées notamment en 2019 et en 2021 par le président de la République, elle pose en creux un problème que l’Etat français ne veut toujours pas affronter, selon l’association Survie, qui décrypte depuis 40 ans les relations franco-africaines.

« Emmanuel Macron concède par petites touches que la France n’a pas été aussi irréprochable au Rwanda que le prétendaient ses prédécesseurs, explique Patrice Garesio, président de l’association. Mais ce type de déclaration en euphémisme vise à esquiver encore une fois le fond du sujet pour ménager la chèvre et le chou : l’Élysée cherche à répondre aux critiques que n’a pas éteintes le rapport de la commission Duclert, tout en évitant de reconnaître que la France a eu un rôle actif auprès des génocidaires avant, pendant et après le génocide, facilitant de fait sa réalisation. Nous avons accumulé suffisamment de preuves de cette complicité d’Etat pour refuser d’endosser ce rôle de chèvre. »

La justice administrative doit accéder à la requête déposée en 2023 par des rescapés et associations pour faire reconnaitre la gravité des illégalités françaises, et leur caractère fautif, lors du soutien français à un régime qui a préparé puis exécuté un génocide [1]. Au pénal, une nouvelle plainte est en cours de dépôt par Maîtres Hector Bernardini et Jean Simon, concernant la mort mystérieuse de deux gendarmes français et de l’épouse de l’un d’eux, à Kigali dans les premières heures du génocide [2]. Cette plainte, portée par des ayant-droits des victimes et par l’association Survie, vise à élucider enfin l’élimination des gendarmes Didot et Maïer.

[2“Trente ans de silence radio sur trois morts français au Rwanda”, Le Canard enchaîné, 3 avril 2024. Voir aussi le roman de Pierre Lepidi inspiré de ces faits, Murabeho (Ed. JC Lattès, 2023)


Quelques liens pour s’informer sur le génocide des Tutsis au Rwanda

– Une synthèse complète de ce que l’on sait sur le génocide voir https://survie.org/publications/4-pages/article/la-france-complice-du-genocide-des-tutsis-au-rwanda-6473

– Trois articles de François Graner, représentant de SURVIE dans le collectif secret défense un enjeu démocratique sur l’actualité la plus récente de l’évolution des actions pour obtenir la vérité sur le génocide et la complicité français.

° L’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président rwandais Habyarimana, qui servit de prétexte au déclenchement du génocide, n’aura pas lieu. Voir à https://survie.org/billets-d-afrique/2022/316-avril-2022/article/attentat-l-enquete-n-aura-pas-lieu

° France Rwanda : le général qui dérangeait. Voir à https://survie.org/billets-d-afrique/2023/327-avril-2023/article/france-rwanda-le-general-qui-derangeait

° Archives : blocages réels, avancées concrètes. Voir à https://survie.org/billets-d-afrique/2017/266-mars-avril-2017/article/blocages-reels-avancees-concretes-5224

– On pourrai aussi se reporter à


Série de vidéos réalisées par l’association SURVIE sur la complicité française

Survie a analysé et rassemblé des documents secret défense récemment déclassifiés concernant le rôle de la France et vous les présente dans une série de 5 vidéos.

La bande annonce


 

Cet épisode pilote revient sur le soutien apporté par l’État français au gouvernement génocidaire rwandais. Les documents secret défense analysés et rassemblés permettent de comprendre les mécanismes qui ont permis l’une des plus atroces compromissions de la Ve République autour de 4 questions : Pourquoi la France s’est-elle impliquée au Rwanda ? A quand remonte l’implication de la France au Rwanda ? Jusqu’à quand la France a-t-elle poursuivi son soutien au régime génocidaire ? Que penser des conclusions du “rapport Duclert” quant aux “responsabilités lourdes et accablantes” de la France dans le génocide des Tutsis ?


 

Ce premier épisode revient sur l’élément qui a servi de déclencheur au génocide des Tutsis au Rwanda : l’attentat contre l’avion du président rwandais Habyarimana, le 6 avril 1994. Qui a commis cet attentat ? 30 ans plus tard, on ne sait toujours pas. La France et le Rwanda se sont réconciliées sur le dos de la vérité.


 

En 1994, pendant et après le génocide, les Forces Armées Rwandaises (FAR) ont bénéficié du renfort de spécialistes de l’armée française – des forces spéciales de l’armée régulière… mais aussi des mercenaires. Les activités de ces hommes de l’ombre, bien connues de Paris, se sont avérées très utiles pour maintenir un soutien discret à un régime devenu hors-la-loi, tout en préservant la crédibilité de la France en Afrique. Au cœur de cette “stratégie indirecte”, les figures de Paul Barril et Bob Denard, qui ont rendu de généreux services au gouvernement intérimaire rwandais (GIR) génocidaire.


 

De manière constante – avant, pendant et après le génocide – des armes servant à combattre le Front Patriotique Rwandais (FPR), mais aussi à massacrer des civils ont été livrées aux Forces Armées Rwandaises (FAR). Cette armée est celle du régime extrémiste ayant planifié et mis à exécution le génocide des Tutsis au Rwanda. “Ce n’est pas la peine de découvrir sur un ton outragé qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies : c’est la suite de l’engagement d’avant !” a avoué Hubert Védrine, Secrétaire général de la présidence de la République française en 1994, lors de son audition par la commission de la défense de l’Assemblée nationale en 2014. Et il faudrait trouver ça normal ?


 

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