ISBN : 978-2-343-06008-8
L’Harmattan International Burkina Faso (novembre 2015)
Récit 14,5 €, 141 pages;
Sous-titre : Des moments de la révolution sankariste vue par un adolescent, récit
Présentation de l’ouvrage (4ème de couverture)
Souvenirs de la Révolution est le récit d’un adolescent couvrant la période de 1982 à 1987. Il relate les souvenirs du jeune écolier du CM2, du temps du CMRPN et du CSP, mais se focalise sur la période de la révolution sankariste, qui a profondément marqué l’auteur. Ses souvenirs, ce sont aussi les conditions de vie du collégien vivant « loin » de ses parents, les décisions incomprises du CNR, notamment le licenciement massif des enseignants du primaire et la misère qui s’en est suivi, les Tribunaux populaires de la révolution, les mésaventures du jeune collégien du village découvrant Ouagadougou, et victime des CDR, son admiration et la description des festivités de l’an III de la Révolution, l’émotion ou le choc dû à la fin de la Révolution et surtout à la mort de Thomas Sankara. L’auteur y décrit ce choc avec force détails, car incontestablement, en dépit des reproches faits au CNR, il est un grand admirateur de Thomas Sankara et de son régime.
Présentation de l’auteur
Guindé Bonzi est né le 20 décembre 1969 à Koumbia, au Burkina Faso. Il fait ses études primaires à Sindo en 1976-1977 et à Koumbia de 1977 à 1983. Puis de 1983 à 1988 il fréquente le CEG de Houndé. En 1989 il est admis à l’École nationale des enseignants du primaire (ENEP) de Loumbila. Respectivement instituteur certifié en 1996, instituteur principal en 1999, il devient inspecteur de renseignement du premier degré en 2006. Il est aussi titulaire d’une licence en linguistique obtenue en 2003, à l’université de Ouagadougou.
Sommaire
- La « prérévolution 25
- Un cortège de trois voitures 35
- L’économe au tribunal des collégiens 41
- Les permanences 43
- Les CDR en temps de guerre 47
- Les licenciements 51
- Les TIC 57
- Sankara inaugure le stade 59
- Mon premier voyage à Ouagadougou 67
- La cité interdite 73
- CDR racketteurs ? 81
- Les festivités de l’anIII de la RDP 89
- « Le choc des stars » 89
- Les mouvements d’ensemble 95
- Le défilé 97
- Sankara donne un carton rouge à Biaise 102
XIII- L’UNAB (NDLR l’union nationale des anciens du Burkina 107
XIV-La journée du paysan 109
XV- La fin 113
- L’après-midi du15 octobre 1987 113
- Une nouvelle assommante 115
- L’aurore crépusculaire du Front Populaire de Blaise Compaoré 121
XVI- On raconte que 125
- Une visite surprise à Dédougou 125
- Le gendarme et le faux coup d’État 126
- Sankara et le gendarme incorruptible 126
- Le policier accusé d’avoir insulté la mère de Sankara 127
- Sankara et la vie chère 129
- Sankara seul au marché de Bobo 129
Nos commentaires
Voilà un livre comme on aimerait en voir plus souvent. Il s’agit d’une suite de très courts récits de différentes anecdotes qui se sont déroulées durant la révolution. L’auteur les a vécus. Il les raconte dans le style des rédactions de collégiens ou de lycéens, avec leurs langages et leurs naïvetés. C’est particulièrement plaisant, facile à lire, agréable souvent drôle.
On se plonge dans une réalité de la révolution un peu trop mythifiée aujourd’hui, il faut bien le dire. Et le retour à la réalité est bienvenu. Ça n’a pas toujours été une partie de plaisir.
Par exemple Gnindé Bonzi évoque la vie des milliers de salariés licenciés ou “dégagés” dont certains sont réduits à la pauvreté.
Il raconte aussi comment les CDR abusent parfois de leur pouvoir ou se nourrissent, par endroit, en tuant les animaux qui divaguent. Les trois luttes pour lutter contre la dégradation de l’environnement s’entendaient par la lutte contre les feux de brousse, la lutte contre la coupe abusive du bois et la lutte contre la divagation des animaux. Normalement rappelle l’auteur, lorsqu’un animal est attrapé en divagation, le propriétaire peut le récupérer contre une amende. Mais parfois les CDR les tuaient rapidement pour se nourrir. Il raconte à ce propos une anecdote croustillante d’une femme qui paye pour récupérer son âne. Mais au lieu de désigner comme le sien, celui qui était tout rabougri, elles désigna un âne bien nourri et partit avec. Elle avait acquis un âne en plein forme pour un prix dérisoire d’une simple amende !
Ce livre témoigne du fait que Thomas Sankara était souvent épargné par les personnes qui subissaient les duretés de la révolution. Il avait tellement réussi à donner confiance qu’on le jugeait non responsable des décisions les plus dures. L’auteur était alors très jeune, sans doute alors un peu naïf mais surtout porté par cette envie de croire en quelque chose de fort. Et le fait qu’il ne soit pas un militant constitue un intérêt supplémentaire.
En réalité, vivant par les injustices du régime de Blaise Compaoré, c’est presque la population toute entière s’est mise peu à peu à admirer Thomas Sankara, y compris ceux qui avaient souffert pendant la révolution. J’en ai été témoin moi-même plusieurs fois. Depuis le temps que je fréquente le Burkina j’ai vu évoluer la position de nombreuses personnes vers une perception bien plus positive des années révolutionnaires.
La jeunesse du Burkina s’est construit une image de la révolution souvent idyllique. Des livres comme celui-ci, qui en appellent d’autres, rétablissent la réalité et de tels témoignages sont donc parfaitement bienvenus.
On aimerait parfois que les récits durent plus longtemps, qu’on se plonge plus profond encore dans cette réalité du quotidien de la révolution.
Quoi qu’il en soit, en plus du plaisir que l’on prend a lire cet ouvrage, il fait œuvre utile. Les livres qui analysent la révolution sont toujours plus nombreux alors que ceux qui racontent le quotidien sont rares.
Vite d’autres témoignages!
Bruno Jaffré