C’est au cours d’une grande réunion internationale qu’avait été lancée l’idée du projet, avec l’invitation de nombreux invités étrangers, et un grand concert. Une autre grande réunion avait eu lieu au stade municipal de Ouagadougou pour le lancement d’une souscription suivi de nouveau d’un grand concert.

La lancement du concours international d’architecture avait désigné un premier projet en janvier 2018 issu du cabinet burkinabè Imothep pour un coup de 24 milliards de FCFA. (voir http://www.thomassankara.net/memorial-sankara-cabinet-darchitecture-choisi/).

A l’époque, «  le jury a estimé que le coût du projet (24 milliards de F CFA) est très élevé. Ne disposant pas de ces moyens pour la réalisation de cette œuvre, il a pris langue avec ledit cabinet pour un réajustement. » (voir https://www.aujourd8.net/memorial-thomas-sankara-voici-maquette-de-loeuvre/)/.

Ce projet a finalement été dénoncé comme plagiat en octobre 2018 par le CIM TS (Comité international du Mémorial Thomas Sankara). Le cabinet Imothep a depuis porté plainte sur laquelle nous n’avons plus d’information. Le cabinet Kéré qui vient d’être choisi (voir ci-dessous) était alors arrivé 3eme du concours.

Par ailleurs, aucun accord n’est à ce jour intervenu avec la famille, qui a toujours exprimé son opposition à ce que Thomas Sankara soit enterré sur le lieu du Mémorial qui abritait sous la Révolution le Conseil de l’Entente. Ainsi Mariam Sankara déclarait le 15 octobre 2017 : « Une démarche consensuelle et inclusive devrait permettre de réaliser un ouvrage de qualité qui témoignera de la vitalité des idées de Thomas et de ses fidèles compagnons de la révolution du 4 Août 1983. Toutefois, la famille tient à ce que ce mémorial ne soit pas construit dans l’enceinte du Conseil de l’Entente qui rappelle de douloureux souvenirs en raison des assassinats et des tortures qui ont marqué ce lieu. » (voir http://www.thomassankara.net/declaration-de-madame-mariam-sankara-a-loccasion-de-commemoration-trentieme-anniversaire-de-lassassinat-president-sankara/)

Le gouvernement prend de plus en plus de place dans la maîtrise du projet à tel point que c’est  le président Roch Marc Christian Kaboré qui a déposé une gerbe de fleur ce 15 octobre 2020. L’équipe du mémorial en prend acte qui veut l’officialiser en demandant la création du instance administrative de l’État pour gérer le projet. En réalité, dès le début du projet, les représentants de 6 ministères étaient déjà parties prenantes du projet.

Enfin on remarquera que si l’équipe du mémorial a pour la première fois à notre connaissance fait le bilan des sommes reçues, elle reste silencieuse sur le détail des dépenses.

On a appris depuis les commémorations du 15 octobre, la disparition de Jerry Rawlings président d’honneur du Mémorial. Il s’agit là d’une très grande perte pour le Mémorial, alors que Jerry Rawlings dont la renommée internationale n’est plus à souligner s’était beaucoup investi dans le projet.

On trouvera après notre article une interview de Francis Kéré le chef du pool des architectes.

Bruno Jaffré


 

Où en est le mémorial Thomas Sankara 4 ans après son lancement ?

A l’occasion du lancement des commémorations du 33ème anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, l’équipe du Mémorial Thomas Sankara a dévoilé quelques informations, par la voie de son secrétaire général Luc Damiba. « Le projet bénéficie aujourd’hui d’un soutien financier et technique important du gouvernement burkinabè », a-t-il affirmé.  Aussi, Luc Damiba a signifié que le bilan se fait de façon annuelle au CIM-TS (voir : https://www.wakatsera.com/burkina-nous-demandons-la-materialisation-de-lelevation-de-thomas-sankara-au-titre-hero-national-luc-damiba/)

Au 31 décembre 2019, la contribution de l’État burkinabè s’élève à 273 560 000 de francs CFA, les contributions des hautes personnalités du pays  à 15 000 000 de FCFA, les souscriptions populaires à plus de 55 millions et la contribution des membres du CIM-TS à  18 300 000 de  FCFA, soit un total de 361 860 000 FCFA. Il a ajouté que les promesses de l’État burkinabè et de certains particuliers « encore non libérées » s’élèvent à 4,87 milliards de FCFA.

Parmi les actions réalisées, ont été cités, le démarrage officiel du projet Mémorial Thomas Sankara, le lancement du concours architectural, la constitution d’un pool de cabinets d’architecture qui a vu la désignation de Kéré Architecture pour conduire le pool avec comme membres Cauris Architecture et la Soudanaise. Il y a eu aussi la construction de la statue du Président Sankara dont la ressemblance n’est pas flagrante, à mettre au compte du ministère de la culture,  le lancement de l’opération de collecte de livres pour le Mémorial Thomas Sankara (3 000 livres collectés).

Luc Damiba a exprimé sa satisfaction des performances du site en tant qu’attraction touristique : « Aujourd’hui, la statue est vivante et attire du public. C’est le site touristique le plus visité  au Burkina en quatre (4) mois avec 37 333 visites, soit en moyenne 216 visiteurs par jour », a déclaré Luc Damiba, secrétaire général du CIM-TS. (voir https://www.radarsburkina.net/index.php/fr/politique/2408-projet-de-memorial-thomas-sankara-il-faudra-30-a-35-milliards-f-cfa-si-reellement-on-veut-celebrer-la-memoire-de-thomas-sankara-francis-kere-chef-de-file-du-pool-des-architectes)

kre uneLes détails du nouveau projet ont été dévoilés pour lequel quelques précisions ont été apportées : un  complexe architectural qui regorgera en son sein la tour Sankara de 87 mètres, un mausolée, une maison des mémoires, un musée. Le coût global de ce projet est estimé à 35 milliards de F CFA, selon l’architecte Francis Keré, pilote du projet qui intervenait par visioconférence depuis l’Allemagne.

« La préférence a été donnée à la maîtrise d’ouvrage afin d’optimiser la réussite du projet dans un délai court », a-t-il dit. Il a affirmé qu’une fois que cette maîtrise d’ouvrage sera installée, elle sera la cheville ouvrière pour superviser l’exécution des travaux de construction. L’objectif est de mettre en place une unité administrative, rattachée à l’État pour gérer le projet, sous forme de maitrise d’ouvrage : « la préférence a été donnée à la maitrise d’ouvrage déléguée afin d’optimiser la réussite du projet dans un délai court. Une fois que cette maitrise d’ouvrage est installée (elle) supervisera l’exécution des travaux de construction » a déclaré Luc Damiba.

Soutenu par l’État burkinabè et la société civile nationale et internationale, « Le projet est conçu pour être financé par plusieurs sources de financement dont les potentielles sont l’Etat du Burkina Faso, les États amis de la Révolution d’août 83, les Etats amis du Burkina Faso d’aujourd’hui, les entreprises du secteur privé du Burkina, les Fondations privées à travers le monde, les organisations régionales africaines, et internationales, les associations et organisations de promotion des idéaux de Thomas Sankara ainsi que les peuples à travers l’Afrique et le monde. »

Voici quelques extrait de ce qu’a déclaré M. Francis Kéré par visioconférence  dans lequel il dévoile l’état d’esprit dans lequel il a conçu cet ouvrage :

« Le parc national du Mali à Bamako, que j’ai la chance de dessiner pour sa réalisation, est notre référence. Les grandes villes comme Ouagadougou ont besoin d’un poumon vert. Donc il est bien de profiter de l’idée de réalisation du Mémorial Thomas Sankara pour créer un espace de récréation pour tout le Burkina Faso au cœur de la ville de Ouagadougou », a expliqué l’architecte.

Ils ont décidé de préserver des structures existantes, principalement la maison où Sankara et ses compagnons se trouvaient et devant laquelle ils ont été abattus. « Pour la tour qui sera dressée, nous avons décidé de choisir la hauteur de 87 mètres qui correspond à l’année où le Président Sankara et ses camarades sont tombés. A travers cette tour qui sera dans un parc, il est prévu au sommet un château d’eau pour irriguer et arroser tout le site », a fait savoir Francis Kéré.

Il y a des rampes qui vont amener les visiteurs jusqu’au 87 étage de la tour. En outre, un ascenseur suspendu transportera ceux qui ont une mobilité réduite. Et du 87e étage on aura une vue imprenable sur toute la ville de Ouagadougou. Il y aura également un restaurant.

« Avec cette idée, nous avons voulu que chacun, à partir du 87e étage, essaie de se demander quelle est sa contribution à cette Nation. Cela, afin d’amener la jeunesse à poursuivre le rêve de Sankara pour bâtir un Burkina nouveau », a soutenu M. Kéré.

Au-dessous de la tour, il y aura la salle de mémoire qui sera ouverte au public. Des accès plus privés, plus discrets sont prévus pour les familles des victimes, qui pourront s’y recueillir en toute intimité.

Une telle vision ne se construit pas en un jour, ni en deux ni en trois jours, dit-il. «Si réellement on veut réaliser ce projet  qui va devenir le centre de référence, un lieu de récréation pour tout le Burkina et célébrer la mémoire de Thomas Sankara, il faudra 30 à 35 milliards de francs CFA », a affirmé Francis Kéré.

Bruno Jaffré

Les informations publiées dans cet article sont issues des sites https://www.radarsburkina.net et https://www.wakatsera.com


Mémorial Sankara: Il sera là pour pousser les Burkinabè à continuer de vivre le rêve de Sankara (Francis Kere, chef de pool des architectes)

15 octobre 2020

Trente trois ans après l’assassinat du père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara n’a rien perdu de sa célébrité, son idéal reste d’actualité, la jeune génération tient le flambeau avec hargne. De l’Afrique en Amérique latine en passant par l’Europe Sankara est plus que jamais adulé. En 2016,le Burkina Faso a lancé un gigantesque projet à la mémoire de l’homme. Il s’agit du Mémorial Thomas Sankara estimé à 35 milliards de FCFA. L’ouvrage est conduit par l’architecte burkinabè, Francis Kere. Un très grand architecte qui est au sommet de son art. Mondialement connu pour ses œuvres, celui ci va apporter son expertise à la réalisation du Mémorial. Dans une interview accordée à Libreinfo.net, Francis Kere dévoile le projet.

Propos recueillis par Albert Nagreogo

Que vous inspire le Mémorial Thomas Sankara ?

Un sentiment de grande fierté et d´honneur mais surtout c’est une grande responsabilité de pouvoir imaginer un projet à l’honneur de ce grand homme.

Qu’est-ce que ça vous fait aujourd’hui de porter le projet d’architecture du Mémorial Sankara, un homme dont la renommée traverse le temps ?

Quand j’étais jeune, j’ai constaté que Sankara ne laissait nul indifférent, en effet il a touché à tous les domaines de la vie du Burkinabè. Par exemple je me souviens de toutes les cités de logements qu’il a initié quand j’étais moi-même écolier au Burkina. En tant qu’architecte aujourd’hui je peux dire avoir été inspiré par le fait que de la terre ai été utilisée pour construire des logements de fonctionnaires. Cette idée, sankariste d’utiliser nos ressources locales m’a beaucoup influencé et toujours accompagné dans ma carrière.

Vous conduisez le pool des architectes pour la réalisation du Mémorial Sankara, parlez-nous de ce pool.

Après le concours qui s’est terminé comme on le sait, conduisant à un rejet du projet qui avait été choisi, j’ai été approché par le CIM-TS (Comité international du mémorial Thomas Sankara), ils étaient à la recherche d’une idée unique pour ce projet en me demandant d’y réfléchir et de prendre la tête d’un pool d’architecte pour imaginer, piloter et réaliser cet ambitieux projet à la mémoire du Président Thomas Sankara.

Qui sont les architectes qui composent votre pool?

Il s’agit du cabinet CAURI basé à Ouagadougou et le cabinet la Soudanaise de Bamako, qui avaient déjà participé au concours.

 Trente cinq (35) milliards de FCFA pour la réalisation du projet, qu’est ce qui explique ce coût ?

Ce projet est visionnaire et inclusif. Il ne s’agit pas simplement d’une statue et d’un mémorial ! Mais nous prévoyons de construire un des plus grands parcs urbains d’Afrique de l’ouest, un véritable poumon vert capable d’accueillir de grands événements et d’offrir un lieu de rencontre, de récréation et de partage pour la ville de Ouagadougou. Le projet inclus des infrastructures tel qu’une grande salle polyvalente, des ateliers de production artisanales, un musée et des salles d’exposition temporaire, une médiathèque et une bibliothèque… une infrastructure culturelle à la hauteur d’une capitale urbaine africaine. Aussi, nous proposons de construire la tour Thomas Sankara au-dessus du lieu de son assassinat, une tour de 87 m de haut équipé d’une rampe et d’un ascenseur suspendu permettant d’accéder à une plateforme panoramique offrant une vue à 360 sur la ville.

Il y a enfin la salle de la mémoire construite autour du bâtiment devant lequel Sankara et ses camarades ont été assassinés.

Bien entendu, des parkings et voiries ont été planifiés pour les visiteurs et les riverains. Ce projet et le coût en découlant sont à l’échelle de la ville de Ouagadougou, du Burkina-Faso et du continent africain.

La réalisation du projet se fera en plusieurs phases et en fonction de la disponibilité des fonds. La première étape sera d’aménager le parc et les alentours de la statue ainsi que la salle de la mémoire, dans un second temps les bâtiments accueillants les autres fonctions seront construits et enfin la tour.

L’on dit que c’est un projet aussi écologique, c’est votre « marque de fabrique d’ailleurs », pourquoi vous avez fait cette option ?

Sankara était un précurseur !  Bien longtemps avant que l’écologie ne devienne une préoccupation globale, dans les années 80 il avait déjà le souci de lutter contre la désertification, de stopper l’avancer du désert en lançant des campagnes massives de reboisement sur toute l’étendue du territoire Burkinabè. Un des projets phares était la création de la ceinture verte pour contenir la ville de Ouagadougou. Un mémorial à l’honneur de ce visionnaire ne peut qu’épouser les thèmes qui lui était chers et qui aujourd’hui représentent une telle urgence sur l’agenda politique de toute la planète. Il était essentiel pour nous, de développer ce projet dans une logique de durabilité. Avec le fait de recueillir les eaux de pluies pour irriguer le parc, il est prévu d’utiliser les des sources d’énergie renouvelable comme l’énergie solaire, pour ce qui est de la construction nous voulons dans la mesure du possible introduire des matériaux naturels et durables.  Le projet devra être exemplaire et représenter une vitrine des possibilités architecturales écologique en Afrique sub-saharienne.

Quelle sera la particularité architecturale de ce Mémorial comparativement à beaucoup d’autres sur le continent ?

Le projet sera unique : il se veut emblématique, inspirant et innovant. Il sera là pour pousser les Burkinabè à continuer de vivre le rêve de Thomas Sankara, à créer et à se mettre au-devant de la scène continentale dans toutes les professions et savoir-faire.

Que représente Thomas Sankara pour vous ?

Avoir été élève sous Thomas Sankara, à voir eu la chance de voyager à travers le monde et d’y rencontrer des gens inspirés par le Président me permet de dire que Thomas Sankara est une véritable icône planétaire. C’est ma plus grande idole ! Au vu du manque d’orientation que la jeunesse du continent rencontre aujourd’hui, Thomas Sankara reste une des références majeures. Sankara par ses actions et sa politique a touché toutes les couches sociales dans l’ensemble du territoire burkinabé. Ici, je me permets de citer un imminent chercheur de notre pays, le docteur Saidou Ra- Sablga Ouédraogo qui a dit : « C’est Sankara qui a inventé le Burkinabé, il est le père de la nation ».

Trente trois (33) ans après l’assassinat de Sankara, il n’y a toujours pas justice, que pensez-vous de ce fait ?

C’est triste que 33 ans après, il n’y ai toujours pas justice. C’est en réalité un grand scandale ! Cependant ce qui me rassure aujourd’hui c’est que la parole est libre, et que l’on puisse ériger une statue du capitaine sur les lieux où il a été abattu, qui devient le monument le plus visité du pays… c’est un bon début. L’espoir est là, mettre la lumière sur l’assassinat n’est qu’une question de temps et je crois que la justice sera faite.

Malgré le temps qui passe, Sankara reste plus que jamais présent dans la mémoire de tout le continent africain et même au de là, qu’est ce qui garde la flamme Sankara allumée à votre avis ?

L’exemplaire engagement personnel du Président ainsi que sa politique visionnaire dans tous les domaines font qu’il représente encore aujourd’hui un exemple d’actualité.

Source : https://libreinfo.net/memorial-sankara-il-sera-la-pour-pousser-les-burkinabe-a-continuer-de-vivre-le-reve-de-sankara-francis-kere-chef-de-pool-des-architectes/

 

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