Nous publions ici un document historique sous la forme d’une interview de Blaise Compaoré , qui nous a été confiée par Augusta Conchiglia. C’est elle  qui a réalisé l’interview alors qu’elle était journaliste à Afrique Asie..

Il revient sur le récit de son retour à Po après l’arrestation de Thomas Sankara. On se rappelle que le 17 mai 1983, Thomas Sankara était écarté de son poste de premier ministre et arrêté à la suite d’un putsch militaire. Blaise Compaoré avait pu rejoindre les commandos de Po et se déclarer en rébellion. De nombreux militants sont venus par le suite rejoindre Po dans la perspective de résister à ce putsch organisé par les éléments de droite du CSP (Comité de Salut du peuple). L’enregistrement commence par des sons d’un meeting. Puis on trouvera ici l’enregistrement audio de l’interview de Blaise Compaoré, par Augusta Conchiglia et sa collègue Cherifa . Blaise Compaoré raconte ce qui s’est passé le 17 mai 1983.

L’interview se poursuit avec le récit de la préparation du 4 août puis aborde différentes questions notamment celles du rapport entre les militaire et les organisations politiques révolutionnaires

Nous avons reçu l’audio mais nous ne savons pas précisément quand l’interview a été faite ni à quelle occasion. Sans doute à la suite d’une réunion des CDR à Koupéla. D’où le début de l’audio, avant de passer à l’interview. La retranscription a été réalisée par Karim de Labola et Daouda Coulibaly membres de l’équipe du site thomassankara.net. La vérification et les corrections orthographiques ont été faites par Jacques Zanga Dubus.

La rédaction.


Le son

Le début de l’audio (quelques minutes) est un extrait d’un meeting pendant la révolution.L’interview de Blaise Compaoré commence à la minute 03.


La retranscription

Bruit de voix d’une foule en réunion, applaudissements

Une voix : L’impérialisme

Foule : À bas

Une voix : le Néo-colonialisme

Foule : À bas

Une voix : les diviseurs du peuple

Foule : À bas

Une voix : Les affameurs du peuple

Foule : À bas

Une voix :   Ceux qui font courir les faux bruits

Foule : À bas

Voix : Pour l’union du peuple

Foule : ….Euuhn hrr

Voix : Pour l’union du peuple

Foule : Victoire

Voix : Pour l’union du peuple

Foule : Victoire

Voix : Merci camarades

………………

00’.34’

La voix  (modérateur identité ?) : Bonsoir, je suis venu surtout pour écouter et pour apprendre. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas le droit de conserver le micro pendant longtemps. Et je vais vous le rendre immédiatement pour écouter avec vous, participer au débat comme tout un chacun. Merci

00’.56’’Une autre voix (un responsable CDR?) : Le CDR de Koupela ne saurait être récupéré par  quelque bord que ce soit, et je souligne à l’intention de tous  que ce CDR-là reste le cadre représentatif pour débattre de tous les problèmes  qui se posent à Koupela. Un camarade venait de poser la question au camarade BODIGA  pourquoi à savoir quand il y a chaque fois un problème, les gens viennent le toucher personnellement, alors qu’y a un bureau CDR qui a été assis ici. Et je pense que ce bureau-là est à même de résoudre tous les problèmes. Alors si vous ne pouvez pas œuvrer, travailler ensemble dans ce cadre-là, je crois que tout ce qui se fait  à côté, dans les couloirs, je pense que  c’est du noir, c’est du lugubre ; ce n’est pas des solutions à faire avancer les choses ici. Je pense que désormais si y a un problème qui se pose, vous saisissez les CDR, et je pense que ce problème-là trouvera une solution, au lieu de… Je pense que nous en avons marre de tous les problèmes individuels qui ne cessent de diviser les gens ici. La question de bords, euh… je pense que la politique politicienne c’est fini. Si vous ne pouvez pas travailler,  vous regrouper  dans un cadre unique pour travailler …je pense que…ou bien on est dans la révolution, ou bien on reste chez soi, et on n’emmerde pas les gens. Je vous remercie.

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03’00 Interview de Blaise Compaoré interrogé par une journaliste occidentale

Blaise Compaoré : Je dis, peut-être qu’ils ont tenté donc de jouer leur coup, ça n’a pas marché, et ils sont repartis. Et en attendant de projeter ça un autre jour. Bon, néanmoins, je rentre, je prends des précautions, toutes les armes que j’avais, je les fais sortir. A. C.’étais assis au salon et j’attendais.

Augusta Conchiglia : De chez vous ?

BC : Oui, que peut-être ils allaient revenir entretemps, parce que j’avais dit à mon chauffeur  d’aller déposer ses affaires au camp Guillaume, le grand camp, au camp  au centre de la ville là, et j’avais dit de revenir me chercher. Parce que… comme j’avais eu vent du complot  je me disais  qu’à 17h, il fallait que je sois à la présidence pour demander aux Jean-Baptiste, quoi quoi quoi, pourquoi ils complotent contre nous. Juste un quart d’heure après, le chauffeur est revenu me dire que le camp est encerclé…C’est à dire que les commandos…Y’avait  cinquante commandos de Pô qui étaient à Ouaga pour la sécurité de Jean-Baptiste, on les envoyait dix par semaine à son domicile. Mais les éléments conspirateurs, sachant que ils ne peuvent pas arrêter Thomas,  les cent cinquante vont les… Ah ouais, ils ne vont pas, ils ne vont pas accepter, donc ils vont emmener des chars encercler le camp. Zongo Henri était là-bas, le militaire, avec son unité. Et c’est ainsi que, comme les hommes même le connaissant, c’est pas devant des militaires, ils ne vont jamais accepter se rendre. Et donc ça a trainé comme ça… Et moi pendant ce temps, j’étais…dès qu’il est revenu me dire, j’ai dit : « bon on va à Pô » [Rires]. On est sorti et on a pris la route de  Ouahigouya, ensuite…

A. C. : Et on vous a pas embêté ?

BC : Non, non, non, les gendarmes n’étaient pas encore revenus. C’est après moi qu’ils sont venus ; c’est quand j’ai quitté qu’ils sont revenus. Ils sont arrivés demander après moi.

A. C. : Ils n’étaient pas bien organisés ou bien c’était surestimé

BC : Non, non ils étaient très mal organisés. Militairement c’était zéro, vraiment c’était zéro… Donc euh… c’est ainsi que moi j’ai pu rejoindre, traverser les rails, prendre la route de Bobo, piquer vers  le sud pour rejoindre la route de Leo, et puis c’est ainsi que … je suis arrivé ici à 15 heures. A. C.’ai fait 9 heures de route Pô-Ouaga ce jour-là [Rires]. Ah oui c’était… j’ai rencontré deux fois des gendarmes à des carrefours pendant les contrôles. Arrivé, j’ai trouvé que les éléments, comme ils ont, ils avaient eu l’information comme quoi leurs camarades étaient encerclés, ils avaient déjà pris des camions pour monter à Ouagadougou.

A. C. : Ils les avaient bloqués ?

BC : Et eux-mêmes, ils se sont arrêtés sur la route. C’était le matin ; ils ont appris ça vers les 5 h du matin. Donc, ils se sont arrêtés sur la route parce que ils se sont  dit que si ils vont pour  libérer leurs camarades, ils allaient pouvoir le faire, mais le premier ministre qui était arrêté, ils allaient le liquider peut être. Donc, c’est pourquoi ils sont restés dans la Volta à 30 km. Automatiquement, j’ai convoqué le monde et on a tenu une assemblée générale pour voir la position à adopter. La position était d’exiger dans les quarante-huit heures la libération complète de  nos camarades  pour qu’ils nous rejoignent ici. C’était  l’autre ooh, la demande quoi, pour nous c’était ça ou rien, en dehors de ça on ne discute même pas d’autres choses.

A. C. : Y’avait combien, au-delà du président, et commandant Lingani, qui d’autres étaient emprisonnés ?

BC : Oui, Lingani aussi, voilà j’oubliais..

A. C. : Et qui d’autre ?

BC : Les deux, Zongo et mon adjoint le lieutenant Diendéré Gilbert, qui était mon adjoint

A. C.: Il était là-bas ?

BC : Lui il était… parce que le 17,  dans la semaine, donc à l’entrainement ici il y a eu un… euh,  comment dirais-je… un blessé..  y’a un qui a reçu une balle dans la cuisse. Lui il l’avait transporté à Ouagadougou.

A. C. : Donc il s’est trouvé là-bas par hasard ?

BC : Oui par hasard. Donc le matin il s’est levé du mess des officiers pour aller…Les putschistes sont venus lui demandé d’aller conseiller les commandos, de réfléchir quoi, donc lui il est parti, il a pu rentrer les rejoindre. Et puis lui aussi il a pris une arme quoi. Ils ont décidé de ne pas se rendre… Ils ont lutté jusqu’au bout. C’est ainsi qu’avec le capitaine Zongo ils ont organisé une résistance dans le camp jusqu’à 22 h le soir ; à 22 h donc ils ont tombés d’accord sur une plate-forme minimale à savoir : la libération, donc… permettre au camarade Président et puis Lingani de s’expliquer devant une assemblée, de ne pas arrêter donc les euh…

A. C. : l’assemblée du CSP ?

BC : Du CSP, convoquer ça pour qu’il s’explique. Ne pas arrêter Lingani, les… choses, Zongo et Diendéré qui étaient au camp là-bas, et puis un troisième, le capitaine Boukary qui commande les parachutistes à Koudougou. Lui aussi le matin, il s’est levé, il est parti à… On a convoqué les officiers pour leur expliquer pourquoi ils ont fait le coup d’État. Il a écouté ça, il a dit « ça marche pas ». Il est parti rejoindre les autres au camp. C’est lui qui commande les parachutistes maintenant, c’est trois officiers avec une quarantaine de commandos. C’est ainsi qu’ils ont…  euh…

A. C. : Ouaga était pratiquement encerclé ?

BC : Ah oui Ouaga était encerclé. Encerclé par ??

A. C. : Parce  vous disiez que le capitaine Boukary était pas d’accord ? Donc il était prêt à…

BC : Oui, il a rejoint les commandos dans le camp, c’est un camp clôturé

A. C. : Donc il y avait une résistance à Pô, à Koudougou ?

BC : Non, à Koudougou il n’était pas encore commandant des parachutistes. Il était officier des sports. .

A. C. : Ah oui actuellement

BC : Oui il est actuellement

A. C. : Ah ok,  donc il est actuellement

BC : Oui, il est actuellement.  Donc finalement, ils ont promis les camarades Président, Lingani, de baisser les armes, ils vont discuter.

A. C. : Mais il n’y a pas eu d’assemblée ?

BC : C’était après, le 23. Mais ils n’ont pas, ils ne les ont pas fait venir. Ce n’est que vers le 30 qu’ils les ont libérés ; donc ils ne sont pas venus à l’assemblée, bon ils ont fait des votes bidons là… euh…

A. C. : Pour cautionner le coup d’État…

BC : Oui, cautionner. Pour supprimer le premier ministère y’avait 30 sur 120, le reste c’est abstention. Donc tous les votes c’était abstention, y’avait 80/90 abstentions ; donc ça a énervé  Jean Baptiste, il s’est énervé et il est sorti aller se mettre dans une salle, et disait qu’il allait démissionner et tout. Et c’est là que l’ambassadeur de France est venu entrer, l’a appelé, discuter, c’est là il est revenu.

A. C. : L’ambassadeur lui a dit «  ne démissionnez pas, s’il vous plait »

BC : Oui certainement, c’est ça : ne démissionnez pas, restez. [Rires]

A. C. : On compte sur vous encore… [Rires]

BC : [Rires] C’est ça. « On compte sur  vous encore ». C’est ainsi qu’ils sont revenus, très vite. Quand ils sont revenus, ça nous a fait du monde. On était maintenant près de deux cents cinquante. Donc on a fermé tout, bouclé toute la ville, sur un rayon de 30 km.

A. C. : Vous aviez des chars ?

BC : Non, non, on  n’a jamais eu des chars. C’est une histoire qui a circulé à Ouaga mais on n’a jamais eu de chars.

A. C. : Vous aviez des armements lourds, quand même?

BC : Euh, mais on ne les utilisait pas. On n’avait pas besoin d’armement lourd, parce que, vous voyez Pô, il n’y a pas beaucoup d’issues, de passages pour arriver ici. Il y a la Volta, la grande route… Personne ne pouvait emprunter parce qu’on avait tellement… L’axe sud-est. Donc de ce côté aussi y’avait vraiment pas… Donc pour nous le combat, on n’avait pas besoin d’armement lourd. On peut facilement bloquer les accès. Et puis un ennemi qui s’hasarderait dans la région ici, dans un rayon de 100 km, nous connaissons, avec les manœuvres nous connaissons pratiquement toute la zone, donc ce serait dangereux pour nous approcher. On a obtenu  la libération  des camarades.

A. C. : Entretemps y’a eu le voyage de Zongo ?

BC : Oui, effectivement, quelques jours après, il est venu, il m’a manqué d’abord parce que moi j’étais, j’étais au Ghana, voir les autorités là-bas pour leur parler de la situation en Haute-Volta. Bon ils m’ont dit « ouais, le haut-commissaire du nord… ».

BC : Eux, ils ont… enfin, l’ambassadeur de, à Accra a déjà écouté ce que, mon truc-là, intérieur, ça n’a rien à voir… et moi j’ai donc donné l’information contraire qu’en fait, c’était la contre-révolution et la révolution, la lutte, et que le Ghana se détermine, dans la mesure où déjà, la Côte d’Ivoire et le Togo, si au nord il y encore, aujourd’hui, c’est fini aussi pour lui… j’ai informé donc le camarade Rawlings

A. C. : Il a compris ?

BC : Oui, il a compris

A. C. : Il connaissait déjà le camarade Sankara ?

BC : Non non non

A. C. : C’est après, donc

BC : C’est après, après sa libération

A. C. : Donc vous avez été convaincant dans vos arguments, sans que vous vous connaissiez auparavant

BC : Oui, oui oui. Parce qu’après moi-même j’étais [blessé ?] à Accra. Je l’ai rencontré, on a discuté toute la journée de la situation. Ce n’est qu’après que, quand Thomas a quitté la prison, que nous avons pu le faire arriver jusqu’à là, pour discuter avec Rawlings et tout.

A. C. : Donc il y a eu quand même deux mois de tension ?

BC : Oui il y a eu deux mois de tensions, mais finalement nous savons que nous avons le peuple, parce que notamment dès que le 20, 21, 22, y a eu les manifestations des élèves depuis d’ailleurs cette arrestation ; parce qu’en octobre y a plus eu de classe, hein, ah ouais on a été obligé de fermer les établissements, les élèves sont sortis avec des pancartes « Libérez Sankara », « Jean Bâtard au poteau »

A. C. : [Rires] Jean Bâtard [Rires]

BC : Ouais, au poteau. Ils sont passés à l’ambassade de France casser des voitures, en disant… Ah ouais, c’était difficile ; donc après ça c’était…

A. C. : Vous avez été quand même patient, parce que… Vous n’avez pas eu envie de…

BC : Non non non non non, moi parce que j’avais trop de soucis, j’avais la sécurité des

A. C. : des personnes

BC : de Thomas, et aussi je ne voulais pas que, d’intervention étrangère parce que je sais que, si ça reste entre nous, nous, nous sommes capables de régler leur compte, mais si par exemple y a l’Anad ou bien des forces, voilà c’était ça notre problème ; donc, je, on a tout fait pour minimiser, même quand ils venaient, si ils trouvaient qu’on étaient, qu’on s’amusaient, on n’a jamais montré [Rires] qu’on… On était fermes politiquement, mais on n’a jamais vraiment créé cette situation

A. C. : Au sein du Conseil de l’entente, il y a un accord de ?

BC : Anan… l’ANAD [Note : Accord de non-agression et d’assistance en matière de défense, créé le 07 juin 1977 entre les États membres de la CEAO et le Togo]

A. C. : C’est ça hein

BC : CEAO même

A. C. : mais on n’a jamais fait appel

BC : Non. Mais nous savons qu’ils ont eu des contacts [un mot inaudible] avec le secrétariat de cet organisme, quand même

A. C. : En cas de besoin…

BC : C’est vrai, puisque, après le 4 août l’Anad a envoyé du matériel militaire qui est venu nous trouver, donc c’est venu en retard là

A. C. : [Rires] Ah bon ? [Rires]

BC : Nous a on pris…[Rires] et on a dit merci ! Donc, c’est ça et même le 20 mai, la France a envoyé six cents armes automatiques, le 20 mai ; donc ils avaient eu des complices, mais il leur manquait des hommes

A. C. : Mais, comment ils pensaient s’en tirer, eux ?

BC : Oh je crois qu’ils ont fait ça comme ça, ils n’ont rien compris à l’histoire [Rires]

A. C. : [Rires] C’est un peu aventureux…

BC : Ouais, parce que, ils croyaient que le CSP ; parce que, le CSP, c’était, c’est quand même nous qui faisions la force ici ; les gens commençaient à nous passer, sentaient en nous des… en fait on a été adopté vite par le peuple voltaïque, donc euh, ce que les gens ont oublié, donc ils pensaient qu’en nous mettant de côté, ça suffisait pour… C’est là qu’ils ont vu comment le peuple…  Imaginez-vous une ville comme Ougadougou, après le 17 mai, le 22, il organise, le président de la république, il organise une marche, pour euh, pour lui, avec radio tout ça, il n’a pas deux cent personnes alors qu’il a attrapé les autres [Rire] enfermés, c’est dire que la situation, vraiment ne lui était pas favorable, le peuple avait choisi son camp

A. C. : Mais ce qui est étonnant, c’est qu’il n’avait aucune stratégie, y a rien, y a eu aucune stratégie après, parce quand il a vu que…

BC : Parce que le, en fait, c’est le colonel, ce mec qui a fait son coup, il l’a même obligé à accepter le fait accompli et, maintenant… or, c’est pas un politique Somé, c’est un fasciste primaire, là, qui donc pouvait rien organiser, c’est ça ; c’est pour ça l’ambassadeur de France était chaque fois avec Jean-Baptiste pour essayer de l’aider

A. C. : Et vous avez [mot inaudible, les voix se couvrent] l’ambassadeur depuis ?

BC : Oui oui, d’ailleurs on a  trouvé qu’il était d’ailleurs en France, il était parti chez les Tubabu, et puis on a demandé à la France

A. C. : Coup de chance pour lui [Rires]

BC : Oui oui, de le garder là-bas, mais ils nous ont dit, bon, comme y a les protocoles et machins, faudrait quand même, certaines manières-là [Rires], le laisser revenir

A. C. : prendre ses bagages

BC : Oui, prendre ses bagages, officiellement et tout, mais c’était dur, enfin, je sais qu’après c’était dur pour lui quand il était là, parce que j’ai assisté même quand [nom incompréhensible] est arrivé

A. C. : Quand qui ?

BC : Munchi [ ?]. Il est rentré pour voir, le présenter au Président, il a salué et le Président ne l’a même pas salué

A. C. : [Rires]

BC : Oui, puisque, toutes les réunions qu’il faisait nuitamment nous étions informés, c’est ça aussi ; nous étions très bons sur la situation à Ouaga, ça c’était…

A. C. : Donc, il suivait personnellement ?

BC : Ah oui, il suivait personnellement, mieux que le cardinal [ ?]

A. C. : Mais, maintenant c’est que… Et Guy Penne était au courant de tout ce qui s’est passé, ou il a été pris de surprise ?

BC : Ah, je ne sais pas, mais nous le pensons, parce qu’il arrive le 16, il euh, je ne sais pas,  il va loger à l’ambassade, chez l’Ambassadeur, il dit de… la télévision leur a dit de ne pas être là, bon, et puis le… les gens nous disaient après même, parce que le 17 il a organisé un pot, une réception, nous c’est des, des bruits que nous avons entendus, il a dit aux gens que les Voltaïques devaient être contents, c’est une journée historique pour vous ; bon, alors tout ça, ça nous est parvenu, bon on s’est dit qu’il y était pour quelque chose, que du moins il était informé de ce qui allait se passer.

A. C. : Et après il y a eu le 4 août

BC : Le… ?

A. C. : Le 4 août

BC : 4 août ? Oh c’est loin ça ! [Rires]

A. C. : La chevauchée sur le goudron

BC : Ouais, il était là, il a tout suivi… En fait le 4 août n’était pas… parce que, bon les gens pensent que nous avons fait le 4 août ensemble pour sauver nos têtes, mais, en fait le pouvoir ne pouvait plus aller à droite ; même le… on parlait du colonel, seigneur Penne et autres, ils prenaient le pouvoir à Ouaga ; oui, vous allez… c’était, c’était impossible de gouverner, en fait, ils n’allaient pas trouver…  Nous, nous restons à Pô, on ne leur dit rien, ils n’allaient pas trouver de militaires pour nous affronter, dans toute la… il n’était plus possible, parce que nous avions gagné des garnisons, les militaires venaient ici, avec des motos quittant les garnisons pour venir nous informer de ce qui [inaudible], et qui n’étaient pas du tout prêt à attaquer, quoi ; donc, quel que soit le pouvoir de droite qui venait, se mettait en place par la force, en juillet, il ne pas pouvait pas gouverner à notre place, c’était, ouais ;  il n’y avait pas, dans la kyrielle, de colonel on n’en voit pas, quelqu’un qui pourrait… parce qu’on les… ils ont traîné leur bosse dans la politique, alors les gens on les connaissait assez. Entre nous, le 4 août, en fait, sur le plan militaire, ça nous a pas, c’était pas une, une action héroïque comme ça

A. C. : Spectaculaire

BC : Spectaculaire, parce que nous savions  qu’à Ouaga, sincèrement il n’y aurait pas eu de combat, hein, parce que les militaires avaient choisi leur camp, c’était…

A. C. : Il n’y a eu aucune résistance ?

BC : Pfft. Un peu. Euh… Oui, à la résidence de Jean-Baptiste, il y a eu deux morts, y a eu trois morts même, là-bas, ouais ; et puis aux blindés, chez les… là où il y avait les chars. En dehors de ces deux points…

A. C. : C’était presque symbolique, quoi ?

BC : Ouais, c’était symbolique ; en fait, c’était… en fait, la situation était telle que, c’était la gauche ou rien ; y avait pas de… parce que on voyait pas comment ça pouvait se terminer…

A. C. : Et vous sentiez que les civils étaient mobilisés ?

BC : Ah oui, ça, nous le sentions, puisque la Haute-Volta, après le 10, après… en juillet, quand vous arriviez à Ouagadougou, vous sentez ! Les gens, c’était vraiment la… en juillet, juillet 83, c’était une existence, une désobéissance civile, comme ça, les…pendant une semaine les gens n’allaient pas au bureau, c’était vraiment pas leur problème le gouvernement de Jean-Baptiste, alors qu’il promettait encore de faire revenir les vieux chibollas ; alors, c’était, pour les gens, ils en avaient marre, les gens ne se sentaient plus, donc euh, c’est dire que, et la preuve, c’est le 4 août, dans la nuit-même, il fallait faire rentrer les gens, dans leurs… parce que pendant que ça tirait, les gens criaient « Vive la révolution ! » et ils venaient avec leur mobylette à côté de vous et dire « Vive la révolution » [Rires de la journaliste]. Ah ouais, c’était ça, et le 5 au matin, généralement nous connaissons, en Haute-Volta quand il y a coup d’État, les gens…

A. C. : sont sortis ?

BC : Oui, ils attendent de voir si réellement un camp a gagné avant de… mais le 5 au matin, ils étaient là, il y avait, toute la population est sortie, commencée de la place de la révolution jusqu’à la présidence, alors que… c’était vraiment, les jours qui suivaient, mais, je sais pas, on a rarement mobilisé, je sais que depuis l’indépendance on a jamais vu de manifestation comme ça ; non, c’était immense comme…

A. C. : C’était la première fois qu’il y  avait un contact aussi direct entre la population et les militaires, hein ?

BC : Oui, c’est ça ; en dehors de, on a eu des contacts comme ça souvent avec des éléments qui venaient bénévolement nous informer

A. C. [elle coupe la parole]: Délégation spontanée ?

BC : Spontanée, oui, et comme ça nous informer de la situation ; puis les contacts que nous avons gardés avec euh des groupes, des groupes

A. C. : Des liaisons individuelles ; alors que les gens dans la rue, c’est…

BC : Ah oui, la rue, dans la rue c’est, c’est aussi comme ça,c’est… mais, on  a gardé des cont… mais j’avais beaucoup de contacts, hein pratiquement on ne dormait même pas là, tout le temps deux heures les gens viennent nous baratiner, maintenant, comme ça on les connait même pas [Rires de la journaliste], et puis ils venaient, ils demandaient à

JC [elle coupe la parole]: Vous les laissiez passer ?

BC : à s’engager dans l’armée on a été obligé de faire un camp d’entraînement [Rires de la journaliste] et puis les mettre là-bas ; on les mettait là-bas, eux les civils

A. C. : Ils vous ont été utiles ?

BC : Bon, jusqu’à, ouais, ils nous ont, en tout cas aidés à

A. C. : moralement

BC : moralement, et  après comme il y a eu la réconciliation le 16 juin, bon, on avait, on les avait libérés… Avant le 4 août encore, y en a qui sont revenus.

A. C. : C’était… c’était quand même encourageant pour vous, que vous sentiez la solidarité aussi

BC : Oui, ça y avait la solidarité. Parce que, il faut avouer que nous même dans un premier temps ce qui nous intéressait c’était de revendiquer la liberté pour nos camarades, en fait l’application des dispositions des statuts du CSP.

A. C. : Inégalitaires, à l’époque ?

BC : Voilà. Après, nous avons senti qu’en fait, ce que le peuple demandait c’était même pas la liberté de Sankara mais c’était même Sankara à la tête de la

A. C. : au pouvoir

BC : Voilà, c’est ça. Et c’est ce qui nous a poussés nous aussi à voir plus loin. Je crois que nous avons senti que le peuple avait des aspirations certaines, quant aux choix politiques qu’il fallait faire, euh, et c’est cela qui explique donc que nous ayons été entraînés pratiquement par le peuple dans cette situation.

A. C. : Et c’est par la population que vous étiez informés régulièrement de ce qui se passait, en partie ?

BC : Oui, à Ouagadougou.

A. C. : Et les militants des partis de gauche, tout ça ?

BC : Oui ! Avec eux aussi nous avons gardé des contacts, c’est essentiellement par leur canal aussi que nous avions les informations les plus… régulières, quoi. Indépendamment de ça je dis qu’il y a beaucoup de patriotes qui venaient ici à tout heure pour nous dire il y a eu tel mouvement d’unité, ou telle chose de Jean Baptiste etc … et pratiquement les correspondants Basama, de Somé, Jean Baptiste, nous les recevions ici… on était vraiment très bien organisés en ce sens-là.  .

A. C. : Et puis il y a eu la création des CNR ?

BC : Des C…?

A. C. : Des CNR, la composition de l’alliance, si on peut dire, entre les militaires et les…

BC : Voilà. Il y a eu la création des, du CNR, la création des CDR, des trucs comme ça. Pour que la révolution ait une direction, il faut des instruments de… pour défendre la révolution. Donc, ça nous a paru primordial.

A. C. : Et vous sentez la nécessité de l’unification, de cette époque que vous dites plutôt commune, passer des CDR au CNR ?

BC : Ce serait difficile, mais nous pensons qu’il, en fait euh, c’est… nous pensons qu’il y a quelque chose de fondamental. C’est que, tant que la révolution est monopolisée par des groupuscules, des groupes politiques ; même à un moment donné avant le 4 Août on ne parlait que de révolution dans certains groupes de gauche qui parfois même n’avaient pas de grande…. Mais, maintenant que le mouvement s’est popularisé, et que la révolution est partout, et l’éducation

A. C. : Ça les dépasse ?

BC : Voilà, ouais, effect, il y aura, le problème, c’est-à-dire que, l’union va se faire, même si sans

A. C. : Même sans certains [rire de la journaliste]

BC : Même sans certains. Ça c’est, ce n’est pas, c’est le peuple qui va faire parce que le peuple a envie d’aller de l’avant dans la révolution. Moi je suis…. pour ça je suis optimiste. Je ne pense pas qu’il y ait un obstacle, je fais confiance au peuple qui est acteur déterminant dans tout ça

A. C. : Quel bilan vous faites des effets, du moins, du pouvoir révolutionnaire ?

BC : Ben [hésitation], ça nous a permis surtout de [hésitation] de voir les [hésitation]les problèmes, que la résolution du problème, pratiquement, c’est quand même quelque chose de difficile, compte tenu de toutes les composantes, compte tenu aussi de la nature même néocoloniale d’un certain système qui commande et ligue pratiquement les mêmes. Vous voyez ce que vous voulez faire ; vous devez aller avec beaucoup de réalisme, et les gens peuvent penser que c’est parce que vous ne pouvez pas avancer, ou que vous ne voulez pas avancer, alors y a tous ces problèmes-là [choc dans le micro, ou coupure dans l’enregistrement, et reprise] Mais nous sommes…

A. C. : Vous ne sentiez pas, avant, l’état contraignant des structures féodalités ? Vous l’avez senti après…

BC : Et justement, c’est ce que je veux dire, ces mach…trucs du passé, ces dures réalités du passé, nous sentons surtout la difficulté dans le changement des mentalités, parce que vous voyez nous sommes une révolution qui n’est pas d’abord… les gens n’ont pas fait de guerre de libération ou, voyez, paysans, ouvriers, intellectuels, on s’est côtoyés dans les maquis et tout, et on accepte après, quand l’instauration de la révolution exige certains sacrifices. Actuellement, les gens, même, on voit l’euphorie des premiers moments, et maintenant, c’est-à-dire la révolution se décante, se purifie… parce que, effectivement, le sacrifice là, pour réaliser la révolution, n’est pas dans tous les cœurs. Ça c’est très difficile. Et y a surtout, ce qu’on peut dire aussi, c’est le problème d’éducation de tout un peuple, cela aussi se pose dans la mesure aussi où nous n’avons pas, c’est pas un parti révolutionnaire, par exemple communiste etc., révolutionnaire, qui aurait pris la direction d’un pouvoir, et avec ses cadres qui dirigent déjà, de recouvrir tout le pays pour faire passer les mots d’ordre, façon…Voilà, actuellement ce problème se pose aussi au niveau de l’éducation de seize millions de personnes-là sans que des structures d’encadrement bien structurées là, ça c’est un grand problème pour nous.

A. C. : Ce qui nous parait presque paradoxal c’est que, bien que vous, euh, savez un peu, disons, vous avez vécu l’histoire de l’armée néocoloniale,

BC : Hum hum

A. C. : Vous semblez presque plus conscient de la réalité nationale que les partis civils eux-mêmes. On a l’impression que vous aviez des attaches, une connaissance, non ?

BC : Oh non

A. C. : Non ?

BC : Non, je crois que, mais quand même c’est que, nous ça fait quand même une dizaine d’années qu’on travaille politiquement, même si…

A. C. : Mais eux ils le savent pas [rires]

BC : [Rires] Je crois que, c’est ça aussi. Et, nous n’avons jamais cessé d’aborder les questions de la vie pratique du peuple voltaïque, hein, de toutes façons. Tout cela, ouais, ça nous a permis de nous cultiver, même si on a été beaucoup entravé par les tâches, parce quand on avait beaucoup de.., moi je m’occupais des parachutistes, l’autre aussi était dans les parachutistes, comme le président dans les commandos, c’est toujours des unités, ou le boulot militaire, hein.

A. C. : Disons que vous faites preuve de réalisme, dans ce sens

BC : Oui, Parce que nous avons toujours suivi avec attention les luttes populaires en Haute-Volta et nous avons vu ce que le peuple réclamait à chaque fois, après chaque pouvoir. C’est ça. Je crois que c’est l’analyse concrète que nous avons pu faire de situations concrètes comme…

A. C. : Et la transformation de cette armée néocoloniale ? Elle se fait rapidement d’après vous, ou il y a de grands obstacles ?

BC : Oh, nous pensons qu’elle va se faire avec euh, bon… Y a, y a beaucoup de difficultés, parce vraiment, du jour au lendemain ; on a 23 années de, on nous a mis dans la tête, vous voyez, le cadre ; aujourd’hui vouloir tout changer c’est très difficile, mais avec les dégagements,  on a [mot inaudible] d’officiers plus… même s’ils ne sont pas des révolutionnaires convaincus, leur amour pour leur pays, leur loyauté, leur… ça nous permet de travailler avec eux de façon régulière. Nous essayons d’organiser ça autour de principes clairs, à savoir, comme dans tout régime, que la direction politique puisse diriger l’armée. Pour que ça ne soit pas l’idéologie de gens réactionnaires qui pénètre l’armée. Que, il y ait le travail donc désiré entre eux et le peuple, l’intégration avec le peuple…

A. C. : Concrètement comment elle peut se faire cette intégration ?

BC : Concrètement, il y a le travail politique que nous faisons, mais il y a surtout les tâches pratiques. D’ailleurs, je disais ce matin au délégué CDR, lorsque nous disons de faire des champs, de faire de l’élevage, de faire, euh, des trucs inutiles dans les camps, c’est parce que nous savons que, même si on leur fait, on met dans leur tête-là [Rire de BC] toute l’idéologie, la théorie révolutionnaire, tant que, concrètement, ils ne font pas les tâches pratiques, les tâches du paysan moyen, les tâches de l’éleveur moyen, ils ne peuvent pas se sentir appartenir à cette classe laborieuse-là, pour mieux la défendre. Parce que quand le militaire, dans tout ce que le paysan fait, dans tout ce que l’éleveur moyen fait, il se sentira beaucoup plus lié à cette classe-là, même s’il n’y a pas un travail politique qui vient renforcer, nous mettons l’accent justement sur ces tâches.

A. C. : Mais concrètement, ces travaux doivent servir, disons, à l’autonomie de la, euh, de l’armée, ou ?

BC : Non, non, hé, ça, c’est des, c’est pour des années-choses, maintenant ce qui nous intéresse c’est le contenu

A. C. : D’éducation

BC : Idéologique

A. C. : Pédagogique ?

BC : Voilà, le contenu idéologique de la, c’est cette part de travail qui nous intéresse, à savoir que ça va permettre à des militaires, là, de  se sentir plus proches [quelques mot inaudible], de mieux leur…

A. C. : d’effacer leur sentiment de privilège

BC : voilà, des gens qui n’ont pas, qui trouvent que ces paysans, ces éleveurs, c’est des gens, ouais, un peu abrutis, quoi

A. C. : L’armée est entièrement alphabétisée ?

BC : Entièrement ?

A. C. : Alphabétisée, comme on dit

BC : Non, ça c’est un problème aussi. Les CDR ont pratiquement inscrit ça aussi à, dans leurs programmes d’activités

A. C. : Et c’est un pourcentage, euh, pas très élevé ? On a l’impression que non, c’est que, c’est une armée déjà dans…

BC : Ouais ben les militaires parlent le français un peu. Un peu, hein, parce qu’on donne les cours en français, ils sont obligés de suivre, avec… y a pas de grammaire, mais ça va.

A. C. : Comment vous considérez la relation entre les CDR, paramilitaire et l’armée régulière ?

Autre A. C. : Les paramilitaires, ce sont les milices, hein ?

A. C. : Oui

BC: Ah, les milices. Non, nous, nous disons que, en fait, nous formons assez, parce que nous avons des tâches. Par exemple ici dans notre programme de, de…chose, s’il y a des problèmes dans la région, par exemple si nous avons, nous avons eu une défense à assurer dans la [gare de…] il ne faut pas que ce soit nous encore qui soyons là parce qu’il y a des points sensibles dans la ville, l’ONE, la …. ça ce n’est pas à nous militaires, nous les commandos, on ne doit pas s’occuper de ça. C’est la population qui doit. Ouais. C’est des tâches de second plan ; voilà, donc il ne peut pas y avoir de

A. C. : Et vous comptez l’élargir, l’armée, ou bien consolider ?

BC : Non. Se consolider donc, la conscience, renforcer la conscience de classe et puis former, la formation généralisée du peuple

A. C. : Comment ça, finalisée du ?

BC : Peuple

A. C. : Au-delà donc

BC : Militaire ; formation militaire généralisée du peuple et puis, peut-être, si ça marche, peut-être le service national

A. C. : Et il y a beaucoup de soldats de carrière, comme on dit ?

BC : Actuellement oui, oui pratiquement l’armée c’est la carrière, ceux qui sont dans les unités constituées, c’est la carrière

A. C. : Donc il faut en faire des révolutionnaires professionnels ?

BC : Voilà, des, ah ouais, ce sont un instrument politique, hein. L’armée a toujours, a été un instrument politique au service des  bourgeoisies et des classes dominantes, il faut aussi que ce soit un instrument politique au service du peuple, nous travaillons à cela.

A. C. : Vous pensez que, si d’un jet y a, je veux dire, s’il y a des forces, certainement il y en a, qui essayent de s’opposer à ce processus révolutionnaire, elle ne viendront pas de l’armée désormais ? Malgré quelques remous récemment, on a entendu parler de quelques officiers qui complotaient …

BC : Oh ! Vous savez, les forces de réaction ça peut venir de partout hein ! Y a pas de… L’ennemi  peut utiliser le le, tant que… peut utiliser l’armée, le clergé, tout ce qu’on veut. Donc, non, il faut être vigilant surtout mais nous savons qu’il à un travail qui doit permettre à l’armée de rester au service de son peuple, ça c’est sûr

A. C. : Et vous ne sentez pas particulièrement, enfin le, que que, que dans l’armée il y ait vraiment des mécontentements, ou de ?

BC : Oh, mais les mécontents par rapport aux autres c’est minime, c’est négligeable, mais ça fait, ça gêne quand même lorsqu’il y a des mécontents.

A. C. : Et la gendarmerie dépend du ministère de la défense ?

BC : Oui.

A. C. : Et elle s’est intégrée dans…?

BC : Oui ! Il n’y a pas de problème, même ici, on avait des gendarmes

A. C. : On les a vus, oui

BC : Ils étaient à l’organisation, comme les autres

A. C. ; Y a pas de contestation

BC : Non. Bon [Rire]

A. C. : Il y a eu un accident récemment.

BC : Où ?

A. C. : Ici

BC : Ah ouais, effectivement au camp il y a eu un accident parce que nous sommes, vous savez nous travaillons beaucoup avec des explosifs et il y a eu dans une des soutes là les explosifs qu’on avait dedans qui ont sauté.

A. C. : Tout seul ?

BC : Jusque-là, on ne sait pas puisque les soldats étaient pratiquement tous dehors, après la garde, ils étaient là … et là, vraiment, on se demande ce qui a bien pu se produire

A. C. : Vous n’avez pas su ce qui s’est passé ?

BC : Non.

A. C. : Quelles sont vos fonctions exactement au sein du gouvernement ?

BC : Ministre d’état délégué à la présidence de la république. C’est-à-dire que mon ministère c’est la présidence. [Rires] Je suis un fonctionnaire de la présidence. [Rires]

A. C. : Oui, je vois. Vous voyagez beaucoup à ce poste-là ?

BC : Non. De temps en temps je sors en mission

A. C. : C’est surtout des fonctions intérieures ?

BC : … Autrement je m’occupe beaucoup plus des contacts avec le camarade président, on discute beaucoup. Pour l’instant ça va.

A. C. : On vous remercie

BC : Nous, nous allons jouer au football

A. C. : Oui. Nous aussi ?

BC : C’est tout de suite.

Propos recueillis par Augusta Conchiglia journaliste au mensuel Afrique Asie

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